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LE CLUB DE LA SEMAINE : VAL-DE-REUIL TENNIS SQUASH
Promotion 22/01/2021Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et depuis quelques mois nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".
Pour ce premier numéro de l'année 2021, cap sur la Normandie avec un focus sur la section squash du club de Val-de-Reuil.
Article de Jérôme Elhaïk
PASSÉ, PRÉSENT ET FUTUR
UN HOMME, UN CLUB. Il y a des histoires qu'il est plus facile de raconter en commençant par la fin ... Celle entre le Val-de-Reuil Tennis Squash et Patrick Le Fur, initiée en 1987, a récemment pris un nouveau virage : après près de trente ans en tant qu'enseignant au sein du club, ce dernier a décidé de passer le flambeau à Alexandre Marteau. Une manière de boucler la boucle en quelque sorte, puisqu'il avait été le premier à lui enseigner le squash à Évreux, au milieu des années 90 (voir ci-dessous UN CLUB, UN COACH). « Depuis deux ans, j'ai changé de poste dans mon entreprise pour devenir formateur, et je n'avais plus la même énergie pour les entraînements, » raconte celui qui a désormais intégré le bureau de l'association, en tant que secrétaire général. « De son côté, Alex a effectué un périple à vélo avec sa femme et ses enfants, et a eu le temps de réfléchir à ce qu'il voulait faire lors de toutes ces heures passées sur sa selle (rires). Je crois que c'était le bon moment pour cette transition, mais je vais évidemment l'accompagner et lui servir de tuteur. On a effectivement vécu pas mal de choses ensemble. Je me souviens par exemple que quand il avait 15 ans, il avait manifesté l'envie de venir avec moi sur un tournoi en Guyane. Malgré son jeune âge, il s'était pris en main pour faire les démarches (vaccins etc.), et on avait financé une partie de son billet d'avion en vendant des paires de chaussettes d'une marque avec laquelle j'étais sous contrat à l'époque. Je me rappelle, on avait un sac de 70 litres rempli ! Par la suite, on s'est un peu perdus de vue. » Revenons maintenant au début de l'histoire : en 1987, Patrick Le Fur, qui a découvert le squash trois ans auparavant à Rouen, est invité à effectuer un match exhibition pour l'inauguration du club de Val-de-Reuil - dont la version 1.0 ne comptait qu'un seul court. « Le maire de la ville était Bernard Amsalem, qui a ensuite été président de la Fédération Française d'Athlétisme pendant de nombreuses années, » raconte celui qui est à la tête de la ligue Normandie depuis 2004. « Devant l'engouement suscité par cette exhibition, on m'a demandé de faire des initiations, et je n'ai plus jamais quitté le club. » Au début des années 90, il obtient son Brevet d'État, et c'est en 1997 qu'un projet ambitieux commence à germer dans sa tête. « On avait 125 adhérents pour un court, qui était rempli quasiment 24h/24. L'agrandissement de la structure répondait donc à un besoin, et était indispensable pour l'évolution du club à court, moyen et long terme. » Il s'écoulera six ans entre l'élaboration de la première maquette (« elle avait été faite par la fille d'une amie qui était étudiante en architecture, je l'avais "trimbalé" dans de nombreuses structures pour qu'elle voit à quoi elles ressemblaient. ») et la présentation du projet à la mairie et son premier magistrat Marc-Antoine Jamet, dont Patrick souligne le soutien indéfectible au cours des années.
Patrick Le Fur et Val-de-Reuil, une histoire qui dure depuis 1987 (Crédit photo : Patrick Le Fur)
Les premiers coups de pelle sont donnés en septembre 2005, puis l'inauguration du complexe Bernard Lacoste, avec trois courts supplémentaires et une grande tribune, a lieu en octobre 2007 à l'occasion du Masters jeunes (voir ci-dessous PALMARÈS ET GRANDE DATES). « On avait eu des tableaux de fou, » se rappelle-t-il. « En regardant des photos récemment, on s'est rendus compte qu'on était une quarantaine de bénévoles. Une autre époque ... » Grâce à la dynamique engendrée par son nouvel outil, le Val-de-Reuil Tennis Squash va connaître un bel essor : l'association frise les 500 adhérents (grâce notamment à des partenariats avec les écoles), l'équipe féminine évolue en Nationale 1, et plusieurs jeunes formés au club font partie des sélections régionales. Récompense de son investissement pendant toutes ces années, Patrick Le Fur reçoit la médaille d’or de la jeunesse et des sports en 2014. Mais la vie d'une association est faite de cycles : le suivant sera un peu moins clinquant, même si le club n'a jamais cessé d'être actif sur le volet des compétitions (que ce soit en termes d'organisation de tournois, ou de participation de ses représentants aux championnats de France). L'arrivée d'Alexandre Marteau en tant que salarié est l'occasion d'imprimer un nouvel élan, malgré la situation actuelle. « À court terme, le projet n'est pas forcément de faire du haut niveau, si ce n'est à travers quelques évènements, mais plutôt d'animer le vie interne du club, » conclut le Rolivalois. « À ce titre, Alex aura un rôle important à jouer, notamment auprès des jeunes avec la restructuration de l'école de squash. L'objectif est qu'il obtienne ses diplômes (tout d'abord le CQP, puis à plus long terme le DEJEPS), et pour ça il pourra évidemment compter sur mon soutien. De manière générale, je suis optimiste, on sent que les gens ont vraiment envie de rejouer dès que ce sera possible. »
VIVEMENT LA REPRISE. Lorsqu'on évoque avec lui ses premiers pas sur un court de squash, l'actuel président du Val-de-Reuil Tennis Squash Serge Palenzuela avoue qu'ils l'avaient rendus « très perplexe. J'avais pratiqué très peu de sports de raquette auparavant, je venais du foot, discipline dans laquelle j'ai été joueur et éducateur. J'étais donc habitué aux grands espaces, et je me demandais comment on pouvait se déplacer dans cette boîte de 60 mètres carrés. Mais progressivement, j'ai appris à apprécier cette discipline, mélange de vitesse, de technique et de tactique – même si en ce qui me concerne je suis un tacticien médiocre (rires). Je dois dire que j'ai été surpris qu'on puisse se dépenser autant dans un espace aussi restreint. » Au-delà des aspects technico-tactiques, Serge Palenzuela a également été séduit par l'ambiance, notamment lors des compétitions. « Il y a vraiment un très bon esprit, les meilleurs joueurs n'hésitent pas à conseiller les autres pour les aider à progresser. C'est une approche à laquelle j'ai immédiatement adhéré. » Petit à petit, il va aussi s'investir dans l'association, passant notamment son BF1. « Patrick m'a demandé de filer un coup de main, et j'ai accompagné des jeunes sur les championnats de France Interligues. » Suite au départ d'Antoine Rabl en 2015, l'association connaît une vacance au poste de président, et pendant deux ans c'est un membre de l'équipe municipale – Benoît Balut – qui occupe le poste. « Personne au sein de l'asso n'était très chaud pour reprendre les rênes, comme ça arrive parfois, » raconte Serge Palenzuela. « Finalement, je me suis laissé tenter, sachant que j'avais l'appui de 5 ou 6 bénévoles très investis. Les choses se sont faites assez naturellement et depuis on essaie de relancer le club, notamment au niveau des jeunes. »
Serge Palenzuela est président de l'association Val-de-Reuil Tennis Squash depuis 2017 (Crédit photo : Nathalie Goossens)
C'est principalement pour cette raison pour laquelle le VRTS a récemment embauché Alexandre Marteau, adhérent depuis 2012. « On espérait avoir la subvention de l'ANS, ça n'a pas été le cas. Pour l'instant, Alex est en CDD mais j'ai bon espoir que cela puisse se transformer en CDI. La bonne nouvelle, c'est que lui et Romain, notre prof de tennis, s'entendent super bien. Ils ne rechignent pas à la tâche et ont lancé une nouvelle dynamique, notamment avec les scolaires. Le regret, c'est qu'on ne puisse pas encore ressentir ces effets positifs à cause de la crise sanitaire. » Même si Serge Palenzuela constate que les adhérents avaient répondu présents lors des quelques mois d'ouverture en 2020, il ne cache pas qu'un éloignement prolongé pourrait devenir problématique. La bonne nouvelle, c'est que lorsqu'ils reviendront, les joueurs Rolivalois découvriront des courts totalement remis à neuf, y compris l'historique n°4. « On ne savait pas que les travaux avaient débuté pendant les fêtes. » s'enthousiasme le président du VRTS. « Le résultat est extraordinaire, merci la mairie ! » C'est également sur ces courts new look qu'auront lieu les prochaines compétitions, dès que ce sera possible. « On souhaite relancer notre open des Amazones, mais en faisant un tournoi du circuit international (PSA), » précise-t-il. « Il y a aussi l'open national normand, après la première édition au Havre ce sera notre tour d'accueillir la prochaine. Dans les deux cas, l'objectif est le même : faire rayonner la discipline et notre région. »
UN CLUB, UN COACH : ALEXANDRE MARTEAU
Depuis le 1er septembre, Alexandre Marteau est le nouveau prof de squash du VRTS, après un parcours professionnel qui ne le prédestinait pas à cette fonction. Portrait.
Les débuts
« J'ai découvert le squash au milieu des années 90, à Évreux. Je devais avoir 15 ans, et c'est ma petite copine qui m'avait emmené au club pendant les vacances. Effectivement, mon premier entraîneur était Patrick Le Fur, sacré clin d'œil puisque je lui succède aujourd'hui. J'ai accroché tout de suite, sans doute que mon passé de tennisman y a contribué. Comme ça se passait bien, Patrick m'a encouragé à intégrer le pôle espoirs du Mans. Le deal, c'était que je devais avoir des notes suffisantes à l'école, et j'y suis parvenu (rires). Concernant le squash, pour être honnête je n'avais pas le niveau des meilleurs mais je suppose qu'ils ont misé sur un potentiel. Parmi mes camarades de promotion, il y avait Luc Ébrard, Romain Suire, Yann Menegaux, Jérémy Drecher et Emmanuelle Le Brun. Malheureusement, j'ai rapidement eu des problèmes de tendinite au genou. On a tout essayé avec les kinés, malheureusement rien n'y a fait et j'ai dû quitter le pôle. Il faut dire que j'avais fait beaucoup de vélo étant plus jeune, et ma musculature, qui n'était pas idéale pour le squash, n'a pas supporté l'intensité et le rythme des entraînements. »
Le squash en filigrane
« Après Le Mans, j'ai mis le squash entre parenthèses pendant pas mal de temps. J'ai ensuite habité sur Paris et j'ai essayé de reprendre quelques fois, mais j'avais toujours mal. Malgré tout, les médecins me disaient qu'il n'y avait de raison d'opérer. Du coup, je me suis mis à fond dans la course à pied, en me disant que je n'avais rien à perdre, si la douleur empirait tant pis. C'est le contraire qui s'est produit, et elle a disparu progressivement. J'ai pu rejouer au squash, et j'ai fait deux saisons en critérium Île-de-France avec l'équipe de Mantes, une belle bande de potes. Ensuite, j'ai commencé à travailler avec mon père dans son entreprise de maçonnerie, puis ma mère est décédée et j'ai de nouveau arrêté le squash pendant quelques temps. Est arrivé un moment où j'ai ressenti le besoin de me défouler, et comme j'habitais à Vernon je me suis rendu au club de Val-de-Reuil. Huit ans après, j'y suis encore (NDLR : il a atteint son meilleur classement, 189ème français, en 2018) ... »
Une opportunité
« Même si comme le disait Patrick c'est pendant mon périple à vélo que mon projet s'est matérialisé (en effet, on a le temps de réfléchir ...), j'avais déjà commencé à y réfléchir auparavant, et j'avais obtenu le BF1 fin 2017. Sur le plan professionnel, je travaillais en intérim depuis 2016 après avoir été contraint de fermer mon entreprise de bâtiment. Pendant notre voyage, nous avons été confinés au Viet-Nam, et c'est à ce moment que ça s'est clarifié dans ma tête. J'ai discuté avec Patrick et le président de l'association Serge Palenzuela, et on s'est décidé à tenter le coup. Évidemment, à l'époque on ne savait pas que la crise sanitaire allait durer aussi longtemps ... Nous avons dû rentrer en France fin mars, et pendant l'été j'ai commencé à travailler au club pour prendre mes marques, avant de prendre mon poste le 1er septembre. »
Alexandre Marteau (à droite) en compagnie de Magali Ballatore, meilleure joueuse Normande et membre incontournable de l'équipe féminine du club depuis de nombreuses années (Crédit photo : Val-de-Reuil Tennis Squash)
L'apprentissage d'un nouveau métier
« Je consacre la moitié de mon temps au développement du squash, et l'autre moitié à la partie administrative pour le squash et le tennis, sachant que la personne qui s'en occupait auparavant était partie depuis un an. Je m'occupe des inscriptions, des dossiers de subvention etc. des choses représentant une grosse charge de travail pour des bénévoles. Malheureusement, nous n'avons pas obtenu la subvention de l'ANS pour mon emploi, sachant que l'objectif est de le pérenniser et que son financement ne repose pas sur les subventions. Concernant le travail sur le terrain, j'ai pas mal de projets : le développement d'un groupe féminin loisirs le lundi soir, et l'encadrement des joueurs qui viennent le midi. Le fait d'être sur place me permet d'échanger avec eux, et j'ai mis à leur disposition une banque d'exercices avec vidéos explicatives. Ils ont bien accroché, et comme la plupart travaillent aux alentours, ça peut être un moyen de nouer le contact avec leurs CE et de proposer des tournois interentreprises à moyen terme. Je propose également des séances de fitness en visio aux compétiteurs, afin de conserver un lien avec eux pendant la crise sanitaire, et j'ai également élaboré un programme d'entraînement sur 6 semaines avec divers blocs (endurance, vitesse/agilité, puissance). Je peux vous dire que la première fois que je me suis retrouvé devant la webcam pour animer une séance, je me suis senti très seul. C'est là qu'on se rend compte que c'est un vrai métier, et qu'il faut passer beaucoup de temps sur la préparation afin d'être crédible. »
Les jeunes, une priorité
« L'une de mes principales missions est de restructurer l'école de jeunes. Avec son travail, Patrick ne pouvait s'en occuper que les soirs de semaine et ce n'est pas idéal. C'est la raison pour laquelle j'ai mis en place trois créneaux le mercredi après-midi, dont un pour le mini-squash (c'est la première fois que le club a un jeune dans cette tranche d'âge !). Même s'il n'y a pas eu autant de séances qu'on l'aurait souhaité à cause du confinement puis de la nouvelle interruption il y a quelques jours, les enfants ont l'air très contents, et les parents aussi. Ça se passe très bien avec Romain, le prof de tennis, qui travaille beaucoup avec les scolaires. On a récemment accueilli plus de 200 jeunes – issus d'une école primaire, du CP au CM2, et de lycées – sur les deux activités, et certains d'entre eux ont manifesté un intérêt. Si ça permet de faire connaître le club, c'est une première étape, et l'objectif ultime serait d'intégrer le squash aux cycles scolaires. Sur le plan personnel, je suis très motivé par cette nouvelle aventure professionnelle, et j'ai la chance que le club ait fait le pari de m'embaucher. Si tout va bien, je devrais bientôt valider mon CQP, et à moyen terme je souhaite suivre la formation DEJEPS. Je me rends compte au fur et à mesure que ce métier me passionne. »
PALMARÈS ET GRANDES DATES
☛ Douze ans après sa création, la section squash du VRTS organise son premier open, en 1999. Le deuxième (en 2000) sera mémorable, avec une finale opposant deux joueurs de l'équipe de France (Alex Muller et Romain Tenant, n°6 et 7 français). La 30ème édition a eu lieu en octobre dernier, et entre les deux dates plusieurs noms connus dans le squash Français ont inscrit leur nom au palmarès : on peut citer pêle mêle Yann Menegaux, Waqar Khan, Johan Westerholm, Yoan Autret, Cyrielle Peltier etc.
Patrick Le Fur entouré de Romain Tenant et Alexandre Muller, finalistes de l'open de Val-de-Reuil en 2000 (Crédit photo : http://vrts.chez.com/)
☛ Alors que le nouveau club n'était pas encore construit, Patrick Le Fur et les bénévoles de l'association avaient organisé deux manifestations d'envergure (en 2002 et 2004), un court vitré étant installé en centre-ville afin d'augmenter la visibilité du squash. « Le maire avait vu des photos de ce type de court lors d'autres évènements, et il a eu envie qu'on fasse la même chose, » raconte Patrick Le Fur. « La deuxième édition avait eu lieu pendant la fête de la ville, et j'en ai beaucoup de souvenirs. Nous avions invité Mathieu Castagnet, champion de France junior en titre, ainsi que l'intégralité de l'équipe de France féminine. De nombreux jeunes se rendaient à pied de leur école jusqu'au site, où ils étaient initiés à notre discipline. Sur le trajet, certains d'entre eux ont eu la surprise de voir les joueuses sortir d'une boulangerie, car elle n'avaient pas eu le temps de prendre leur petit-déjeuner ... Je me rappelle également que Jos Aarts, un arbitre néerlandais avec lequel j'avais sympathisé, était venu avec son camion pour apporter sa sono. C'était du matos de pro, et le son était tellement puissant qu'il masquait celui des autres stands (rires). Du coup, on nous avait demandé de baisser un peu le volume ... »