Même s’il estime que ses résultats auraient pu être meilleurs, Melvil Scianimanico en a profité pour remporter son premier titre en PSA, et se rapprocher du top 100 mondial. Entretien avec l'un des espoirs du squash tricolore.

Propos recueillis par Jérôme Elhaïk

MELVIL SCIANIMANICO, UNE NOUVELLE VIE QUI COMMENCE

À peine rentré d’Australie (« Je suis un peu fatigué, mais ça va, ») Melvil Scianimanico a emménagé à Aix-en-Provence, car il est maintenant un membre du pôle France. Entre deux déballages de carton, il est revenu sur ses tournois aux antipodes.

Avec quelques jours de recul, quel bilan tires-tu de cette tournée australienne ?

Assez mitigé dans l’ensemble. Le premier tournoi a été super, la suite beaucoup moins. Il y a plein de choses sur lesquelles je dois m’améliorer, par exemple la rigueur au quotidien et la gestion du temps entre les matches. Quand on perd, les jours avant le tournoi suivant semblent très longs, et à l’inverse il y a des moments qui passent très vite alors qu’on aimerait avoir plus de temps.

Ça fait partie de l’apprentissage, c’était la première fois que tu effectuais une tournée à l’étranger n’est-ce pas ?

Oui en effet, jusqu’à maintenant je n’avais disputé qu’un seul tournoi PSA à l’étranger, en Espagne. L’avantage c’est qu’on était trois en Australie. Ça aide dans les moments difficiles, notamment après une défaite. On a logé ensemble dans des airbnb pendant un mois, on s’est bien débrouillés car on a réussi à trouver des tarifs abordables et à chaque fois pas trop loin des clubs où le tournoi avait lieu. 

Tu n’as pas été gâté par le tirage puisque tu as affronté trois fois Nasir Iqbal, même si tu es parvenu à le battre lors de votre premier affrontement.

On ne va pas se raconter d’histoires, il n’a pas joué à son meilleur niveau ce jour-là, peut-être qu’il a été surpris parce qu’il ne me connaissait pas. De mon côté, j’avais été super précis et costaud mentalement dans les moments importants. Ensuite, j’ai perdu contre lui en demi-finale donc on ne peut pas blâmer le tirage, par contre je n’ai pas de chance de tomber sur lui dès les 1/8^ème lors de mon dernier tournoi. On a un peu discuté, et il me disait qu’il veut se donner les moyens pour remonter au classement rapidement (NDLR : 35^ème mondial en 2016, le Pakistanais a réintégré le top 100 grâce à ses succès en Australie).

À Melbourne, Melvil Scianimanico a reçu son trophée des mains d'une légende du squash, Sarah Fitz-Gerald (Crédit photo : Squash Australia)

Tu as quand même remporté ton premier titre en PSA, c’est une étape importante pour un jeune joueur.

Oui c’est sûr, disons qu’au final il y a du positif dans le négatif. Et il ne faut pas oublier que même si j’ai un statut en France et que j’avais eu d’excellents résultats au Batch Open à Paris, en PSA je ne suis personne pour le moment et c’est bien d’en prendre conscience. 

« La wildcard au Paris Squash 2024 est une superbe opportunité. »

Tu ne vas pas avoir le temps de gamberger puisqu’une grosse échéance arrive à grand pas, le Paris Squash 2024 pour lequel tu as reçu une invitation.

C’est clair que c’est une magnifique opportunité, je n’aurai rien à perdre. Même si ce serait un honneur d’affronter un top player, par exemple le numéro 1 mondial Ali Farag, je préférerais un joueur classé aux alentours de la 30^ème place au premier tour. Quoiqu’il en soit, ce sera intéressant pour moi de me mesurer à un joueur de ce calibre, et de voir ce sur quoi je dois travailler pour arriver à ce niveau. Cela dit, je ne partirai pas du tout battu d’avance, je vais tout faire pour passer le premier tour sachant qu’en plus ma famille sera dans les tribunes.

Quel que soit le résultat, tu devrais normalement rentrer dans le top 100 mondial après le tournoi, une autre étape importante.

C’est clair, j’ai quelques tournois dont les points vont arriver à expiration dans les prochaines semaines et ceux marqués à Paris vont largement les compenser. Avec Renan Lavigne*, on a convenu d’attendre la fin du tournoi pour établir ma programmation, qui dépendra de mon nouveau classement et des tableaux dans lesquels je peux rentrer.

*Renan Lavigne est responsable du groupe France U23 garçons.

Melvil Scianimanico sera désormais encadré par Renan Lavigne au pôle France à Aix-en-Provence (Crédit photo : Jérôme Elhaïk)

Tu es maintenant un joueur professionnel à plein temps, j’imagine que tu es excité à l'idée de commencer cette nouvelle vie ?

Carrément, je ne tiens plus en place ! Les séances biquotidiennes, l’encadrement au pôle France, j’ai vraiment hâte de vivre tout ça et je vais me donner à fond à l’entraînement.

Dernière question, en ce moment la France s’enflamme pour les Jeux Olympiques, est-ce que tu les regardes et est-ce que tu te projettes sur LA 2028 où le squash fera sa première apparition ?

Oui je suis à fond, je regarde plein de sports que je ne regarde pas forcément souvent. Par contre je ne me projette pas encore sur 2028, c’est trop loin. C’est dommage que le squash n’ait pas été à Paris 2024, mais ce qui est sûr que l’intégration au programme olympique est une super nouvelle et que ça va être un énorme boost pour notre discipline.