Lauren Baltayan est la grande favorite du tableau féminin, alors que Melvil Scianimanico fait partie des prétendants au titre chez les garçons. Avec deux tels fers de lance, les Bleuets pourront aussi viser haut dans la compétition par équipe la semaine prochaine.

Article de Jérôme Elhaïk 

Un an après un championnat d’Europe junior réussi (le bronze pour Lauren Baltayan en individuel, l’argent dans l’épreuve par équipe), la France va décoller pour Bucarest vendredi avec l’ambition de faire encore mieux. « Pour nous entraîneurs, c’est très motivant d’aborder une compétition en sachant que nos joueurs ont des chances de médaille, c’est pour ça qu’on fait ce métier, » glisse Malcolm Tullis. Suite à quelques changements au sein du groupe des entraîneurs nationaux, le Francilien est désormais en charge du projet de performance junior. « Par rapport à des -15 ou des -17 (NDLR : dont il s’occupait auparavant), il faut être moins directif dans le coaching, » ajoute-t-il. « De manière générale, mon rôle sera faire passer le jeu avant l’enjeu, et de ne surtout pas transmettre de stress aux athlètes. Je sais qu’on parle de cette édition 2024 depuis longtemps, parce qu’on a des chances de victoire dans les 3 tableaux, mais on n’a encore rien fait … »

Désormais responsable de l'équipe de France junior, Malcolm Tullis estime que les français peuvent avoir des ambitions mais qu'il faudra les traduire sur le court (Crédit photo : FFSquash)

L’une des particularités du championnat d’Europe -19 ans est sa durée, 8 jours entre le début des tableaux individuels et l’épilogue de l’épreuve par équipe. « Passer autant de temps dans un club, c’est un facteur qu’il faut prendre en compte, » confie Malcolm Tullis. « La journée de repos du mercredi sera importante afin de recharger les batteries. D’autre part, on a la chance d’avoir un staff fourni avec un kiné, Christophe Labit, et trois entraîneurs, Océane Michelot, Yann Perrin et moi-même, on pourra se répartir les tâches. »

« La joueuse la plus dangereuse pour Lauren Baltayan, c'est sans doute elle-même, » analyse Malcolm Tullis. Médaillée de bronze l'an dernier, la petite Franco-Égyptienne a eu une progression météorique depuis et sera grande favorite, même si elle n'est âgée que de 16 ans. L'enjeu est clair, devenir la deuxième française championne d'Europe junior, après Camille Serme. À signaler que les 4 françaises étaient déjà là en 2023, et pourront donc s'appuyer sur cette expérience. Pour Inès Guyot, Rose Lucas-Marcuzzo et Lilou Brévard-Belliot, leurs ambitions dépendront en partie du tirage au sort.

LE TABLEAU (en attente de publication)

➡️ LAUREN BALTAYAN (US CRÉTEIL SQUASH), 16 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°1

À seulement 15 ans, Lauren Baltayan faisait déjà partie des prétendantes au titre en 2023, mais avait dû se contenter de la médaille de bronze. Cette année, elle s’avance en grandissime favorite : certes, celle qui l’avait battue en demi-finale - l’Anglaise Amelie Haworth – sera en Roumanie, mais Lauren n’est plus du tout la même joueuse. Pour ne citer que ses performances les plus récentes, elle a terminé 3^ème du British Junior Open en -17 ans, et a battu plusieurs joueuses classées autour de la 60^ème place mondiale ces dernières semaines. « Malgré son âge, Lauren est la joueuse du tableau qui a la plus grosse expérience du circuit international, » indique Malcolm Tullis. « L’intensité qu’elle met sur chaque point, c’est à la fois sa force et sa faiblesse car elle doit apprendre à la canaliser. Néanmoins, vu son niveau à 16 ans on peut se dire que c’est un problème très relatif pour l’instant. Si elle joue à son niveau, elle sera dure à battre pour les autres, même si on n’est jamais à l’abri d’un jour sans. » Comme évoqué plus haut, Amelie Haworth sera sa principale challenger, mais d’autres peuvent viser le podium, par exemple l’Espagnole Ona Blasco, l’Anglaise Mariam Eissa, la Néerlandaise Renske Huntelaar, l’Allemande Maya Weishar, la Polonaise Sofiia Zrazhevska, la Galloise Ellie Breach etc.

Si elle reproduit le niveau affiché en PSA ces dernières semaines, Lauren Baltayan sera très dure à battre (Crédit photo : FFSquash)

➡️ INÈS GUYOT (AS SQUASH 95), 17 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°7/8

« Il y a des choses un peu étranges dans le seeding du tableau féminin, mais tant mieux pour Inès Guyot qui en bénéficie, » indique Malcolm Tullis. Tête de série 33/64 l’année dernière, la joueuse du Squash 95 est 7/8 cette fois-ci. « Au-delà de ça, je trouve qu’Inès a beaucoup progressé récemment, c’est la première année où elle a des horaires scolaires aménagés et elle s’entraîne tous les jours. C’est une joueuse qui a de belles qualités athlétiques et techniques, et tout ça commence à se mettre en place dans son jeu. Ce qui est très intéressant, c’est qu’elle est née en décembre 2006, ça veut dire qu’elle a encore 2 éditions du championnat d’Europe et du championnat du monde à disputer. »

Inès Guyot tentera de confirmer ses progrès récents en Roumanie (Crédit photo : FFSquash)

➡️ ROSE LUCAS-MARCUZZO (SQUASH CLUB DE BOURGES), 18 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°9/12

Sacrée championne de France -23 ans le weekend dernier, Rose Lucas-Marcuzzo traverse une bonne période et a été sélectionnée pour l’épreuve par équipe aux côtés de Lauren Baltayan. « La différence était infime avec Inès et Lilou, mais Rose était en effet celle qui avait les meilleurs résultats récents, » estime Malcolm Tullis. « Elle n’est peut-être pas celle qui a les plus grosses qualités physiques et techniques, mais elle a une belle attitude sur le court. Avec sa combativité et son jeu d’attaque à tout va sur certaines séquences, elle peut être très déstabilisante pour ses adversaires. »

Rose Lucas-Marcuzzo s'appuiera sur sa combativité pour tenter de réaliser une beau tournoi à Bucarest (Crédit photo : FFSquash)

➡️ LILOU BRÉVARD-BELLIOT (ASSOCIATION SQUASH ROCHELAIS), 18 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°17/24

En 2023, Lilou Brévard-Belliot avait terminé à une belle 11^ème place pour sa première participation. Seulement tête de série 17/24 cette année, elle devra être épargnée par le tirage pour espérer faire mieux. La Rochelaise a connu quelques cruelles défaites en 5 jeux récemment, par exemple face à sa partenaire d’entraînement Rose Lucas-Marcuzzo le weekend dernier au championnat de France -23 ans, et elle cherchera donc à inverser cette dynamique à Bucarest.

11ème en 2023, Lilou Brévard-Belliot peut-elle faire mieux cette année ? (Crédit photo : FFSquash)

Trois joueurs, qui composaient trois quarts du dernier carré l’an dernier, sont au-dessus du lot sur le papier : l’Anglais Jonah Bryant, tenant du titre, le Suisse Daid Bernet et le Français Melvil Scianimanico.

LE TABLEAU (en attente de publication)

➡️ MELVIL SCIANIMANICO (SQUASH DES VOLCANS), 18 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°3/4

« Au vu de ses prestations récentes, Bryant est le favori logique, mais bien sûr que Melvil vise le titre, ce championnat d’Europe junior est l’objectif majeur de sa saison, » glisse Malcolm Tullis. L’an dernier, le Clermontois s’était lourdement incliné face à l’Anglais en demi-finale du tableau individuel, avant de prendre une superbe revanche en finale de la compétition par équipe. Revanche, ce sera également le thème s’il affronte Bernet, qui l’a privé de la 3^ème place en 2023, mais aussi en janvier au British Junior Open. Entre les deux, il a décroché une fantastique médaille de bronze au championnat du monde junior, qui l’a fait passer dans une autre dimension. « Pour Melvil, bien négocier les premiers tours sera important, ça n’est pas forcément son point fort. Mais au vu de sa dynamique et de son niveau de jeu, on peut être confiant. »

Pour sa dernière grande compétition internationale en junior, Melvil Scianimanico veut frapper un grand coup (Crédit photo : Rogue Gun & Media)

➡️ ANTONIN ROMIEU (SQUASH LOISIRS ÎLE-ROUSSE), 17 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°5/6

10^ème en 2022, alors qu’il n’avait que 15 ans, Antonin Romieu n’avait pas totalement confirmé l’an dernier (15^ème), dans une saison où son esprit était en partie accaparé par le bac. Tête de série 5/6, le Corse essaiera dans un premier temps de tenir son rang en atteignant les quarts de finale, avant pourquoi pas de viser plus haut face à l’un des favoris. « Antonin a montré de belles choses récemment, » indique Malcolm Tullis, faisant référence son quart de finale au championnat de France Élite et sa médaille de bronze à l’open de France junior. « On sait qu’il possède des bases solides au fond de court et une grosse résistance à l’effort, il doit maintenant étoffer sa palette offensive pour créer davantage d’incertitude chez ses adversaires. »

Très expérimenté à ce niveau, Antonin Romieu est une valeur sûre du squash tricolore en junior (Crédit photo : FFSquash) 

➡️ AMIR KHALED-JOUSSELIN (ASSOCIATION SQUASH DU RÊVE), 15 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°9/12

Amir Khaled-Jousselin, c’est le nom qui alimente les conversations dans le petit monde du squash français ces derniers mois, et c’est mérité au vu de ses résultats exceptionnels. « Amir n’est plus une surprise, » dit Malcolm Tullis à propos de celui qui a été sélectionné pour l’épreuve par équipe, à seulement 15 ans. « C’est un joueur qui respire le haut niveau, avec de grosses qualités défensives et sa capacité à jouer le coup juste au bon moment. Ça va être intéressant de suivre son parcours et il peut poser de gros problèmes à des joueurs plus âgés. Mais il ne faut pas lui mettre trop de pression non plus, le temps joue pour lui. »  

Dans une forme étincelante ces dernières semaines, Amir Khaled-Jousselin sera l'une des attractions du tableau masculin (Crédit photo : Christian Lortat)

➡️ AXEL DIET (AS SQUASH ROYANNAIS), 17 ANS, TÊTE DE SÉRIE N°13/16

L’année dernière, Axel Diet avait terminé à une magnifique 10^ème place, à seulement 16 ans. Depuis il a alterné le bon, avec en point d’orgue un titre de champion d’Europe -17 ans par équipe avec les Bleus, et le moins bon. À l’image d’une 9^ème place un peu décevante le weekend dernier au championnat de France -23 ans, « alors qu’il menait pourtant largement dans son 1/8^ème de finale, » indique Malcolm Tullis. « Il y a encore trop d’écart entre son niveau le plus haut et son niveau le plus bas, ce n’est pas suffisant de faire un gros match quand on affronte des joueurs meilleurs que soi sur le papier. » Le Royannais, qui s’entraîne à La Rochelle, essaiera de maintenir le curseur le plus haut possible en Roumanie.

10ème l'an dernier, Axel Diet va tenter de confirmer cette année (Crédit photo : FFSquash)