Après les filles ce matin, place à la présentation du tableau masculin : Grégoire Marche sera la meilleure chance d'un contingent fort de sept joueurs.

Article de Jérôme Elhaïk

Retrouvez la première partie de notre présentation, consacrée au tableau féminin et aux cinq joueuses Français engagées à Chicago, ainsi que notre teaser ci-dessous :

PRESQUE UN RECORD. Comme son homologue Philippe Signoret chez les femmes, Renan Lavigne a compris depuis longtemps que l'été serait un enchaînement de tournois majeurs, plutôt qu'une période de préparation foncière. « Dans ce contexte, c'est important d'accorder des plages de récupération aux joueurs, » indique l'entraîneur national. « D'autant plus que pour certains, en particulier Baptiste Masotti et Mathieu Castagnet, les dernières semaines ont été consacrées aux études et aux examens. Cela engendre de la fatigue mentale, et dans cette situation il faut alléger le rythme des séances. Quand on entraîne des athlètes de haut niveau, on fait de la régulation. C'est encore davantage le cas depuis le début de la crise sanitaire, on travaille sur des micro-cycles et on est dans l'adaptation permanente. »

Il faudra encore attendre avant de revoir Renan Lavigne (à gauche, ici en compagnie de Mathieu Castagnet lors de l'open de France à Nantes en 2019) accompagner les joueurs Français sur un tournoi majeur (Crédit photo : Philippe Rochais)

« La présence de sept Français au championnat du monde est le fruit du travail effectué ces dernières années »

Sans le forfait de dernière minute d'Auguste Dussourd, touché par la Covid-19, un record aurait été battu, néanmoins avec sept joueurs la France sera tout de même la deuxième nation la plus représentée au championnat du monde derrière le géant Égyptien. « C'est le fruit de tout le travail effectué ces dernières années, et ça confirme qu'on a de belles générations, » ajoute Renan Lavigne. « On aurait pu en avoir un de plus, mais Benjamin Aubert était trop juste après son opération au pied (NDLR : cet entretien a été réalisé avant le forfait d'Auguste Dussourd). C'est un compétiteur et même s'il est déçu de ne pas y aller, il fait de grosses séances en ce moment et est très motivé pour la suite. »

ENTRE FRUSTRATION ET COLÈRE. Comme Philippe Signoret, Renan Lavigne déplore vigoureusement l'impossibilité pour les entraîneurs d'accompagner les athlètes sur les tournois du circuit principal. « On est passé de la frustration à la colère, » confie l'ancien n°17 mondial. « Si j'en crois mes collègues d'autres disciplines, avec lesquels j'ai beaucoup échangé lors de l'Atelier des coaches dans le cadre des Étoiles du sport à Tignes, le squash est la seule dans ce cas de figure, et ils trouvent ça incompréhensible qu'on en soit là un an et demi après le début de la crise sanitaire. Je sais que certains joueurs ont écrit à la PSA à ce sujet mais on se heurte toujours aux mêmes arguments : leur priorité est de les protéger, et de garantir l'intégrité des compétitions. C'est d'autant plus regrettable que peu de nations envoient généralement des entraîneurs sur place, par conséquent le nombre de personnes supplémentaires serait relativement limité. Le fait que tous les matches soient diffusés est une maigre consolation, avec le décalage horaire on ne peut jamais être sûrs que les garçons seront disponibles pour échanger, avant ou après les matches. Ça change radicalement notre manière de travailler, et ce n'est pas comme ça que je conçois mon métier. De plus, le fait de ne pas pouvoir observer les joueurs sur place va poser problème pour composer la sélection en vue du championnat du monde, qui a lieu en fin d'année en Malaisie. Enfin, il faut souligner que pour les joueurs les plus âgés, par exemple Grégory Gaultier, ne pas avoir le kiné de l'équipe de France à disposition est préjudiciable, car les soins sont un travail de précision et la récupération entre les matches est primordiale. »

Grégoire Marche (31 ans, n°13 mondial)

Onzième participation au championnat du monde / Meilleur résultat : 1/8ème de finale (2015-2016)

LE CONTEXTE. Grégoire Marche sera la meilleure chance Française lors de ce championnat du monde : tout d'abord en raison de sa grande forme actuelle, et aussi car il est le seul à ne pas avoir de membre du top 15 sur son chemin avant le troisième tour. À 31 ans, il vit actuellement la meilleure période de sa carrière. Très régulier tout au long de la saison, il est passé à la vitesse supérieure en 2021 avec trois succès sur des tops 10, un quart de finale à El Gouna (son deuxième en carrière dans un "majeur") et une qualification pour les World Tour Finals, où il a fait très bonne figure même s'il n'est pas sorti des poules. Il a logiquement atteint son meilleur classement il y a quelques jours et le top 10 mondial, dont il a fait un objectif, n'est plus très loin. Un bon résultat à Chicago permettrait au Drômois de s'en rapprocher encore un peu plus : le premier tour face à Vikram Malhotra (n°49) ne devrait pas lui poser de problèmes, puis les choses sérieuses commenceront face à Nicolas Müller (n°35), qu'il connaît très bien et qui ne lui a pas trop réussi dans le passé. Mais le Français n'est plus le même joueur aujourd'hui, et sera le favori logique de ce match. Une victoire l'emmènerait probablement vers un choc face à Marwan El Shorbagy (n°5), qui l'avait battu lors de l'édition 2018-2019 à Chicago, à l'occasion de leur seule confrontation récente.

Très en forme ces dernières semaines, Grégoire Marche sera la meilleure chance Française dans le tableau masculin du championnat du monde (Crédit photo : PSA World Tour)

L'ŒIL DE L'ENTRAÎNEUR NATIONAL (Renan Lavigne). « Greg a livré trois belles prestations aux World Tour Finals, et en toute objectivité il aurait pu gagner contre Tarek Momen sans des décisions d'arbitrage défavorables. C'est dommage car une qualification pour les demi-finales lui aurait permis de se rapprocher du top 10. Depuis un an, il affiche une grande sérénité et n'est passé à côté d'aucun match : quand il avait été nettement battu par Momen à El Gouna, c'est l'Égyptien qui avait été très fort. Il est très au point dans la planification de ses entraînements, se connaît de mieux en mieux et n'essaie pas d'en faire trop. On sent qu'il rentre relâché sur le court, et avec ses qualités physiques il peut embêter les membres du top 5. Ils savent qu'il va falloir travailler pour marquer le moindre point et l'affronter est tout sauf une partie de plaisir. Je trouve qu'il fait aujourd'hui des tous meilleurs contreurs sur le circuit, tout en sachant saisir ses opportunités d'attaquer. Concernant son deuxième tour contre Nicolas Müller, ce sont deux joueurs qui ont longtemps été au même niveau puis Greg a creusé l'écart. Pour intégrer le top 15 puis y rester, il faut être régulier à tous les niveaux : dans un match, dans un tournoi, dans une saison et même d'une année à l'autre. Même si le Suisse est très talentueux, c'est cette régularité, ainsi que sa combativité, qui doit permettre au Français de prendre le dessus. Si c'était le cas, il affrontera probablement Marwan El Shorbagy, qui a à n'en pas douter des attentes très élevées sur cette compétition. Ce sera un match déterminant, l'un de ceux qui peut permettre à Grégoire de franchir un palier supplémentaire. »

Grégory Gaultier (38 ans, n°23 mondial)

Dix-septième participation au championnat du monde / Meilleur résultat : Vainqueur en 2015-2016

LE CONTEXTE. Une anomalie va être corrigée à Chicago : entre sa blessure au genou et la crise sanitaire, Grégory Gaultier n'avait plus disputé de championnat du monde depuis décembre 2017. Même si son histoire avec l'épreuve reine du calendrier a été tumultueuse, avec 4 finales perdues avant la consécration en 2015, son bilan y est impressionnant : sur ses douze dernières participations (pour un total de 16), il a atteint onze fois les quarts de finale ! Le French General est revenu rapidement à un bon niveau (avec des victoires sur James Willstrop, Omar Mosaad et Miguel Angel Rodriguez) et devrait bientôt réintégrer le top 20 mondial. Ça tombe bien, car il a besoin d'un meilleur classement pour éviter d'affronter les top players trop tôt dans les tableaux, comme cela s'est produit lors des derniers tournois. S'il écarte le redoutable Espagnol Iker Pajares Bernabeu (n°32), qu'il a difficilement battu au Qatar cette saison, il croisera la route de Joel Makin (n°10) dès le deuxième tour à Chicago, et une issue heureuse face au Gallois l'emmènerait vers un choc face à Mohamed El Shorbagy (n°2) ... 

Comme au Qatar Classic à l'automne dernier, Grégory Gaultier (en rouge) sera opposé à l'Espagnol Iker Pajares au premier tour (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)

L'ŒIL DE L'ENTRAÎNEUR NATIONAL (Renan Lavigne). « Greg est parti en avance aux États-Unis, et s'est notamment entraîné en Floride avec Diego Elias. Comme à El Gouna, il n'a pas un tableau aisé. Ce sera dur d'entrée face à Iker Pajares, un jeune joueur qui a faim. Il l'avait battu au Qatar mais il faudra batailler pour franchir cet obstacle. L'éventuel deuxième tour face à Joel Makin sera difficile, néanmoins Greg a incontestablement le jeu pour battre le Gallois et doit avoir la conviction qu'il peut le faire. Lors de son dernier match contre Fares Dessouky, il a pris conscience au fil de la rencontre qu'il pouvait rivaliser avec l'Égyptien. Pour battre ce genre de joueurs, il faut mettre de la détermination et de la qualité dans chaque frappe. Ce qui est dommage, c'est que depuis son retour Greg a montré qu'il valait mieux dans son classement, c'est seulement le faible nombre de tournois qui l'a empêché de remonter plus rapidement. Dans un premier temps, il a besoin d'intégrer le top 16 pour éviter de prendre un gros morceau d'entrée de jeu. »

Mathieu Castagnet (34 ans, n°28 mondial)

Treizième participation au championnat du monde / Meilleur résultat : 1/8ème de finale (2015-2016)

LE CONTEXTE. Pour son retour sur le circuit PSA après une longue absence, Mathieu Castagnet avait réalisé une belle performance en atteignant les 1/8ème de finale au Black Ball Open en mars. Malheureusement, son forfait à El Gouna (en raison d'une alerte au niveau de ses mollets, qui lui empoisonnent l'existence depuis plusieurs années) l'a fait reculer de six places dans la hiérarchie mondiale. De plus, le French Warrior a été accaparé ces dernières par la préparation du concours de professorat de sport, auquel il a été reçu avec brio. C'est donc sans beaucoup de repères qu'il se rend outre-Atlantique pour y disputer son treizième championnat du monde. Le tirage au sort lui a proposé un adversaire solide mais à sa portée au premier tour : le jeune Mexicain Leonel Cardenas (n°46), qui s'est récemment incliné en 4 jeux face à Victor Crouin à Washington. S'il s'impose, le natif de Saintes se mesurera à Diego Elias (n°8), qui effectuera sa première apparition sur le circuit en 2021 après une blessure à la hanche.

Mathieu Castagnet aborde ce championnat du monde sans trop de repères, mais s'appuiera sur son expérience pour tenter de franchir le premier tour (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)

L'ŒIL DE L'ENTRAÎNEUR NATIONAL (Renan Lavigne). « Avec la préparation du concours, Mathieu a fait le strict minimum ces dernières semaines. Son premier adversaire, Leonel Cardenas, est un joueur solide, notamment en coup droit, mais il n'a pas un gros arsenal offensif et est plus faible côté revers. N'oublions pas que Mathieu a été n°6 mondial : il est capable de se mobiliser très rapidement et son expérience doit lui permet de franchir ce genre d'obstacle. Les quelques séances qu'il a pu effectuer avant de partir pour Chicago ont été axées sur ce match, pour l'instant il ne se projette pas au-delà. »

Baptiste Masotti (26 ans, n°33 mondial)

Quatrième participation au championnat du monde / Meilleur résultat : 1/32ème de finale (2017-2018 et 2019-2020)

LE CONTEXTE. Grâce à sa belle prestation à l'open d'El Gouna, où il a atteint les 1/8ème de finale, Baptiste Masotti a obtenu le meilleur classement de sa carrière (33ème). Étudiant en 3ème année à la Grenoble Ecole de Management, le Niortais a ensuite consacré du temps à ses examens, avant de retrouver le rythme de la compétition à l'occasion d'un weekend de Bundesliga début juillet (avec notamment un beau combat face à l'ancien n°3 mondial Simon Rösner, perdu en quatre jeux). Au premier tour, il sera favori mais devra se méfier de l'Espagnol Bernat Jaume (n°63), un joueur de sa génération. Depuis le début de la saison 2020-2021, le Français a livré de belles prestations face aux membres du top 5 mondial (notamment Mohamed El Shorbagy), et un éventuel 1/16ème de finale face à Mazen Hesham (n°15) serait l'occasion de se jauger face à un adversaire un peu moins bien classé.

Ce championnat du monde est l'opportunité pour Baptiste Masotti de confirmer son nouveau statut sur l'échiquier du squash international (Crédit photo : PSA World Tour)

L'ŒIL DE L'ENTRAÎNEUR NATIONAL (Renan Lavigne). « Baptiste a consacré les dernières semaines aux révisions et au passage de ses examens, il ne s'est donc pas entraîné autant que d'habitude mais c'était prévu. Néanmoins, les épreuves sont maintenant terminées et il pourra aborder le championnat du monde l'esprit libre. Comme à El Gouna, il va affronter un Espagnol au premier tour, cependant ce ne sera pas le même match : Bernat Jaume a plus de coups dans sa raquette qu'Edmon Lopez, mais est moins solide mentalement. Même s'il n'a pas beaucoup joué récemment car son classement ne lui permet pas de rentrer dans les tableaux des tournois Platinum, c'est un joueur à prendre au sérieux. Néanmoins, au vu du niveau qui est maintenant le sien, Baptiste est normalement au-dessus. Il doit simplement se souvenir des bonnes choses qu'il a produites récemment. Affronter Mazen Hesham au deuxième tour serait un bon test, c'est le genre de match qu'il faut gagner quand on prétend intégrer le top 20 mondial. Contre l'Égyptien, la clé est de ne pas ouvrir d'angles et de parvenir à rester devant lui, tout en restant vigilant car il est capable d'être créatif en fond de court. »

Lucas Serme (29 ans, n°37 mondial)

Huitième participation au championnat du monde / Meilleur résultat : 1/8ème de finale (2017-2018)

LE CONTEXTE. Après sa lourde défaite face à Raphael Kandra au deuxième tour à El Gouna, Lucas Serme confiait : « Beaucoup de choses ont changé dernièrement, et il faut un temps d'ajustement avant de retrouver les bonnes routines. » En effet, le n°37 mondial a emménagé à Prague avec son épouse Anna puis changé d'équipementier. Sa saison 2020-2021 est pour l'instant assez satisfaisante, avec un 1/8ème de finale au Qatar Classic et aucune grosse contre-performance, et un bon résultat à Chicago lui donnerait un autre relief : il lui faudra battre l'imprévisible Arturo Salazar (n°42), qui n'a disputé qu'un tournoi depuis mars 2020, pour avoir le droit d'affronter Mohamed Abouelghar (n°12). En décembre dernier, il avait certes perdu 3-0 face à l'Égyptien mais en ayant des opportunités dans chaque jeu. 

S'il franchit le premier tour, Lucas Serme pourrait retrouver Mohamed Abouelghar, comme au Black Ball Open en décembre 2020 (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)

L'ŒIL DE L'ENTRAÎNEUR NATIONAL (Renan Lavigne). « Arturo Salazar est un joueur très irrégulier, d'un match à l'autre et même à l'intérieur d'un même match. Il est capable de perdre un jeu 11-0, et de se remettre complètement dedans dans le suivant. Comme son frère jumeau Cesar, il n'a pas beaucoup joué dernièrement et on ne sait pas trop où il en est. Il faudra se méfier, mais la solidité de Lucas doit lui permettre de passer ce tour pour défier Abouelghar, qui a certainement des ambitions et se projette sur la suite du tournoi. Lucas a une grosse présence sur le court et peut lui poser des problèmes, il doit y croire. La clé est d'être précis et ne pas ouvrir le court afin d'éviter que son adversaire prenne confiance, car quand ce genre de joueur est lancé il devient difficile à arrêter. »

Victor Crouin (22 ans, n°39 mondial)

Troisième participation au championnat du monde / Meilleur résultat : 1/16ème de finale (2018-2019)

LE CONTEXTE. Victor Crouin débarque à Chicago avec le plein de confiance : il y a quelques jours, il a remporté le plus grand titre de sa carrière à Washington, en battant l'ancien numéro 1 mondial James Willstrop en finale. Cela tombe à point nommé pour un joueur qui a remporté trois tournois Challenger en France en 2020-2021, mais était à la recherche d'une victoire référence sur le circuit principal ces derniers mois. De retour aux États-Unis, où il résidait avant la crise sanitaire (il est étudiant à Harvard), le jeune Toulonnais a un premier tour à sa portée face au gaucher Anglais Nathan Lake (n°46). S'il le franchit, il défiera Paul Coll vendredi. Lors de leur dernière confrontation à El Gouna, il avait mis deux jeux à prendre ses marques, avant de donner une belle réplique au Néo-Zélandais en fin de match.

Brillant vainqueur à Washington il y a quelques jours, Victor Crouin va tenter de continuer sur sa lancée (Crédit photo : SiteSquash)

L'ŒIL DE L'ENTRAÎNEUR NATIONAL (Renan Lavigne). « Victor a engrangé beaucoup de confiance avec son titre et sa victoire contre James Willstrop. Même s'il a connu une période difficile (NDLR : son père, qui était également son entraîneur, est décédé il y a quelques semaines), l'Anglais reste une valeur sûre. Dès que l'étreinte se desserrait un peu, il revenait dans le match mais Victor a su faire preuve d'une grande lucidité. Nathan Lake est un adversaire à prendre au sérieux, qui a une bonne patte gauche et une belle volée, néanmoins le Français a toutes les armes pour exploiter son manque de mobilité. Le Français est un maître tacticien, et je ne doute pas qu'il saura mettre en œuvre la stratégie adéquate pour gagner ce match. S'il y parvient, il retrouvera Paul Coll, qu'il a affronté à El Gouna. Il n'aurait rien à perdre, face à un joueur qui se voit forcément aller beaucoup plus loin. Il devra agresser le Néo-Zélandais, et ne pas tomber dans un jeu de relance qu'il affectionne. Je suis convaincu que Victor va rentrer sur le court avec la ferme intention de gagner, et c'est une étape indispensable si on veut avoir une chance de réaliser l'exploit. »  

Sébastien Bonmalais (23 ans, n°61 mondial)

Première participation au championnat du monde

LE CONTEXTE. Sévèrement touché par la Covid-19, Sébastien Bonmalais a connu une année 2020 très difficile, et n'a pas disputé la moindre compétition pendant près d'un an. Le Réunionnais s'est lancé dans une longue et difficile quête, celle de retrouver le niveau qui était le sien avant ce coup d'arrêt. Doucement mais sûrement, il s'est refait la cerise en engrangeant du temps de jeu sur le circuit Challenger (finaliste à Mulhouse, puis vainqueur à Andorre). Il a également disputé son premier tournoi Platinum à El Gouna, ne passant pas loin de la victoire face à Mohamed El Sherbini au premier tour. Au championnat du monde, Sébastien va avoir le droit pour la première fois aux honneurs du court vitré et des caméras de SquashTV face à un ancien vainqueur, Karim Abdel Gawad (n°6) ... La tâche sera évidemment extrêmement ardue, même si l'Égyptien a très peu joué ces derniers mois en raison d'une blessure au pied. 

Sébastien Bonmalais n'aura rien à perdre au premier tour face à l'ancien champion du monde Karim Abdel Gawad (Crédit photo : Christian Lortat)

L'ŒIL DE L'ENTRAÎNEUR NATIONAL (Renan Lavigne). « Même si Sébastien est le seul Français qui a un tirage très compliqué au premier tour, disputer un premier championnat du monde est forcément une chose positive. Sa victoire à Andorre lui a fait du bien en termes de confiance, par contre il a eu des douleurs au genou récemment et on a privilégié la qualité à la quantité à l'entraînement. De son côté, Gawad a eu aussi des soucis physiques ces derniers temps, il y aura donc un manque de repères pour les deux hommes, pour différentes raisons. On sait que l'Égyptien rentre parfois doucement dans un tournoi, et Seb pourra peut-être profiter de l'effet de surprise car les autres joueurs ne le connaissent pas encore très bien. Mais on ne se focalise pas là dessus et il a de toute façon des armes pour lui poser des problèmes, notamment avec sa mobilité. »

UN PEU D'HISTOIRE. Auparavant, le British Open était considéré comme le championnat du monde officieux de la discipline. La première édition du World Open, en 1976, est remporté par l'Australien Geoff Hunt, qui conservera trois fois sa couronne. S'en suit un très long règne du duo Jahangir Khan et Jansher Khan (qui n'ont pas de lien de parenté), vainqueur six et huit fois respectivement. Les seuls à l'avoir mis à mal sont le Néo-Zélandais Ross Norman (qui avait brisé la série de 555 victoires de suite de Jahangir Khan en 1986 à Toulouse) et l'Australien Rodney Martin, seul joueur de l'histoire à avoir battu les deux Pakistanais dans un même tournoi. En 1999, Peter Nicol est le premier Britannique à être sacré champion du monde, alors que les années 2000 appartiennent à l'Égyptien Amr Shabana, quatre fois vainqueur. Au début de la décennie suivante, le duo Ramy Ashour – Nick Matthew se partage la couronne, avant que Grégory Gaultier ne décroche enfin le graal, après quatre finales perdues, en 2015. Depuis, les Égyptiens ont fait main basse sur l'épreuve reine du squash, avec quatre lauréats différents.

LES FRANÇAIS. En 2004 au Qatar, Thierry Lincou (finaliste l'année précédente) était devenu le premier joueur issu d'un pays hors Commonwealth à devenir champion du monde. Mené deux fois au score, le Réunionnais finit par prend le dessus sur Lee Beachill en finale. Grâce à ce succès, il va également subtiliser à l'Anglais la place de numéro 1 mondial, qu'il avait brièvement occupée quelques mois auparavant. En 2015 à Seattle, c'est au tour de Grégory Gaultier de connaître la consécration tant attendue après quatre finales perdues, dont la première en 2006 alors qu'il avait eu plusieurs balles de match face à David Palmer. Tous les favoris (Nick Matthew, Ramy Ashour, Mohamed El Shorbagy) ayant chuté les uns après les autres, le French General n'avait pas laissé filer l'occasion et battu Omar Mosaad 3-0 en finale. Derrière les deux mastodontes du squash masculin Tricolore, cinq joueurs ont un 1/8ème de finale à leur actif : Julien Bonétat, Renan Lavigne, Mathieu Castagnet, Grégoire Marche et Lucas Serme.

Sacrés en 2004 et en 2015, les Français Thierry Lincou et Grégory Gaultier sont les seuls champions du monde issus d'un pays hors Commonwealth (Crédits photo : PSA World Tour)

BACK TO CHICAGO. Deux ans après, les championnats du monde individuels sont de retour à Chicago. L'épreuve bénéficie une nouvelle fois d'une dotation record d'un million de dollars (répartis de manière égale chez les hommes et chez les femmes), grâce au soutien de la famille Walter. Le lauréat repartira avec un chèque de 45 220 $ (après déduction des taxes locales). En 2019, le tournoi avait pris ses quartiers dans la gare d'Union Station, mais cette fois-ci les matches se dérouleront tous à l'University Club, dont 4 par jour sur le court vitré au sein du superbe Cathedral Hall.

FAITS ET CHIFFRES. Le tableau est composé de 64 joueurs (format unique sur le circuit international), dont 47 membres du top 50. Les seuls absents sont l'Égyptien Zahed Salem, et les Anglais Daryl Selby et Tom Richards. L'Égypte est la nation la plus représentée (15 joueurs) devant la France (7), l'Angleterre (6) et l'Inde (5). Le Français Grégory Gaultier (38 ans) est le doyen du plateau, et va se rapprocher à une unité du record du nombre de participations détenu par Olli Tuominen (18). À l'autre extrémité de la pyramide des âges, on trouve Mostafa Asal (20 ans), récent vainqueur des World Tour Finals.

LE TABLEAU EN UN CLIN D'ŒIL. Au vu de la tendance observée lors des derniers tournois, Mohamed El Shorbagy, est légèrement favori. Le natif d'Alexandrie pourrait reprendre la place de numéro 1 mondial à Ali Farag, vainqueur il y a deux ans à Chicago et qui cherchera à se relancer après des récents résultats un peu décevants. Derrière eux, les principaux outsiders sont le tenant du titre Tarek Momen, Paul Coll, Marwan El Shorbagy et Fares Dessouky, tous très réguliers dans les "majeurs" ces derniers temps. Quid de Mostafa Asal ? Impressionnant vainqueur des World Tour Finals, le "Raging Bull" va devoir confirmer son nouveau statut et a un tableau compliqué, avec le fantasque Youssef Ibrahim au premier tour, Tarek Momen en 1/8ème et Marwan El Shorbagy en quart. Les trouble-fêtes possibles sont nombreux, et on peut citer Diego Elias, de retour de blessure, Joel Makin, Mohamed Abouelghar et le Français Grégoire Marche, en grande forme. Les quarts de finale théoriques sont les suivants : Farag – Elias, Marwan El Shorbagy – Momen, Coll – Gawad et Mohamed El Shorbagy – Dessouky. Néanmoins, le tableau est d'une telle densité que les chocs potentiels seront nombreux dès les 1/8ème, avec Marwan El Shorbagy – Marche, Asal – Momen, Hesham – Gawad, Dessouky – Abouelghar et Mohamed El Shorbagy – Makin, sachant que ce dernier pourrait croiser Grégory Gaultier au tour précédent.

Comme chez les femmes, la lutte pour la place de numéro 1 mondial (entre Ali Farag et Mohamed El Shorbagy) sera en toile de fond de ce championnat du monde (Crédit photo : PSA World Tour)

DERNIÈRE MINUTE : MOSTAFA ASAL A DÉCLARÉ FORFAIT LUNDI SOIR, EN RAISON DE PROBLÈMES AVEC L'OBTENTION DE SON VISA