Avec une formation homogène emmenée par Victor Crouin, les garçons espèrent faire chuter l'Angleterre, qui a eu le dessus dernièrement mais qui déplore plusieurs absences. Du côté des filles, les françaises sont quatrièmes dans la hiérarchie derrière l'Angleterre, la Belgique et le Pays de Galles, et tenteront de la bousculer pour se glisser sur le podium.  

Article de Jérôme Elhaïk 

Nous vous l’avons annoncé il y a quelques jours, il y a un nouveau sélectionneur à la tête de l’équipe de France et il s’agit d’une légende du squash hexagonal : l’ancien numéro 1 mondial et champion du monde Thierry Lincou a pris ses fonctions lors du stage qui a eu lieu au M Squash, à Bouc-Bel-Air le weekend dernier. « C’est un moment important pour construire la cohésion du groupe et rappeler qu’on doit se battre les uns pour les autres, » affirme le Réunionnais, pour lequel le championnat d’Europe par équipe n’a aucun secret, et pour cause. Il l’a disputé 14 fois entre 1997 et 2013, avec 10 finales perdues contre l’Angleterre … Après sa retraite, les Bleus ont réussi à briser ce plafond de verre, avec 3 titres (en 2015, 2017 et 2018), mais la perfide Albion a repris le dessus ces dernières années. « L’objectif est d’atteindre au minimum la finale, même s’il ne faudra prendre aucune rencontre à la légère et être très vigilants, » indique Thierry Lincou. Pour cela, il faudra sortir vainqueur d’une poule B où on retrouve la République Tchèque, l’Allemagne et surtout la Suisse de Nicolas Mueller, médaillée de bronze en 2023. Si c’est le cas, il y aura ensuite une demi-finale contre l’Espagne ou le Pays de Galles. « Et si on arrive à se hisser en finale, il y aura probablement un choc contre cette équipe l’Angleterre à moitié Égyptienne, » sourit le nouvel homme fort des Bleus. En effet, les frères Mohamed et Marwan ElShorbagy ont obtenu la citoyenneté, et portent désormais le maillot rouge. « Ça change clairement le rapport des forces. On ne sera pas favoris, ça tombe bien car j’aime les challenges. Le plus important, c’est de faire le maximum concernant les choses qui sont sous notre contrôle. » À signaler que l’Angleterre aura un visage très différent par rapport à l’année dernière, avec de multiples absences : Patrick Rooney, Nick Wall, Adrian Waller et Charlie Lee, rien que ça … Les frères ElShorbagy seront accompagnés de 3 ou 4 joueurs à choisir parmi Curtis Malik, Tom Walsh, Ben Smith, Finnlay Withington et l’expérimenté Declan James, de retour à un bon niveau après une rupture du tendon d’Achille. Et il y aura également du nouveau sur le banc avec la présence de Nick Matthew, sélectionneur intérimaire suite au départ de David Campion.

Victor Crouin contre Mohamed ElShorbagy, un duel auquel on pourrait à nouveau assister en finale (Crédit photo : Jonas Tana)

Quid des joueurs français ? Ce n’est pas leur faire injure de dire qu’ils réalisent une saison en dents de scie sur le circuit international, à l’image de leur leader Victor Crouin (n°11 mondial). Le Toulonnais a atteint les demi-finales du ToC en battant Paul Coll en janvier, mais il a perdu d’entrée lors des deux derniers tournois en Égypte, et s’interrogeait sur sa passivité lors des moments clé de ses matches. On pourrait dire la même chose du capitaine Baptiste Masotti (n°17), qui a bientôt 29 ans commence à avoir une certaine expérience en bleu. Derrière, on trouve 3 joueurs qui se suivent dans la hiérarchie mondiale : Grégoire Marche (n°29), peut-être le français le plus en forme ces dernières semaines, Sébastien Bonmalais (n°30) et Auguste Dussourd (n°31). Ce dernier fait partie des joueurs qui ont eu de petits soucis physiques récemment, et c’est pourquoi le staff tricolore a appelé en renfort le jeune Toufik Mekhalfi (22 ans, n°77), qui va fêter sa première cape.

L'équipe de France et son nouveau sélectionneur Thierry Lincou abordent ce championnat d'Europe avec beaucoup d'ambition (Crédit photo : FFSquash)

Le groupe France

Victor Crouin (24 ans, n°11 mondial) : 4ème championnat d'Europe

Baptiste Masotti (28 ans, n°17) : 6ème championnat d'Europe

Grégoire Marche (34 ans, n°29) : 12ème championnat d'Europe

Sébastien Bonmalais (26 ans, n°30) : 3ème championnat d'Europe

Auguste Dussourd (28 ans, n°31) : 2ème championnat d'Europe

Toufik Mekhalfi (22 ans, n°77) : 1er championnat d'Europe

Entraîneur : Thierry Lincou (48 ans)

Portée par la génération Camille Serme/Coline Aumard, l’équipe de France féminine avait connu son âge d’or à la fin des années 2010, avec deux médailles de bronze mondiales et le titre de championnes d’Europe en 2019. Depuis leur départ à la retraite, c’est logiquement plus difficile, et les Bleues ont échoué au pied du podium lors des deux dernières éditions. « Celle de cette année va beaucoup ressembler à 2023, avec plus ou moins les mêmes forces en présence, » estime, Yann Menegaux, qui a succédé à Philippe Signoret. Des championnats d’Europe, le Stéphanois en a disputé un paquet à la tête des équipes de France jeunes, mais ce sera son premier en senior. « On a envie de remonter sur le podium, mais ça ne va pas être simple. Pour accrocher une médaille, il faudra battre l’Angleterre, la Belgique ou le Pays de Galles, et donc qu’au moins que l’une de nos joueuses réalise une grosse performance à un moment donné. » On prend un exemple parmi d’autres : contre la Belgique, qui se repose essentiellement sur les sœurs Gilis, n°4 et 9 mondiales, il faudrait que Mélissa Alves batte Nele, et elle n’en était pas passée loin l’année dernière en demi-finale. En effet, si l’on regarde les classements mondiaux, la France est quatrième dans la hiérarchie, puisque l’Angleterre dispose de 4 joueuses classées entre 6 et 30, alors que le Pays de Galles peut s'appuyer sur Tesni Murphy (n°20), Emily Whitlock (n°24) et d’une Lowri Roberts (n°95) qui vaut beaucoup mieux que son classement. Dans un premier temps, il faudra sortir de la poule, battre l'Espagne et la République Tchèque est largement dans les cordes des tricolores.

En tant que numéro 1 des Bleues, Mélissa Alves (à droite) s'attend à affronter des joueuses du top 10 mondial, par exemple la Belge Nele Gilis (Crédit photo : PSA World Tour)

L’équipe est totalement identique à celle qui était présente en Finlande l’année dernière. En chef de file, Mélissa Alves (n°28 mondiale), désormais habituée à ce rôle de numéro 1. En difficulté en début de saison, la Guyanaise s’est refait la cerise en 2024, avec un 1/8ème de finale en Platinum à Chicago, et une défaite sur le fil contre la Japonaise Satomi Watanabe à Wimbledon. De son côté, Marie Stéphan sera pour la première fois numéro 2. Également native de Guyane, elle a remporté le premier match de sa carrière en Platinum et atteint son meilleur classement (n°45). Membre de l’équipe de France depuis 2018, Énora Villard est en manque de victoires en 2023-2024, mais vient de réaliser une prestation intéressante à El Gouna (défaite en 5 jeux contre Georgia Adderley). Aux côtés de ces trois joueuses expérimentées, on retrouve évidemment la pépite Lauren Baltayan (17 ans dimanche). Depuis un an, la Franco-Égyptienne a franchi les paliers les uns après les autres, intégrant le top 100 mondial (elle est aujourd’hui 83ème) et obtenant des résultats majeurs en jeunes, avec une médaille de bronze au British Junior Open en -17 ans et un titre européen par équipe en -19 ans avec la France.

Têtes de séries n°4, les Bleues et leur nouveau sélectionneur Yann Menegaux vont tenter de gagner au moins une place dans la hiérarchie (Crédit photo : FFSquash)

Le groupe France

Mélissa Alves (30 ans, n°28 mondiale) : 5ème championnat d'Europe

Marie Stéphan (28 ans, n°45) : 3ème championnat d'Europe

Énora Villard (30 ans, n°50) : 5ème championnat d'Europe

Lauren Baltayan (16 ans, n°83) : 2ème championnat d'Europe

Entraîneur : Yann Menegaux (44 ans)