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LES ENSEIGNEMENTS DES CHAMPIONNATS DE FRANCE JEUNES
Événements 01/11/2021Quels sont les enseignements des championnats de France jeunes 2020-2021, qui se sont achevés dimanche après-midi à Lille ?
Pour le savoir, nous avons recueilli les impressions de l'entraîneur national Yann Menegaux, puis décortiqué les résultats en chiffres. Bonne lecture ....
Article de Jérôme Elhaïk
L'ŒIL DU COACH
Entraîneur au pôle espoirs d'Aix-en-Provence, Yann Menegaux était à Lille pour encadrer ses protégés mais pas seulement : en charge du projet de performance fédéral pour les jeunes, il a également observé avec attention l'ensemble de la compétition.
Un bilan positif
« À chaud, la première impression globale est très positive : je n'avais pas vu la plupart des jeunes depuis quelques temps en compétition et j'ai été agréablement surpris du niveau de jeu, notamment chez les plus petits. Particulièrement chez les garçons, ce n'est pas un secret qu'il y a moins de densité chez les filles. C'était le premier championnat de France jeunes depuis plus d'un an, je crois que tout le monde était content d'être là et ça s'est vu à travers la bonne attitude des joueurs et joueuses.
Responsable du projet de performance fédéral chez les jeunes, Yann Menegaux a aimé ce qu'il a vu le weekend dernier dans le Nord (Crédit photo : CREPS PACA)
Concernant la nouvelle formule, c'est une très bonne chose que les différentes générations soient réunies et puissent se côtoyer. Le problème, c'est qu'il faut les structures qui puissent l'accueillir. Dimanche, toutes les finales avaient lieu au WAM, il y avait énormément de monde et on était un peu les uns sur les autres. Attention, je ne dis pas ça contre le club - qui a l'expérience et toutes les compétences pour organiser ce type d'évènement - mais c'est mieux quand il y a un véritable espace avec des tribunes, un peu comme à Chartres. Il faut dire aussi que comme c'était le premier championnat depuis pas mal de temps, beaucoup de parents avaient fait le déplacement ... Néanmoins, il ne faut surtout pas limiter le nombre de joueurs par tableau, car on essaie d'attirer davantage de jeunes vers le squash en général et la compétition en particulier. »
Brice Nicolas et Kara Lincou à l'honneur
« Chez les -19 garçons, en effet la hiérarchie du moment a été respectée. Brice Nicolas a été solide et très concentré pendant tout le weekend, faisant moins de fautes qu'à l'accoutumée. On retrouve ensuite Baptiste Bouin puis Macéo Lévy, pour lequel ce n'est pas facile de concilier le squash et les études. Il est néanmoins parvenu à accrocher le podium, aux dépens d'un Laouenan Loaëc qui continue de progresser. Derrière les quatre joueurs du pôle espoirs, j'ai bien aimé la prestation de Titouan Isambard, qui confirme sa bonne évolution récente et a terminé 5ème (même s'il faut préciser que Laszlo Godde n'a pas pu jouer le dernier match). Il affiche un niveau intéressant, d'autant qu'il vient tout juste d'avoir 17 ans.
Battue par Lauren Baltayan en poule, Kara Lincou (à droite) a pris sa revanche en finale du championnat de France -19 ans (Crédit photo : Christian Lortat)
Chez les filles, le format de poule est particulier mais avec neuf joueuses il était le plus approprié. Concernant le parcours de Lauren Baltayan, peut-être que les autres s'étaient fait une montagne d'elle car elles ne la connaissaient pas beaucoup. Je pense que Kara a été un peu surprise vendredi, sachant que la défaite n'était pas rédhibitoire et elle savait qu'elle avait ses chances quelle que soit son adversaire en demi-finale. En finale, elle a su parfaitement mettre en place le jeu qu'elle affectionne, en jouant dans les volumes et avec des changements de rythme. En ce qui me concerne, je n'ai pas été étonnée du niveau de Lauren car je l'observe souvent en vidéo, on sait qu'elle a des qualités exceptionnelles pour son âge (NDLR : la Franco-Égyptienne est âgée de 14 ans et avait choisi de s'aligner en -19). C'est une fonceuse qui n'a peur de rien, c'est la culture Égyptienne (rires). C'est bien car ça booste les autres, et j'espère qu'on la verra de plus en plus souvent en France à court terme. C'est une chance pour nous d'avoir une telle joueuse, et elle est évidemment sélectionnable pour les échéances à venir avec l'équipe de France junior ! Elle l'était d'ailleurs déjà l'année dernière, avant que les compétitions ne soient annulées en raison de la crise sanitaire. »
Un œil sur les plus jeunes
« En -15 ans, Inès Guyot et Axel Diet ont été dominants, comme on pouvait s'y attendre. Il faut noter la belle médaille d'argent d'Emma Vassenet : c'est une vraie guerrière, et en travaillant techniquement elle peut devenir une joueuse très intéressante. En -17 ans, Lilou Brévard-Belliot a confirmé ses progrès récents, et a pris très légèrement le dessus sur Rose Lucas-Marcuzzo. On a assisté à une superbe finale chez les garçons entre Melvil Scianimanico et Antonin Romieu, deux joueurs qui ont franchi des caps ces derniers temps et auraient eu leur mot à dire en -19. Antonin a eu beaucoup d'opportunités et a un peu coincé dans certains moments importants, alors qu'à l'inverse Melvil a été très solide dans le money-time. »
Comme d'habitude, Melvil Scianimanico (à gauche) et Antonin Romieu se sont retrouvés en finale d'un championnat de France jeunes (Crédit photo : Christian Lortat)
Les prochaines échéances
« En attendant le retour des tournois européens, il est possible que des Français se rendent à l'US Junior Open en décembre, en fonction des restrictions. Nous avons également décidé d'organiser un stage en Égypte à la mi-novembre avec une quinzaine de joueurs et joueuses, afin de les confronter à ce qui se fait de mieux dans le squash. Pour les plus âgés, les tournois PSA sont plus que jamais un objectif important et d'ailleurs j'accompagne plusieurs membres du pôle espoirs cette semaine à Manchester. Sachant que dans le même temps, Kara Lincou sera à Exeter, et que pendant tout le mois de novembre il y a le Green Squash Tour en France. Le point positif est qu'il y a une vraie démarche chez la plupart d'entre eux, ils affirment clairement leur envie de faire une carrière professionnelle – ce qui n'a pas toujours été le cas dans le passé. Il y a des signes encourageants, maintenant il faut y aller (sic) et se confronter à la réalité du circuit ... »
LES CHAMPIONNATS DE FRANCE JEUNES EN CHIFFRES
Rassembler six catégories dans une même ville (et deux clubs, séparés de moins de 10 kilomètres) c'était une première. 225 jeunes (dont 72 filles) étaient présents à Lille. Pendant 3 jours, 495 matches ont été lancés par les juges-arbitres sur les 8 courts du WAM et les 8 de l'Arbonnoise ...
Côté résultats, quels sont les enseignements de cette édition 2020-2021 ?
☛ Avec 7 médailles, le Squash 95 confirme son statut de club majeur en matière de formation, en particulier chez les filles. Et comme ses trois titres ont été acquis chez les plus jeunes (de -11 à 15 ans), ce n'est sans doute pas près de s'arrêter .. Derrière, il y a le Squash Loisirs Balagne avec 5 breloques, dont la totalité du podium -11 ans filles, puis l'US Créteil (3 podiums, dont deux titres chez les garçons) et l'Association Squash Paradis, avec trois médailles pour la famille Lincou chez les filles. On trouve ensuite le Squash des Volcans et son tout nouveau centre d'entraînement régional, dirigé par Christophe Carrouget, le Mulhouse Squash Club, l'Association Squash Rochelais (elle aussi reliée à un CER, dont font d'ailleurs partie deux autres jeunes médaillés), l'AS Squash Royannais, l'Association Squash du Rêve, le T.S.B. Jarville (2 médailles), et enfin 6 clubs avec un joueur ou une joueuse sur le podium : le Niort Squash Club, le Paris Université Club, le Jardin Squash Club, Annecy Squash, l'association Squash et Badminton de Chartres, et l'association Art Sport Evenement.
À l'image d'Inès Guyot (championne de France -15 ans, au premier plan), le Squash 95 a confirmé la qualité de sa formation à Lille (Crédit photo : Christian Lortat)
☛ À l'échelle des ligues, l'Île-de-France confirme la tendance récente et a glané 11 des 36 médailles en jeu (dont 5 titres sur 12). Derrière, on trouve le Grand Est (6), la Nouvelle-Aquitaine, la Corse (5) et La Réunion (4). Après avoir collectionné les titres du milieu des années 90 jusqu'au début des années 2010, l'île de l'Océan Indien a connu une période de disette mais semble sur le chemin du renouveau. En plus de ces 4 médailles, les Réunionnais étaient présents en force en quart de finale, grâce aux école de squash du Paradis et du Jardin. Quand on sait que la quasi-totalité d'entre eux seront dans la même catégorie en mai prochain, nul doute qu'ils auront de grosses ambitions à Clermont-Ferrand. On trouve ensuite Auvergne Rhône-Alpes (3), Centre-Val-de-Loire et Normandie (1). À signaler que même si ses membres sont licenciés dans d'autres ligues, le pôle espoirs d'Aix-en-Provence ramène 5 médailles, dont 4 en -19 ans.
☛ S'imposer dans les cinq catégories est réservé à un cercle fermé, et les derniers à y être parvenus s'appellent Victor Crouin et Marie Stéphan. Ayant confirmé en -13 ans le titre acquis fin 2019, Éthan Lecordier et Sarah Guyot peuvent encore rêver de l'intégrer un jour. Pour d'autres joueurs sacrés à Lille, ce n'était pas non plus une première : Axel Diet et Inès Guyot ont réalisé le double -13/-15, et Melvil Scianimanico fait encore un peu mieux avec un triplé -13/-15/-17. En s'imposant en -19 ans, Kara Lincou a confirmé son succès en -17 de 2020, alors que Brice Nicolas avait été champion de France -15 il y a quatre ans. Edwin Clain avait dû attendre les -19 pour enfiler une médaille d'or autour du cou, et il a maintenant celle de la nouvelle catégorie des -23 ans. Enfin, quatre jeunes ont connu le bonheur d'un premier titre dans le Nord : Léa Barbeau (-23 ans) et Lilou Brévard-Belliot (-17 ans), ainsi que Maël Daujon et Rafaella Gudoni en -11 ans.