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STAGE HAUT NIVEAU : SOUS LE SIGNE DE LA TRANSMISSION

Événements 16/11/2020

La semaine dernière, la FFSquash a organisé un stage masculin inédit.

La quasi totalité des joueurs Français inscrits dans une démarche de haut niveau et issus de plusieurs générations, se sont retrouvés à Aix-en-Provence. Retour sur ces quelques jours marqués du sceau de la transmission.

Article de Jérôme Elhaïk

UNE GRANDE PREMIÈRE

17 joueurs et 6 entraîneurs, sans oublier d'autres membres du staff (préparateur physique, kiné etc.) : Frédéric Lecomte, qui a intégré la FFSquash il y a presque 30 ans, affirme qu'un stage de ce type « est une première pour le squash Français. L'idée a fait son chemin suite a des remarques et des discussions avec différentes personnes, y compris les jeunes, » explique celui qui est aujourd'hui responsable du haut niveau. « On n'avait pas forcément prévu que ce soit aussi tôt dans la saison, néanmoins la situation actuelle nécessite de faire preuve d'adaptabilité : pour preuve, le stage devait avoir lieu dans le cadre de l'open national de Dijon, mais celui-ci a été reporté et il a fallu changer notre fusil d'épaule. On s'est rabattu sur le CREPS, et tout a été réorganisé en une semaine. » 

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Responsable du haut niveau à la FFSquash, Frédéric Lecomte voit évidemment d'un bon œil la tenue de ce stage inter-générationnel (Crédit photo : Christian Lortat)

Si la majorité des joueurs et du staff étaient déjà sur place, car appartenant aux pôles France et espoirs PACA, d'autres les ont rejoints en provenance de la région Parisienne et de La Rochelle. « Il ne manquait que Grégory Gaultier, qui réside à Prague, Sébastien Bonmalais (NDLR : touché par la covid-19, le n°9 français se ressource chez lui, à La Réunion), ainsi que 2 ou 3 jeunes supplémentaires que l'on aurait aimé convier, mais il y a seulement 5 courts au CREPS et il fallait limiter les effectifs. » Au menu, du travail sur le court bien sûr, avec de la confrontation dont certains sont privés actuellement en raison de l'absence de compétitions. Ainsi que des partages d'expérience entre les anciens et les jeunes, ainsi que des échanges entre les coaches. « Ils ont pu confronter leurs opinions (notamment les entraîneurs fédéraux avec les autres), lever d'éventuelles incompréhensions et définir les points à améliorer, » ajoute Fred Lecomte. Cette expérience sera certainement amenée à être renouvelée, « mais avant cela il faut faire la même chose pour les filles, c'est-à-dire réunir les équipes de France senior et junior pour que les jeunes puissent profiter de l'expérience de leurs aînées. Idéalement, il faudrait qu'un stage de ce genre ait lieu une fois par an. »

IMPRESSIONS

Stéphane Brévard (responsable du centre d'entraînement régional de La Rochelle)

« Je me souviens que j'avais eu des échanges avec Yann Menegaux lors du British Junior Open début 2020. Il en ressortait que si pour les plus jeunes, les choses étaient très structurées avec le PAHN (programme d'accession au haut niveau), c'était un peu moins le cas pour les catégories supérieures ainsi que les joueurs de moins de 23 ans, qui essaient de se lancer en pro. Ce stage est donc une très bonne chose, et il a parfaitement répondu aux attentes : en termes de confrontation sur le court ou des échanges que nous avons eus, que ce soit les joueurs entre eux ou nous les entraîneurs. Pour mes jeunes, c'est une semaine riche d'enseignements, à tous les niveaux. Une fois le stage terminé, Renan Lavigne leur a fait découvrir le Wattbike, un outil dont nous ne disposons pas à La Rochelle et qui peut remplacer une séance de ghosting. Ils ont également bien observé les joueurs professionnels lors de leurs séances de mobilité, de renforcement musculaire et de prophylaxie, ce sont des choses qu'ils vont pouvoir appliquer dans leur quotidien. Concernant la période que nous traversons actuellement, chacun la vit différemment : certains sont un peu dans le flou, d'autres la gèrent plutôt bien et d'autres encore sont déjà projetés vers l'avenir. Le point positif, c'est que le stage soit les a reboostés, soit les a renforcés dans leurs certitudes. »

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Stéphane Brévard (à droite), aux côtés de Renan Lavigne et Mehdi Renai (Crédit photo : Malcolm Tullis) 

Lucas Serme (n°5 français, s'entraîne au Squash 95 avec Mehdi Renai) 

« Globalement, ce stage était très positif. On aurait aimé avoir encore plus de temps, par exemple pour avoir davantage de confrontation entre les joueurs du groupe senior. D'un autre côté, je suis conscient que dans la situation actuelle, les entraîneurs ont dû s'organiser au dernier moment. Je connaissais déjà certains jeunes mais pas tous, ça m'a donc permis de mettre des visages sur des noms. En termes de squash, je trouve que leur niveau est intéressant, et ils ont posé des questions pertinentes lors des partages d'expérience - dont certaines auxquelles on ne pense pas forcément ... On sent qu'ils ont envie d'apprendre. On a abordé des thèmes comme la transition entre les circuits junior et senior, les modalités d'inscription pour un tournoi PSA, les routines d'avant- et d'après-match, la gestion de la pression etc. On a également parlé du double projet et c'est vrai que pour certains, notamment ceux qui passent leur bac, la période peut être propice pour se mettre à fond dans les études. Ils n'ont aucune compétition en ce moment et c'est difficile, cependant on a essayé de les inciter à rester positif. On leur dit qu'ils ont le temps, ce qui est en partie faux car le temps on court tous après, et si un joueur peut être numéro 1 mondial à 18 ans il ne doit pas s'en priver (rires). Mais la situation va finir par revenir à la normale et des occasions de disputer des tournois, ils en auront à nouveau. Oui, je me rends compte que je suis passé de l'autre côté de la barrière et que je suis maintenant un joueur expérimenté. En ce qui me concerne, je n'ai pas eu un mentor en particulier quand j'étais plus jeune, j'ai pris des conseils un peu partout : il y a eu Thierry Lincou, qui était encore à Aix quand j'étais au pôle, et quand j'ai débuté en équipe de France j'étais également entouré de Grégory Gaultier et Julien Balbo. »

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Lucas Serme (à gauche) et Edwin Clain (Crédit photo : Malcolm Tullis) 

Edwin Clain (n°11 français, s'entraîne au pôle France de Créteil aux côtés de Malcolm Tullis)

« Je ne peux pas parler au nom de tout le monde, mais personnellement j'ai beaucoup aimé ce stage. Il m'a été très bénéfique, aussi bien grâce aux partages d'expérience qu'au travail sur le court : je m'entraîne toujours avec les mêmes joueurs à Créteil, et pour moi les tournois sur le circuit international sont habituellement les seules opportunités d'être confrontés à des styles de jeu différents. Et oui, il y a plein de choses que j'ai découvertes et que je vais appliquer dans mon entraînement au quotidien : des exercices sur des muscles spécifiques, du travail de respiration etc. que je ne faisais pas tout simplement parce que je n'avais pas les connaissances. Effectivement, le fait d'entendre mon nom dans le groupe senior m'a fait réaliser, s'il en était besoin, que je ne faisais plus partie des juniors. Je ne sais pas si on peut dire que j'ai un rôle de mentor, mais j'ai été amené à partager mon expérience du circuit international avec les plus jeunes, par exemple Brice Nicolas et Léo Blin. Personnellement, j'ai côtoyé de nombreux joueurs professionnels pendant ma formation à Créteil, tout le monde n'a pas cette chance : je pense à Auguste Dussourd, Camille et Lucas Serme et surtout Coline Aumard qui a été mon entraîneur pendant plusieurs années. Ils m'ont tous servi de source d'inspiration. »

Macéo Levy (champion de France -17 ans, membre du pôle espoirs d'Aix-en-Provence)

 « Personnellement, j'ai adoré ces quelques jours de stage. Déjà, il y a eu la confrontation sur le court, qui est très bénéfique surtout en cette période sans tournois. Je ne sais pas si on peut dire qu'on apprend plus vite en se mesurant à des joueurs plus forts que soi, par contre on se rend compte du fossé qui nous sépare. Chez les pros, ça va plus vite, et il y a plus d'intensité et de poids dans la balle. Du coup, ça permet d'orienter des pistes de travail, et en ce qui me concerne je sais que je dois bosser la vitesse de bras et apprendre à m'organiser plus rapidement sur le court. Les échanges avec les joueurs plus âgés, comme Grégoire Marche et Baptiste Masotti, ont également été très intéressants, notamment eu égard à l'aspect motivationnel. Ils nous ont encouragé à construire à notre propre expérience, en découvrant de nouvelles choses et en sortant de notre zone de confort. Enfin, ce qui m'a marqué c'est que le squash est vraiment une famille : certains venaient de loin pour ce stage, mais quand ils ont retrouvé les autres on avait l'impression qu'ils ne s'étaient jamais quittés. »

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Macéo Levy (au premier plan à gauche) a apprécié les échanges avec ses aînés (Crédit photo : Malcolm Tullis) 

ET MAINTENANT ? 

Après cette belle parenthèse Aixoise, tous les protagonistes ont retrouvé un quotidien chamboulé par la situation actuelle.

Macéo Levy voit dans cette période « une opportunité de remettre en cause ses fondamentaux, que ce soit sur le plan sportif ou scolaire. Concernant le manque de confrontation, je suis peut-être moins concerné que d'autres, car je viens d'intégrer le pôle espoirs et j'en ai déjà plus qu'avant ... » « On a la chance que le club soit ouvert pour nous, et j'en profite pour remercier Damien Habouzit (NDLR : gérant du Squash Club La Rochelle), » indique de son côté Stéphane Brévard. « Il faut voir le bon côté des choses : habituellement, on est obligés de travailler tous les domaines en même temps, alors que là on peut décomposer et aller en profondeur dans la maîtrise technique, le développement physique etc. Néanmoins, l'absence de compétitions constitue indéniablement un manque. Personnellement, j'aime bien accompagner les jeunes sur les tournois, et c'est aussi un critère essentiel pour évaluer la qualité du travail. » Fred Lecomte regrette également l'absence de confrontation pour les jeunes, « et les perspectives ne sont pas bonnes pour le circuit européen, » souligne-t-il. « Pourquoi ne pas imaginer avoir quelques tournois PSA Challenger en France, comme c'est le cas actuellement en Suisse ? Mais avant de l'envisager, il faut évidemment que dans un premier temps, les restrictions sanitaires soient allégées. » Edwin Clain a justement disputé l'un de ces tournois en terre Helvétique il y a quelques semaines, atteignant les quarts de finale. « Pendant le confinement, j'avais accepté le fait qu'il n'y ait pas de compétition, » confie le Cristolien, « Le fait d'aller en Suisse m'a donné l'impression que c'était reparti pour de bon, et cette nouvelle interruption est frustrante ... » En attendant de retrouver le circuit international, Edwin retournera à Aix dans quelques jours pour une session de la formation DEJEPS. « J'ai obtenu ma licence STAPS l'année dernière, mais c'était trop compliqué de mener de front ma carrière professionnelle et une maîtrise. Du coup, je me concentre sur l'obtention du diplôme d'entraîneur. »

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Après une belle semaine de partage, les joueurs Français ont retrouvé leur quotidien (Crédit photo : Malcolm Tullis) 

Comme les autres membres du top 50 mondial (il est actuellement 38ème), Lucas Serme a eu l'opportunité de participer à plusieurs tournois depuis début septembre. « Je ne suis pas certain d'intégrer le tableau pour le prochain (NDLR : le Black Ball Open, à la mi-décembre), mais je croise les doigts et si ce n'est pas le cas je me tournerai vers 2021, » affirme celui qui a récemment atteint les 1/8è de finale du Qatar Classic. « J'étais très satisfait, j'avais un bon tableau et j'ai su saisir cette opportunité (ce qui n'avait pas été le cas la saison dernière). J'ai fait un match correct contre Joel Makin, et je pense même qu'il y avait mieux à faire. En tous les cas, avec le contexte actuel on apprend et on grandit, y compris dans sa vie en dehors du squash. Le principal enseignement, c'est qu'il faut s'adapter au jour le jour. Et je n'oublie pas que je ne suis pas le plus à plaindre, ce n'est pas comme si j'avais une entreprise qui risquait la faillite. »

Ont participé au stage, de gauche à droite : debout, Renan Lavigne (entraîneur), Malcolm Tullis (entraîneur), Benjamin Aubert, Yann Perrin (entraîneur), Laszlo Godde, Mehdi Renai (entraîneur), Edwin Clain, Stéphane Brévard (entraîneur), Léo Blin, Auguste Dussourd, Laouenan Loaëc, Manuel Paquemar, Baptiste Masotti, Baptiste Bouin, Mathieu Castagnet, Macéo Levy. Accroupis : Grégoire Marche, Victor Crouin, Paul Gonzalez, Lucas Serme, Toufik Mekhalfi, Brice Nicolas, Yann Menegaux (entraîneur) 

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Crédit photo : Malcolm Tullis

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