C'était l'occasion de faire le point avec la Cristolienne, près de deux mois après sa dernière apparition sur le circuit : le tournoi à venir, son début de saison et la situation actuelle, la numéro 4 mondiale a accepté de balayer tous les sujets.

Propos recueillis par Jérôme Elhaïk

Camille, ton dernier match remonte au quart de finale du CIB Egyptian Open face à Hania El Hammamy, le 14 octobre. Qu'est-ce que tu as fait depuis ? 

Juste après le tournoi, on est partis une semaine à Dubai avec Quentin (NDLR : son mari, kayakiste professionnel). On s'est fait plaisir en descendant dans un très bel hôtel, qui possède un parc aquatique. Ça faisait quelques temps qu'on n'avait pas pris de vacances, ça nous a fait du bien car on avait tous les deux besoin d'un break.

Quand tu pars en vacances, tu fais un peu de sport pour t'entretenir ?

Normalement oui, mais là non (rires). Comme je le disais, j'avais besoin de couper. Et ça ne m'a pas empêché de me sentir bien physiquement à mon retour.

À peine rentrée de Dubaï, tu as pris la direction du pays Basque pour rejoindre tes partenaires d'entraînement et votre coach Philippe Signoret. 

Effectivement, on a atterri le dimanche et dès le lendemain je partais pour Biarritz. La semaine de stage était axée sur les thématiques de la mobilité, de la posture et de la souplesse. Nous avons bénéficié des conseils de Christian Ohet, un ostéopathe que Philippe connaît depuis longtemps. Il travaille sur « l’atelier du mouvement » et nous a montré des exercices qui étaient nouveaux pour nous. C'était très intéressant et on en a retiré des routines que nous utilisons désormais au quotidien. Une fois rentrés à Créteil, on a continué à mettre tout cela en application sur le court, notamment en ce qui concerne le travail de fentes

Lors de leur stage à Biarritz, Camille Serme (en vert) et les filles du pôle France ont bénéficié des conseils d'un spécialiste en posturologie (Crédit photo : Camille Serme)

Malgré les restrictions sanitaires et le reconfinement, on sait que les sportifs de haut niveau peuvent continuer à s'entraîner. Comment est-ce que vous vivez cette période ?

Sur le plan pratique, le club de Créteil ouvre spécialement pour nous mais comme il ferme à 18 heures, les séances ont lieu plus tôt que d'habitude. Depuis la reprise des tournois début septembre, on faisait déjà attention à ne pas voir trop de monde pour minimiser les risques. Avec le reconfinement la question ne se pose plus ... D'un côté, on mesure la chance qu'on a de pouvoir s'entraîner, mais de l'autre il ne faut pas oublier que c'est notre métier : comme tout le monde, on a l'impression de ne rien faire en ce moment à part consommer et travailler. Le fait de n'avoir aucun loisir est un peu pesant par moment.

« Ne rien pouvoir faire en dehors du squash, c'est un peu pesant par moment »

Depuis début septembre, la ligue professionnelle a été en mesure de programmer quelques tournois, dans des conditions évidemment très strictes. Tu y es désormais habituée ? 

Tout à fait. On a découvert toutes les mesures mises en place lors du premier tournoi à Manchester, et depuis on a pris nos marques. 

Ces compétitions concernent principalement les top players comme toi, mais les joueurs moins bien classés n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent en ce moment.

J'en suis d'autant plus consciente qu'à Créteil, je côtoie tous les jours des joueurs et joueuses qui se trouvent dans cette situation. On essaie de les rassurer, en leur disant que tout le travail effectué ces derniers mois n'est pas inutile et leur servira à long terme. Néanmoins, c'est dur pour eux de ne pas avoir la carotte (sic) de la compétition.

Comme tous les joueurs et joueuses, Camille porte le masque avant d'entrer sur le court : ce sont des images auxquelles nous sommes désormais habitués (Crédit photo : PSA World Tour/Nathan Clarke)

Avec cette coupure d'un mois et demi, tu as dû avoir le temps d'analyser ton début de saison (NDLR : Camille a atteint la finale à Manchester, a été éliminée en phase de poules aux PSA World Tour Finals puis en quart de finale au CIB Egyptian Open) ?

Effectivement, à mon retour nous avons eu des discussions avec Philippe, ainsi qu'avec mon préparateur mental, pour faire le point. Le premier tournoi à Manchester avait été positif dans tous les domaines : j'ai eu l'impression de progresser sur le plan mental, et malgré l'absence de Philippe à mes côtés, j'ai été capable de trouver les solutions tactiques à chaque tour. En finale, j'ai simplement payé l'enchaînement des matches. Malheureusement, je suis un peu retombée dans mes travers aux finales du World Tour, en gérant très mal la pression lors du dernier match de poule contre Amanda Sobhy.

« Ma prestation lors de mon dernier match contre Hania El Hammamy m'a plutôt rassurée »

Ensuite, il y a eu ce quart de finale perdu face à Hania El Hammamy au CIB Egyptian Open (NDLR : perdu en cinq manches, après 91 minutes de jeu) ? 

Comme d'habitude entre nous, ça a été un gros combat. Ça s'est joué à des petits détails, notamment tactiques. J'avais un peu peur d'avoir fait un pas en arrière lors du tournoi précédent, et cette prestation m'a plutôt rassurée. 

Hania a remporté vos quatre affrontements dans son pays, alors que tu as gagné les six autres. Coïncidence, ou pas ?

Personnellement, ça ne me dérange pas de jouer en Égypte, mais c'est certainement un "boost" pour elle. Même si lors des deux derniers tournois il n'y avait pas de coaching entre les jeux, son staff était dans les tribunes pour la soutenir et je pense que ça l'a aidé. La preuve, c'est qu'à Manchester elle était seule et je ne suis pas passé loin de gagner 3-0.

Au CIB Egyptian Open, le match entre Camille Serme et Hania El Hammamy a une nouvelle fois été un énorme combat, dont la jeune Égyptienne est sortie vainqueur (Crédit photo : PSA World Tour/Nathan Clarke)

Projetons nous maintenant sur le tournoi à venir : tu seras un peu chez toi au Black Ball Sporting Club, n'est-ce-pas ? 

Effectivement, on avait officialisé les choses lors du dernier tournoi disputé ici il y a quelques mois : je représente le club en championnat d'Égypte par équipe, même si je n'ai pas encore pu disputer de rencontre en raison de la crise sanitaire. Les premiers contacts remontent à l'open d'El Gouna en 2019, c'est son directeur Ashraf Hanafi qui était venu parler à Philippe pour savoir si c'était envisageable.

En revanche, le tirage n'a pas été des plus heureux pour le clan Tricolore : tu seras opposée à ta partenaire d'entraînement Mélissa Alves en ouverture. 

Même si on en a rigolé en disant qu'on pourrait jouer le match à Créteil, la vérité c'est qu'on était dégoûtées quand on a pris connaissance du tableau. Ce tirage, c'est vraiment la poisse, surtout qu'on sera les deux seules Françaises au Caire (voir ci-dessous LE BLACK BALL OPEN EN UN CLIN D'ŒiL). 

Comment prépare-t-on ce genre de matches, est-ce qu'on change ses habitudes ? 

Déjà, il faut dire que je ne me suis pas entraînée avec Mélissa ces derniers jours, car elle est partie en Égypte plus tôt. Ensuite, oui on essaie d'aborder ce type de matches comme tous les autres, en faisant de l'analyse vidéo lors de la préparation etc. Le contexte est évidemment particulier, donc c'est le genre de choses dont on discute avec mon préparateur mental en amont. Concernant l'avant-match, de toute façon on ne pourra pas se voir avec les restrictions mais on va s'échanger des messages. Comme on a le même équipementier, il faudra se mettre d'accord sur les tenues qu'on va porter (rires).

Comme en mars dernier, Camille affrontera sa partenaire d'entraînement Mélissa Alves en 1/16è de finale du Black Ball Open (Crédit photo : PSA World Tour)

Une fois sur le court, il peut t'arriver de te souvenir que tu joues contre une amie ? 

On essaie évidemment de faire abstraction. La seule différence, c'est que si pendant le match il y a un contact violent, je vais m'inquiéter de savoir comment elle va alors que ce ne serait pas forcément le cas contre une autre joueuse.

« Objectivement, j'ai un tableau plus abordable que lors de mes précédents tournois »

Après ta défaite devant les pyramides, tu avais avoué en avoir un peu marre de croiser tout le temps la route d'Hania El Hammamy. Tes vœux ont été exaucés, es-tu d'accord que ton tableau au Black Ball Open est intéressant ? 

Si on le regarde objectivement, oui il est plus abordable que lors de la plupart de mes tournois précédents, tout simplement parce qu'affronter Hania en 1/8è ou en quart de finale c'était à chaque fois le pire tirage possible. Néanmoins je vais me méfier de tout le monde, et il y a des joueuses dangereuses dans ma partie de tableau comme Yathreb Adel, avec laquelle j'ai déjà eu des matches accrochés (NDLR : l'Égyptienne a déclaré forfait ce jeudi), ou encore Sarah-Jane Perry et Joshna Chinappa, que je n'ai pas affrontées depuis quelques temps. Et j'ajouterai que jouer Mélissa au premier tour, ce n'est pas le tirage le plus facile. 

Le fait qu'il n'y ait pour l'instant aucun tournoi inscrit au calendrier après celui-là lui donne-t-il une importance particulière ? 

Il ne faut pas penser comme ça, ce serait se mettre une pression supplémentaire et je ne veux pas tomber dans ce piège. Par rapport aux tournois à venir, on n'a pas plus d'infos que ça de la part de la PSA. Pour en avoir discuté avec Alex Gough (NDLR : PDG de la ligue professionnelle) en Égypte, je crois qu'ils sont un peu dans le flou, comme nous. Notamment pour la tournée Américaine, dont la tenue semble hypothétique.

 

Il faudra attendre encore un peu avant de revoir Philippe Signoret aux côtés de Camille Serme pendant un tournoi (Crédit photo : Lauranne Rochais)

Tu serais prête à disputer à nouveau des tournois en France, comme tu l'avais fait l'été dernier ? 

Pourquoi pas, à condition que ce soit des opens nationaux. Concernant le circuit PSA, c'est toujours le même problème pour les joueuses de mon classement, si on fait des tournois de moindre catégorie, même si on les gagne ça fait baisser notre moyenne. 

À plus court terme, quel sera ton programme après le tournoi, aussi bien pour l'entraînement que les fêtes de d'année ? 

Concernant les prochaines semaines, on n'en a pas encore discuté avec Philippe, on verra après la compétition. J'ai l'avantage d'être proche géographiquement de ma famille, les fêtes de Noël seront faciles à organiser et on se réunira certainement en petit comité. Pour le nouvel an, je suis comme la plupart d'entre vous, je ne sais pas encore ce que je vais faire et ça se décidera au dernier moment. 

Pour terminer sur une note plus joyeuse, tu as profité du reconfinement pour poster de nouvelles chansons sur les réseaux sociaux, notamment une interprétation de Fallin d'Alicia Keys, que j'ai trouvée très réussie. Tu as le sentiment de progresser dans cet exercice ? 

Merci ! Je n'ai pas encore eu le temps de prendre les cours de chant que ma famille m'a offert pour mon trentième anniversaire, mais je suppose que c'est comme au squash : à force de s'entraîner et de pratiquer, on s'améliore ... 

Peux-tu nous dévoiler en avant-première l'identité de ta prochaine chanson ? 

Je ne sais pas encore, je choisis selon mon humeur du moment. Et ça dépendra aussi des commandes que je reçois (rires), car depuis quelques temps des gens m'envoient des messages me demandant d'interpréter une chanson en particulier ! 

Suivez la compétition sur les supports officiels de la PSA (Site Web - Facebook - Twitter - Instagram) ainsi que sur le compte Instagram de la FFSquash

 Rendez-vous jeudi prochain, pour la présentation du tableau masculin du Black Ball Open (qui se déroulera du 13 au 18 décembre).