Pour ce quarante-deuxième numéro, direction la Haute-Savoie avec un focus sur le club de squash d'Annemasse, à la frontière franco-suisse.

Article de Jérôme Elhaïk

« C'est un ami qui m'a initié à la discipline il y a une quinzaine d'années dans l'ancienne structure, à quelques kilomètres de l'emplacement actuel, » raconte Arnaud Chalmin, actuel gérant d'Annema Squash. Ce touche-à-tout, qui a joué au foot à un très bon niveau à Dijon et est adepte de toutes les activités de montagne – ski, randonnée, VTT - a « pris goût au squash dès les premiers instants, et pour plusieurs raisons. Quand je fais du sport, j'ai besoin que ça soit intense tout de suite. C'est une discipline à la fois très ludique, et dans laquelle on peut évoluer à chaque séance si on s'en donne les moyens. Je prends du plaisir sur le court en permanence. » Pour lui, le squash est également devenu un métier lorsqu'il a repris la gérance du club, en novembre 2018. « Je suis issu du milieu de la gastronomie, » raconte-t-il. « J'ai dirigé une société spécialisé dans le vin pendant dix ans, mais j'en ai eu un peu marre du côté commercial. M'occuper d'un club était dans un coin dans ma tête depuis quelques temps, et j'avais même fait un business plan. De leur côté, les anciens gérants étaient là depuis longtemps - même depuis la création d'un club pour l'un d'entre eux – et avaient envie de passer la main. On a beaucoup discuté et je les ai aidés pendant quelques temps, pour voir comment ça se passait de l'intérieur, puis j'ai décidé de me lancer. » À Annemasse, il y a du squash mais pas que : le club possède notamment un terrain de jorky-ball et un restaurant, le Kyro. « J'ai deux employés, un en cuisine et un en salle. On est sur la même longueur d'onde, et je les laisse gérer les menus etc. De mon côté, je me concentre sur le côté marketing, par exemple les réseaux sociaux. Ce n'était pas ma tasse de thé, cependant on a besoin de ça de nos jours. » Deux ans et demi après le début de l'aventure, Arnaud Chalmin regarde dans le rétroviseur. « Les dix premiers mois ont été compliqués, car j'arrivais après des gens qui étaient en place depuis des années. Attention, ils avaient fait du très bon boulot, mais ils avaient moins d'énergie sur la fin et il a fallu reconstituer une clientèle. Ensuite on a lâché les chevaux : ça a super bien tourné entre septembre 2019 et mars 2020, et j'avais pas mal de projets. Puis la crise sanitaire est arrivée. » Alors que la terrasse est rouverte depuis mercredi, il essaie de « relativiser » lorsqu'on l'interroge sur les quatorze mois écoulés. « J'ai vécu les deux confinements de manière différente. Le premier, c'était l'inconnu, et je me suis dit 'ok, ça ne va pas durer'. Par contre, je dois admettre que le deuxième m'a mis une claque. L'activité avait bien repris de juin à octobre, et on a nous a coupés l'herbe sous le pied. Pour évacuer, je suis allé beaucoup à la montagne (ski de rando etc.), en trois mois j'ai fait une trentaine de sorties ! On a également fait quelques travaux (réaménagement de la terrasse, nettoyage complet du club) et préparé la reprise : nouvelle carte pour le restaurant, planification des dates de tournois, de concerts etc. » S'il ne cache pas que la crise a eu et aura un impact financier non négligeable (« Même si on reçoit les aides, elles ne couvrent pas toutes les charges comme le loyer et je perds de l'argent tous les mois, »), Arnaud Chalmin essaie d'être optimiste. « Les habitués vont revenir, je n'ai pas de doute à ce sujet au vu des messages que je reçois. Ce sera plus compliqué pour ceux qu'on avait fidélisés depuis deux ans, car pour la plupart d'entre eux le squash reste une activité secondaire. On perdra des gens, mais d'un autre côté il y aura de nouveaux clients qui viendront essayer. » 

Arnaud Chalmin (ici en compagnie d'un jeune du club et de deux légendes du squash, Nick Matthew et Grégory Gaultier) a repris la gérance de la structure fin 2018 (Crédit photo : Arnaud Chalmin)

Juste avant de devenir gérant de la structure, Arnaud Chalmin avait occupé la présidence de l'association Annema'Squash 74. « C'était une année de transition, et j'avais du temps avec mon boulot, » explique-t-il. « J'ai fait le tampon avant l'arrivée de Jean-François Naillod. Avec l'asso, ça se passe super bien et on tire dans le même sens. Il faut dire qu'on se connaît depuis des années, on est amis et on joue ensemble dans les compétitions par équipe. » Depuis quelques années, Annemasse est monté en puissance dans ce domaine, avec désormais deux équipes au niveau national (une en N2 et une en N3). « On a une petite dizaine de joueurs de niveau entre 2C et 3A qui se tirent la bourre tous les mercredis, je ne suis pas sûr qu'il y ait ça dans beaucoup de clubs. Depuis peu, on a fait appel à quelques renforts extérieurs, notamment Adam Auckland qui nous a bien rendus service. C'était indispensable car je trouve que le niveau a considérablement augmenté depuis quelques années, même la Régionale 1 est devenue très compétitive. » À Annemasse, le haut niveau est également présent grâce à l'open national, que le club espère relancer le plus rapidement possible. « Je crois que c'est dans notre ADN, et les éditions de 2017 et 2018 ont été une réussite en termes de niveau (on a eu la chance de recevoir Camille Serme) et de participation, » indique Arnaud Chalmin. « Depuis quelques années, on se déplace en nombre sur pas mal de tournois, je ne dirais pas qu'on connaît toute la France du squash mais pas loin (rires). On aime bien se marrer, et je crois qu'on est appréciés dans les autres clubs. »

« Je connais bien le milieu associatif, » raconte Jean-François Naillod, actuel président de l'Annema'Squash 74. « J'ai été éducateur dans le club de foot où jouent mes enfants. Comme Arnaud, j'ai pratiqué ce sport avant de me mettre au squash - on est nombreux dans ce cas - il y a une quinzaine d'années. Je pense que j'étais arrivé à un âge où j'avais envie d'essayer un sport individuel, sur le court on se retrouve seul face à soi-même. J'aime bien également certaines valeurs comme le fair-play, ça change du foot ... » Investi dans l'association peu de temps après son arrivée, il a pris la suite d'Arnaud Chalmin en 2018, lorsque celui-ci est devenu gérant de la structure. « Nous sommes avant tout amis, » précise-t-il lorsqu'on l'interroge sur les relations entre les deux entités. « On sait faire la part des choses, et on tire dans le même sens. Concernant l'association, il y a une quinzaine de personnes au conseil d'administration et parmi celles qui sont les plus investies avec moi, je peux citer Fabrice Lourdes et Guillaume Tallonneau, sachant qu'il nous faudrait quelqu'un pour tenir le rôle de secrétaire général, vacant actuellement. » 

À Annemasse, c'est l'entente cordiale entre Jean-François Naillod (président de l'association) et Arnaud Chalmin (gérant de la structure) (Crédit photo : Arnaud Chalmin)

Comme tous ses homologues de l'hexagone, Annemasse voit le bout du tunnel avec les différentes dates de réouverture (avant-hier pour les mineurs et la terrasse, le 9 juin pour l'ensemble du club). « L'année écoulée a été très compliquée moralement, » confie Jean-François Naillod. « Tous nos projets ont été mis en standby, par exemple le partenariat avec Annecy au niveau des jeunes. On espère que nos adhérents n'auront pas zappé le squash. Dans un premier temps, on va redémarrer doucement et essayer d'éviter les blessures, puis on relancera les opens régionaux et les équipes. Ça fait tellement longtemps, je ne me souviens même plus combien on en a au total (rires) ... »

Arnaud Chalmin et Jean-François Naillod sont sur la même longueur d'onde : pour que le squash prenne encore plus d'essor à Annemasse, ils ont besoin d'un entraîneur (poste vacant depuis le départ de Steven Fialeix). « C'est la priorité, » affirme le président de l'association. « On aimerait insuffler une dynamique, notamment au niveau de l'école de jeunes qui compte actuellement une quinzaine de membres. Plusieurs bénévoles ont passé leur BF1 – Juan Pablo Garzon Stouvenel, Philippe Jouneau et Faustine Talloneau, licenciée à Annecy et dont les enfants jouent ici - et assurent l'encadrement à tour de rôle, mais tous ont un travail à côté. Je crois sincèrement que c'est un poste intéressant dans une belle structure, et qu'il y a des choses à faire – nous avons par exemple un collège à 200 mètres, l'un des profs qui joue chez nous est prêt à amener ses élèves dans le cadre d'une activité périscolaire. On recherche quelqu'un avec un profil hybride, capable de faire de l'enseignement pour l'association et de travailler pour le club en parallèle. » Pour l'instant, les recherches se sont avérées infructueuses. « Ce n'est pas faute d'avoir essayé, » ajoute Arnaud Chalmin. « Dans un premier temps, ce serait en tant qu'auto-entrepreneur. Néanmoins, j'ai fait le calcul et étant donné la forte demande pour des cours et le pouvoir d'achat dans la région (notamment en Suisse), il y a la possibilité de dégager des revenus très intéressants. Tous les profils sont bienvenus – homme ou femme, jeune ou moins jeune – tant qu'il ou elle amène ses compétences et apporte une plus-value. » Avis aux amateurs, et amatrices ...

En attendant l'arrivée espérée d'un entraîneur de métier, les bénévoles assurent l'encadrement des jeunes (Crédit photo : Annema'Squash 74)

1193, route des Fontaines, 74380 Cranves-Sales

Tél. : 04 50 38 08 08

Site Web - Facebook

Rendez-vous la semaine prochaine pour le quarante-et-troisième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré au Squash Club de Brest.