Actus
FLASH RÉSULTATS : RETOUR SUR LE BLACK BALL OPEN
Événements 17/12/2020Alors que le dernier carré sera 100 % Égyptien ce jeudi au Black Ball Open, on revient sur les performances des cinq Français engagés au Caire.
Aucun n'entre eux n'est parvenu à se hisser en quart de finale, mais les résultats étaient quelque peu passés au second plan après l'annonce du décès d'Enzo Corigliano en début de tournoi.
Article de Jérôme Elhaïk
UN CONTEXTE PARTICULIER
Le dimanche 13 décembre 2020 restera à jamais un jour noir pour la famille du squash Français : cinq de ses membres étaient au Caire pour participer au Black Ball Open lorsqu'ils ont appris le décès d'Enzo Corigliano - qu'ils connaissaient tous depuis de nombreuses années. « Ils en ont beaucoup parlé entre eux, et cette tragédie a évidemment eu un impact sur leurs performances, » indique Renan Lavigne (NDLR : l'entraîneur national est également capitaine de l'équipe de Valenciennes, pour laquelle le Néo-Calédonien jouait depuis 2018). « Grégoire Marche l'a appris juste avant son match, et il a fait preuve d'une grande force mentale pour parvenir à s'imposer contre Nathan Lake. » Les Bleus ont donné le maximum, mais ça n'a pas suffi pour être présent au stade des quarts de finale. Retour sur le dernier tournoi de l'année 2020 sur le circuit principal.
➡️ Après son succès initial face à Nathan Lake (n°40 mondial), Grégoire Marche (n°16) défiait en 1/8è de finale Mohamed Abouelghar (n°12), tombeur de Lucas Serme au premier tour (voir plus loin). Auteur de prestations convaincantes depuis la reprise, le n°1 Français avait la ferme intention de bousculer la hiérarchie mais est tombé sur un Égyptien « dans la zone, » pour Renan Lavigne. « Abouelghar est un joueur qui a d'énormes capacités techniques et physiques, et a déjà réalisé de très grosses performances (en battant Ali Farag et Grégory Gaultier, entres autres). En revanche, il est irrégulier et peut parfois donner beaucoup de points, mais ça n'a pas été du tout le cas sur ce match. Il a tout rentré et Greg, dont on connaît pourtant la combativité et la ténacité, n'a pas trouvé les solutions. » Même si Grégoire Marche échoue aux portes des quarts de finale pour la quatrième fois en quatre tournois depuis septembre, l'entraîneur national estime « que ça va finir par passer, il ne faut pas se focaliser là dessus. Comme je dis souvent aux joueurs, il faut se concentrer avant tout sur le travail, c'est le minimum qu'ils puissent faire. »
Grégoire Marche (en blanc) est tombé sur un Mohamed Abouelghar des grands jours en 1/8è de finale (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)
➡️ Après un premier tour remporté de manière expéditive face à Greg Lobban (n°22), Grégory Gaultier (n°47) était opposé à Diego Elias (n°7) le lendemain. Un match particulier, puisque les deux joueurs s'entraînent ensemble depuis plusieurs mois à Prague (où réside le French General). Ils ont produit un premier jeu de haut niveau, remporté de justesse par le Péruvien (11-9). « C'est vraiment dommage que Greg ne passe pas en tête, ça aurait pu semer le doute dans l'esprit de son adversaire, » commente Renan Lavigne. Même si Elias a contrôlé le reste du match, l'entraîneur national estime que le Français « prend confiance en son jeu un peu plus chaque jour. Il est en train de retrouver davantage de vitesse, d'explosivité et de réactivité. Ce qui lui manque, c'est de jouer davantage de matches à ce niveau. » En attendant, Grégory sera grand favori d'un tournoi Challenger 10 à Prague, dont la finale aura lieu le jour de son 38ème anniversaire (le 23 décembre). S'il tient son rang, il pourrait intégrer le top 40 le 1er janvier. « Greg ne pense absolument pas à son âge, il est déterminé à remonter au classement, » indique son ancien coéquipier en sélection. « Il a failli ne jamais rejouer au squash, je crois qu'il relativise plus qu'avant et veut prendre du plaisir sur le court. »
Dans un match entre partenaires d'entraînement, c'est la jeunesse de Diego Elias (en noir) qui a pris le dessus sur l'expérience de Grégory Gaultier (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)
➡️ Après un beau parcours au Qatar Classic, Lucas Serme (n°36) espérait continuer sur sa lancée au Caire. Opposé à un joueur bien mieux classé que lui mais en manque de confiance (Mohamed Abouelghar), le Parisien en a profité en début de match, menant 10-7 dans la première manche, malheureusement sans pouvoir conclure. « C'est le type même de match où gagner le premier jeu peut faire douter l'adversaire, tout en renforçant sa propre conviction, » estime Renan Lavigne. De son côté, Lucas regrettait « de ne pas avoir saisi les opportunités. Il y avait la place pour faire quelque chose de bien, néanmoins je n'ai pas été assez fort pour garder la tactique en place dans les moments importants. J'ai malgré tout poussé jusqu'au bout. » Il a en effet emmené l'Égyptien au tie-break dans le troisième jeu, mais sans pouvoir prolonger le match. Lucas va maintenant mettre le cap sur la Gironde, où il sera tête de série n°1 du PSA Bordeaux Nord 2020 (Challenger 10). Un club qui lui évoque de bons souvenirs, car il y avait remporté le championnat de France Élite en février dernier.
Lucas Serme (en noir) regrettait de ne pas avoir su saisir ses opportunités face à Mohamed Abouelghar (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)
➡️ Après Paul Coll à Manchester et au Qatar, Baptiste Masotti (n°37) continue de se mesurer aux meilleurs joueurs de la planète. Opposé à Fares Dessouky (n°11), l'un des hommes forts du début de saison, le Niortais lui a causé de sérieux problèmes mais s'est incliné en trois tie-breaks, l'Égyptien gérant globalement mieux les points importants. Baptiste s'est procuré cinq balles de jeu dans la première manche grâce à un démarrage supersonique - surprenant son adversaire avec ses frappes courtes en coup droit - avant malheureusement de perdre les sept points suivants. Renan Lavigne analyse le match de son protégé. « Baptiste a en effet bousculé Dessouky avec sa capacité à descendre la balle, qui a très peu d'équivalent sur le circuit même chez les meilleurs. En revanche, il n'a pas assez varié les hauteurs de balle : il a insisté sur les contre-amorties à l'avant gauche du court, au lieu d'utiliser le lob pour se donner du temps. Ses prises de risque ont également été trop importantes en coup droit, il lui faut varier davantage les zones de frappe. Le débrief devrait être riche, et il y aura de nombreuses pistes de travail : quand on voit les choses que Baptiste fait sur ce match, et celles qu'il ne fait pas, arriver à bousculer l'un des meilleurs joueurs du monde est encourageant car il a une énorme marge de progression. Il est conscient de tout ça, et il lui reste à se mettre en zone d'inconfort à l'entraînement, en insistant sur des choses qu'il n'a pas l'habitude de travailler. Ça ne dépend que de lui, et s'il parvient à passer ces caps il n'a quasiment aucune limite. »
Baptiste Masotti (en blanc) a fait étalage de ses qualités d'attaquant face à Fares Dessouky, mais doit encore gagner en régularité pour pouvoir battre les meilleurs (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)
➡️ En temps normal, affronter Paul Coll (n°4) n'aurait déjà pas été une sinécure pour Victor Crouin (n°46), surtout après avoir appris son intégration dans le tableau au dernier moment. La tâche était encore plus ardue lors de ce dimanche noir pour le squash Français, et il n'a pas pu inquiéter le Kiwi. « On sait tous que Victor est capable de faire mieux, mais il était affecté par le décès d'Enzo, » confie Renan Lavigne. « Ils étaient proches, et se voyaient régulièrement aux États-Unis où ils étudient tous les deux. » Comme Lucas Serme, le Toulonnais sera à Bordeaux dans quelques jours. Si la hiérarchie est respectée, la finale entre les deux joueurs serait un remake de celle du PSA Satellite du Havre fin septembre, remportée par Victor après 1h20 d'un rude combat.
Affecté par le décès de son ami Enzo Corigliano, Victor Crouin (en bleu) n'a pas affiché son visage habituel face à Paul Coll (Crédit photo : Nathan Clarke / PSA World Tour)
BILANS ET PERSPECTIVES ...
Quand on lui suggère que les tournois de l'ère post-covid n'ont pas accouché d'énormes surprises sur le circuit masculin, Renan Lavigne s'estime « tout à fait d'accord. On pouvait penser que les cartes allaient être rebattues, mais ce n'est pas le cas et les meilleurs sont au rendez-vous. » Cette remarque vaut pour les Français : hormis le cas particulier de Grégory Gaultier (absent pendant quinze mois en raison d'une blessure au genou, le French General joue à un niveau bien supérieur à son classement), aucun n'a réalisé de grosse "perf" tout en battant les joueurs inférieurs sur le papier. « Ils sont dans la salle d'attente, » formule l'entraîneur national. « Le problème, c'est qu'il y a peu de tournois et donc moins d'opportunités de se mesurer à des joueurs mieux classés. On est un peu dans une période de stop and go, pour reprendre un terme très utilisé en politique à l'heure actuelle. En tous les cas, je ne crois pas du tout que ce soit une barrière mentale. On a un groupe costaud, qui se tire vers le haut, et je suis convaincu que les gros résultats vont finir par arriver. » Renan Lavigne reconnaît néanmoins que la coupure des fêtes de fin d'année va faire du bien au moral des troupes. « On est sur le pont depuis le 18 mai, » précise-t-il. « Ces derniers mois ont été éprouvants pour les joueurs en raison des incertitudes liées au calendrier, des tests, des protocoles sanitaires stricts pendant les tournois, sans oublier que les rapports humains ont changé et sont moins chaleureux qu'auparavant. Maintenant, on a très peu de visibilité sur les prochaines compétitions et la période de janvier à mars s'annonce encore compliquée. » En attendant, 24 joueurs Français savent qu'ils seront en Gironde de samedi à lundi, pour le PSA Bordeaux Nord 2020.
Nous vous proposerons un compte-rendu à l'issue de chaque journée, et vous pourrez également suivre tous les matches en streaming sur la page Facebook du SquashBad33 à partir de samedi à 11 heures.