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FRENCH TEAM CAMP : LES JEUNES FRANÇAIS AU PAYS DU SQUASH
Événements 29/11/2021Il y a quelques jours, quatorze jeunes espoirs du squash Tricolore (sept filles et sept garçons, âgés de 15 à 21 ans) ont effectué un stage d'une semaine en Égypte.
C'était l'occasion pour eux de se confronter à ce qui se fait de mieux dans le paysage actuel du squash international. L'un des trois entraîneurs nationaux présents sur place, Yann Menegaux, a décrypté pour nous ce séjour au pays des Pharaons.
Article de Jérôme Elhaïk
Crédits photo Malcolm Tullis
LA GENÈSE DU STAGE ...
Yann Menegaux (entraîneur au pôle espoirs d'Aix-en-Provence, responsable du projet de performance fédéral pour les jeunes) : « Faire un stage en Égypte, c'était dans un coin de ma tête depuis pas mal de temps. Pour quelqu'un qui travaille dans le milieu du squash - c'est mon cas depuis 17 ans - ne jamais y avoir été était quelque part anormal (rires). C'est un peu comme si un entraîneur de judo ne connaissait pas le Japon ... Au-delà de mon cas personnel, on souhaitait y emmener de jeunes athlètes afin de désacraliser le squash Égyptien, car beaucoup s'en font une montagne. Le fait que plusieurs compétitions junior ait été annulées en 2021 - dont les championnats du monde, qui auraient d'ailleurs dû avoir lieu en Égypte - a constitué une opportunité : avec l'accord du directeur technique national, nous avons pu reflécher des enveloppes budgétaires vers l'organisation de ce stage. D'autre part, il existe des liens entre le Black Ball et la France : en premier lieu, c'est le club où s'entraîne Lauren Baltayan (NDLR : cette jeune joueuse de 14 ans, qui possède la double nationalité Franco-Égyptienne, a récemment été finaliste du championnat de France -19 ans), et les équipes de France masculine et féminine senior y ont déjà effectué plusieurs séjours. »
« L'un des objectifs du stage était que les jeunes désacralisent le squash Égyptien. »
Cela faisait quelques temps que Yann Menegaux (à droite, en maillot blanc) souhaitait emmener les jeunes joueurs et joueuses Français en Égypte
... ET SON DÉROULEMENT
Yann Menegaux : « On s'entraînait entre nous tous les matins, on était d'ailleurs quasiment tout seul dans le club et il fallait parfois aller demander que les courts soient éclairés (rires). Le club se remplissait d'enfants à partir du début d'après-midi pour être bondé en fin de journée. Le soir, nos jeunes athlètes étaient confrontés à des locaux. Le premier jour, ils se sont retrouvés face à des joueurs du club qui étaient moins forts qu'eux. Du coup, les Égyptiens ont fait appel à l'équipe nationale -17 ans le lendemain, et l'adversité est allé crescendo. C'est le fonctionnement là-bas, il faut faire ses preuves sur le court et c'était gratifiant pour nous que ça se passe comme ça. Tout au long du stage, nous avons adapté les séances du matin en fonction des choses observées lors des matches, et des échanges que nous avions avec les joueurs. Il y a également eu un intermède au milieu de la semaine, avec la visite des pyramides et du sphinx de Gizeh organisée par Claude Baltayan (le père de Lauren, qui est guide touristique). C'est l'une des sept merveilles du monde et on ne pouvait pas passer à côté. »
Entre séances d'entraînement et confrontation face aux joueurs locaux, la semaine a été studieuse mais la délégation Tricolore a eu le temps de découvrir les célèbres pyramides de Gizeh
QUELS ENSEIGNEMENTS ?
LES PARTICULARITÉS ÉGYPTIENNES
Yann Menegaux : « Comme je le disais précédemment, il n'y a quasiment que des jeunes sur les courts, les seuls adultes sont des encadrants. On voit des joueurs de tout niveau, sachant qu'on peut changer de groupe en fonction de sa progression. Ensuite, il n'y a aucune séparation entre garçons et filles, et c'est l'une des raisons majeures qui explique le niveau des jeunes joueuses Égyptiennes. J'en ai discuté avec Lauren Baltayan, qui a passé la journée du jeudi avec le groupe : ici, ils ne font pas de gammes, uniquement des séances individuelles et des matches. Je n'ai vu personne faire de travail physique sur le court, je crois qu'ils le font à l'extérieur avec des coaches personnels, qui coûtent souvent très cher. (On lui suggère que par rapport à ceux d'autres nations, les joueurs Égyptiens dévoilent moins de choses sur leur préparation, notamment sur les réseaux sociaux). C'est vrai qu'il existe très peu d'écrits sur leurs méthodes, cependant je ne sais pas s'ils sont moins transparents. Le fait qu'ils nous aient accueilli aurait tendance à prouver le contraire, même s'ils ne nous ont peut-être pas tout montré ... Pour se faire une idée plus précise, il faudrait aller voir ce qui se passe dans d'autres clubs, pas seulement au Black Ball. »
« Les jeunes Français ont su relever le défi. »
Pendant une semaine, les jeunes Tricolores ont pu se confronter aux particularités du squash Égyptien
DES BLEUS COMBATIFS
Yann Menegaux : « Le principal point positif, c'est la combativité dont tous nos athlètes ont fait preuve, ils ont su relever le défi. La phrase de la semaine était 'no fight, no match ...' Comme on le disait auparavant, l'un des objectifs du stage était de désacraliser les Égyptiens : ils dominent parce qu'ils ont de la masse, néanmoins nos joueurs n'ont rien à envier à une bonne partie d'entre eux. Le challenge, c'est de progresser pour aller titiller les meilleurs ... Les filles se sont rendues compte qu'elles étaient techniquement au niveau, mais que les Égyptiennes étaient au-dessus en termes de mobilité, de puissance de frappe et de combativité. C'est donc dans ces secteurs qu'il faut travailler. On sait qu'on a tendance à en faire plus lorsqu'on sort de sa zone de confort, maintenant on attend d'eux qu'ils produisent le même investissement au quotidien. À titre plus personnel, je ramène de ce stage plein de petites choses. En France, on essaie souvent de proposer des entraînements variés afin que l'athlète ne s'ennuie pas. Eux, ils n'hésitent pas à faire des séances en répétant le même geste à l'infini, afin de le maîtriser totalement. Il y a d'autres choses que l'on savait déjà, à savoir qu'ils s'engouffrent dans la brèche à la moindre opportunité d'attaque, et que leur jeu est basé sur l'agressivité et la vitesse de bras. »
ET MAINTENANT ...
Yann Menegaux : « L'open de France junior fin février devrait constituer la reprise des tournois internationaux (même si certains de nos joueurs feront peut-être celui de République Tchèque en janvier), avant les championnats d'Europe au printemps. Avant cela, il y aura des compétitions dans l'hexagone, notamment le championnat de France Élite pour les meilleurs d'entre eux. Je crois que pour nos jeunes c'était une bonne chose de croiser à nouveaux des joueurs étrangers de leur catégorie d'âge, et ils ressortent boostés de cette semaine.
Reboostés par ce stage au pays des Pharaons, les jeunes Françaises ont le regard tourné vers les prochaines échéances
Oui, c'est une expérience que l'on pourrait être amené à renouveler, en fonction du calendrier. Mais sans doute avec un groupe moins étoffé - car ils étaient trop nombreux pour que l'on puisse faire du véritable coaching individualisé - et pourquoi pas avec des plus jeunes afin de désacraliser le squash Égyptien le plus tôt possible. On peut également envisager d'aller en Angleterre, autre nation importante de la discipline. D'ailleurs, je crois qu'une grosse délégation Britannique devrait être présente à l'open de France junior, et c'est une très bonne chose : ils ne se déplaçaient plus trop ces derniers temps, cependant avec la crise sanitaire ils ont besoin de confrontation. »
Ont participé au stage, de gauche à droite : au fond, Yann Perrin (entraîneur), Laouenan Loaëc, Brice Nicolas, Baptiste Bouin, Antonin Romieu, Macéo Lévy, Ninon Lemarchand, Melvil Scianimanico, Léa Barbeau, Malcolm Tullis (entraîneur) - au premier rang, Paul Gonzalez, Kara Lincou, Ella Galova, Ana Munos, Rose Lucas-Marcuzzo, Lilou Brévard-Belliot, Yann Menegaux (entraîneur). À gauche, Ashraf Hanafi (directeur du Black Ball Sporting Club)