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LE CLUB DE LA SEMAINE : JEU DE PAUME (PARIS)

Promotion 06/11/2020

Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".

Ce vingt-et-deuxième épisode est consacré à l'emblématique club du Jeu de Paume à Paris, qui abrite les plus anciens courts de squash de l'hexagone.

Article de Jérôme Elhaïk

UN CLUB PAS COMME LES AUTRES

UN PEU D'HISTOIRE. Lorsque l’on arrive devant la petite façade, difficile de croire qu’on est sur le point de rentrer dans un club de squash, si ce n'est l'enseigne Société Sportive du Jeu de Paume et de Racquets sur la porte. Crée en 1908, il est perché au dernier étage d’un immeuble de la rue Lauriston, entre l’Arc de Triomphe et le Trocadéro. À l'origine, il y avait deux courts de paume, mais l'un d'entre eux a été remplacé par quatre courts de squash en 1927, soit les premiers dans l'hexagone. Depuis, il a conjointement développé les deux activités - pratiquées à haut niveau par des joueurs et joueuses de tous les âges – et la structure compte aujourd’hui 300 adhérents environ. Il n’est pas rare d’y croiser des hommes politiques et artistes : Gad Elmaleh a été membre de l'association pendant quelques années et en 2015, l’acteur Hugh Jackman (connu mondialement pour son rôle de Wolverine dans « X-Men ») était venu y jouer au squash. On se souvient aussi que Gérard Lanvin avait réalisé une interview pour le magazine Paris Match sur le court de paume. La particularité du Jeu de Paume est qu’il est encore aujourd'hui une association loi 1901 sans but lucratif, dont le principal objectif est de gérer le fonctionnement dans l'intérêt de ses membres, par exemple en rénovant ou en améliorant les installations du club. Depuis 2012, l'un des courts de squash est doté d’un mur vitré qui permet d'assister aux matches depuis le bar. L’association héberge également ainsi des compétitions et manifestations de prestige (voir ci-dessous PALMARÈS ET GRANDES DATES).

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Au premier abord, on a du mal à croire que le Jeu de Paume est un club de squash ... (Crédit photo : https://www.architectes-paris.com/)

D'UN CHAPITRE À L'AUTRE. C'est un euphémisme de dire que Johan Westerholm, vice-président de la Société Sportive du Jeu de Paume et de Racquets, et l'un de ses rouages essentiels, connaît bien le milieu du squash. Le Suédois a découvert la discipline dans son pays « dans les années 70. Elle est arrivée chez nous un peu plus tôt qu'en France, et il y a une expansion très rapide, un peu comme le padel aujourd'hui, » raconte ce quinquagénaire polyglotte. « De mon côté, je cherchais quelque chose de plus original que le hockey sur glace, et j'étais plutôt porté sur les sports individuels. Nous avons eu quelques joueurs professionnels à la fin des années 70 et au début des années 80, en particulier Lars Kvant qui atteint le 12ème rang mondial, et Leif Leiner, qui comme moi a évolué en France par la suite. » Une fois son bac en poche, Johan Westerholm va suivre les traces de ses aînés et se lancer sur le circuit international. Après une année en Allemagne, il est basé en France à partir de 1982, et joue pour l'équipe de Saint-Cloud. « Je pensais que ça ne durerait que deux ans, mais finalement j'ai joué en PSA de 1983 à 1987, » se souvient celui qui était assimilé numéro 1 français pendant toute cette période. « J'ai passé un an dans le top 50 mondial, avec une pointe au 42ème rang, j'ai gagné quelques tournois et j'ai participé à deux championnats du monde. Ensuite, j'ai ralenti pour reprendre mes études. » Sa reconversion l'amènera à être agent de joueurs de tennis (entres autres, de son compatriote Stefan Edberg) au sein de l'entreprise ProServ, puis il émigre en Suisse dans les années 90. « J'ai arrêté le squash pendant 10 ans, » confie le Suédois. « J'ai repris lors de mon retour à Paris en 2002 : j'ai emménagé à 250 mètres du Jeu de Paume, un club que je connaissais évidemment, notamment pour y avoir disputé l'open de Paris à la fin des années 80. »

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Johan Westerhom (à droite, ici lors de la remise des prix de l'open de Paris IG 2016 en compagnie du vainqueur Chris Simpson) est vice-président de l'association depuis une dizaine d'années (Crédit photo : Jeu de Paume)

Vice-président de l'association depuis 2006, Johan Westerholm a conscience de faire partie d'un club unique en son genre. « Même après toutes ces années, ça me fait quelque chose à chaque fois que je monte les escaliers qui mènent au dernier étage. C'est effectivement un endroit spécial : non seulement les courts de squash sont les plus anciens de France, mais surtout la paume (que je ne pratique que très peu, je m'y mettrai peut-être quand j'aurai arrêté le squash) est l'ancêtre de tous les sports de raquette ! C'est un petit bijou, et le fait d'être une association nous permet de le faire perdurer. Si c'était géré par une entreprise, avec pour objectif de rentabiliser tout cet espace, ce serait tout sauf ça (rires) ... À l'inverse, nous avons l'obligation de proposer un service de qualité à nos adhérents. » Le club a récemment connu un changement important, avec l'arrivée de Lilian Vimal de Murs au poste de responsable administratif (voir ci-dessous). « La vie est faite de chapitres qui s'ouvrent et se referment, » confie Johan Westerholm. « Au Jeu de Paume, il y a eu la famille Masip des années 60 à 2000, puis les Mandil de 2005 à 2020. Danny Mandil a fait beaucoup de bien, et à nous deux je pense que nous avons réussi à dynamiser la vie sportive du club, ce qui était ma mission en tant que vice-président. En ce moment, c'est un peu une période de transition après les années fastes de 2008 à 2017, notamment pour l'équipe masculine. L'ossature qui la composait n'est plus toute jeune (je pense à moi, Xavier Auguet ou encore Julien Bey) et le choix de faire appel à un jeune correspond à notre volonté de changer notre image de club de vieux (rires), qui il faut le dire est en partie justifiée. Lilian va amener de nouvelles idées et une dynamique, et l'un de nos objectifs est d'organiser à nouveau des tournois nationaux et internationaux. Concernant la période actuelle, notre situation est certainement moins compliquée que celle d'autres structures en France, mais nous avons également des salariés et un loyer à payer. On espère tous que les choses vont rentrer dans l'ordre le plus rapidement possible. »

UN NOUVEAU VISAGE. Comme mentionné plus haut par Johan Westerholm, le Jeu de Paume a opéré un virage important il y a quelques mois, avec la prise de fonction de Lilian Vimal de Murs en tant que responsable administratif. Un poste auquel ce jeune homme de 24 ans n'était pas prédestiné au vu de son cursus universitaire, ponctué d'un master en lettres à la Sorbonne. « Comme je n'avais finalement ni envie d'être prof ni poète (rires), je me suis dirigé vers autre chose et j'ai travaillé dans la communication. Mais ça avait un côté trop éphémère pour moi, j'étais à la recherche de quelque chose de plus concret. » L'opportunité va se présenter fin 2019 au Jeu de Paume, dont il est adhérent depuis trois ans. « Le club cherchait quelqu'un pour remplacer Danny Mandil, donc j'ai proposé de servir de rustine (sic) dans un premier temps, d'autant que j'envisageais plutôt de reprendre des études. La période d'essai s'est bien passée et j'adore ce que je fais, ça s'est donc transformé en CDI. » Le squash, Lilian l'a découvert il y a une dizaine d'années, à Monaco. « J'ai pratiqué d'autres sports auparavant. Par exemple le rugby, mais j'ai tout de suite réalisé que ce n'était pas pour moi quand j'ai vu un adversaire me courir après (rires). C'est ma tante qui m'a poussé à faire du squash, et j'y ai tout appris aux côtés de Patrick Rubino (NDLR : figure emblématique de la discipline à Monte-Carlo). » C'est d'ailleurs ce dernier qui l'oriente vers le club de la rue Lauriston lorsque Lilian émigre vers la capitale. « Il le connaissait bien, notamment pour y avoir perdu une finale de championnat de France face à Denis Grozdanovitch, un surdoué de la raquette. C'est amusant car Monte-Carlo est le plus ancien club de squash de France après le Jeu de Paume, et ce sont les deux seuls pour lesquels j'ai joués jusqu'à présent ! » 

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Contrairement aux apparences, Lilian Vimal de Murs ne doute pas d'avoir fait le bon choix en acceptant le poste de responsable administratif du Jeu de Paume (Crédit photo : Lilian Vimal de Murs)

« Le Jeu de Paume, c'est un club pas comme les autres et j'ai évidemment été séduit par le cadre, » ajoute-t-il. « Ce sont ses membres (tous licenciés auprès de la Fédération, nous avons 200 pour le squash), qui constituent son essence, ce qui n'est pas forcément le cas dans une salle de sport classique. Ici, on peut venir ici uniquement pour prendre un verre, même si on ne joue pas. Même si nous ne sommes pas propriétaires des murs (qui appartiennent à plusieurs familles, qui ont toutes de petites parts) et payons donc un loyer, le club est géré par l'association et son comité. » Depuis le mois de février, Lilian Vimal de Murs en est un maillon essentiel. « Mon rôle de responsable administratif consiste en plusieurs tâches, » précise-t-il. « Il y a les ressources humaines, car nous avons tout de même six salariés. Ensuite, il y a les relations avec les fournisseurs, que ce soit pour le bar ou le pro shop. Étant moi-même joueur (NDLR : actuellement classé 3A, il avait fait partie du top 200 en 2018), la partie sportive m'intéresse également beaucoup et j'ai la responsabilité de l'animer. Ça passe par des évènements comme les tournois, mais aussi des initiations à l'arbitrage, car on constate que beaucoup ne connaissent pas les règles (rires) ... Le squash étant, à mon sens, une niche plutôt qu'un sport de masse, il faut trouver des angles nouveaux et intéressants pour la base de joueurs existante, puis essayer de la développer. » Parmi ces joueurs, il y a les jeunes, qui sont une trentaine au Jeu de Paume. « Pour les cours individuels adultes, nous avons Johan Bouquet, de retour au club depuis quelques mois, et Sohail Khan, qui a remplacé John Elstob. Ils ne sont pas là depuis longtemps et la période actuelle ne facilite pas les choses, mais ça se met en place. Concernant les jeunes, c'est moi qui m'occupe de l'école de squash le mercredi. Je le faisais déjà de temps en temps à Monaco, mais ce n'est pas mon métier. Ça ne rentre pas dans le cadre de mon travail, c'est avant tout un plaisir. »

PALMARÈS ET GRANDES DATES 

L'organisation d'évènements prestigieux fait partie de l'ADN du Jeu de Paume.

☛ En 1988 et 1989, le club accueille deux éditions de l'open de Paris Perrier, dôté de 60 000 $. Véritable légende du squash, le Pakistanais Jansher Khan, numéro 1 mondial à l'époque, s'impose les deux fois face à l'Australien Chris Dittmar (n°3).

☛ Après une brève parenthèse en 1994 (et une finale 100 % Anglaise entre Chris Walker et Peter Marshall), le circuit international est de retour au Jeu de Paume en 2013 avec l'open de Paris IG. Dans un premier temps doté de 5 000 $, il monte ensuite en gamme d'année en année. L'édition 2015 (20 000 $) permet au public Parisien de découvrir un certain Paul Coll, vainqueur de son premier tournoi hors d'Océanie grâce à sa victoire en finale face à Lucas Serme. 81ème mondial à l'époque, le Néo-Zélandais va ensuite exploser et est aujourd'hui un membre à part entière du top 5. Il perdra son titre l'année suivante, battu en demi-finale par le futur vainqueur Chris Simpson. Le discours de ce dernier lors de la remise des prix illustrait le prestige du club, au-delà des frontières hexagonales. « Quand j’ai dit à mon coach que j’allais faire un tournoi à Paris, c'était évident pour lui qu'il avait lieu au Jeu de Paume, comme s'il n‘y avait qu'un club dans la ville ! Je n'ai qu’une hâte, revenir l’année prochaine et prendre une photo devant le mur avec mon nom dessus. » Il n'en aura hélas pas l'occasion car c'était la dernière édition à ce jour, mais les dirigeants ont bien l'intention de renouveler l'expérience à moyen terme.

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Il y a cinq ans, Paul Coll s'était révélé en remportant l'open de Paris IG aux dépens de Lucas Serme (Crédit photo : SiteSquash)

☛ Quelques mois plus tard, le Jeu de Paume avait néanmoins été l'un des hôtes du championnat du monde féminin par équipe. Si les phases finales avaient eu lieu au Palais des Sports Robert Charpentier à Issy-les-Moulineaux, le club avait été le théâtre de plusieurs rencontres de poule. « C'est un très grand souvenir d'avoir accueilli non seulement l'équipe de France, mais aussi certaines des meilleures joueuses du monde comme Nicol David et les Égyptiennes, » confie Johan Westerholm. 

☛ Ces dernières années, le club s'est concentré sur les tournois du circuit national, qu'ils soient féminins avec le Prix Jones Day, ou masculins avec l'open Linxea. Au palmarès, on retrouve certains des meilleurs joueurs et joueuses Français : Coline Aumard, Mélissa Alves, Énora Villard, Grégoire Marche, Benjamin Aubert, Johan Bouquet, Christophe André etc.

☛ Côté palmarès, le premier représentant du club à s'illustrer au niveau national a été Guy Quennouëlle, champion de France 1ère série en 1976 (il sera également sacré en +55 ans, en 1988). Le Jeu de Paume va ensuite accumuler les titres en jeunes dans les années 80 : tout d'abord grâce à Xavier Masip, triple champion de France -19 ans en 1980, 81 et 85 (il remporte également le 2ème série en 1982). Sa sœur Hélène est titrée en -17 ans en 1981, tout comme Jacques Mulbert l'année suivante. Ensuite, ce sera le tour de Cédric Boisne (-17 et -19, 1985 et 1986) et Adam Pécas (deux fois en -13 ans les mêmes années). 

☛ Dans un passé plus récent, le club s'est illustré en jeunes grâce aux frères Mandil : Rohan et Hugo ont remporté deux fois le championnat de France Interclubs -17 ans, en 2014 et 2015. S'ils n'ont pas décroché de titre en individuel, ils ont obtenu plusieurs médailles : l'argent en -17 ans (2007) puis deux fois le bronze en -19 (2010 et 2011) pour l'ainé de la fratrie, Quint, alors que Rohan termine troisième en -13 ans (2011) et deuxième en -17 ans (2015). Les trois ont également connu de nombreuses sélections en équipe de France (des -15 aux -19), avec à la clé plusieurs médailles en championnat d'Europe par équipe. Rohan faisait même partie du groupe qui a terminé cinquième du championnat du monde junior en 2016, aux côtes de Victor Crouin, Benjamin Aubert et Sébastien Bonmalais. 

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Hugo et Rohan Mandil (à droite, en compagnie d'Alix Darcy) lors de leur titre de champions de France -17 ans Interclubs en 2015 (Crédit photo : Jérôme Boyadjian)

☛ Chez les adultes, on peut noter la victoire au championnat de France 2ème série d'Élisabeth Marty en 1993, ainsi que plusieurs titres en vétérans : Ian Pont (+45 ans, 1985 et 89), Cyril Van Heyst (+55 ans, 1989 et 90), Rémy Salmon (+50 en 1995) et plus récemment Xavier Auguet et Julien Bey en +45 ans (2015 et 2018). 

☛ Championne de France Interclubs en 1977 et 1978, l'équipe masculine du Jeu de Paume a connu une période faste dans un passé plus récent, dans les années 2010 : multiples lauréats du critérium Île-de-France, mais surtout de la Nationale 3 en 2012 puis de la N2 en 2014, ils évolueront au sein de l'élite pendant quatre saisons. Tout d'abord avec une ossature Française composée notamment de Johan Bouquet, Baptiste Masotti et Christophe André. Le Réunionnais a sans doute connu les meilleures années de sa carrière lors de sa présence au club, avec de nombreux titres sur le circuit international, une troisième place au championnat de France Élite en 2014, et une médaille d'argent continentale avec l'équipe de France la même année. Même s'il n'avait joué qu'un seul match, Baptiste faisait partie du groupe qui avait été sacré champion d'Europe pour la première fois de son histoire, en 2015. En 2016-2017, l'équipe fait appel à des renforts étrangers, en premier lieu Paul Coll. Emmenés par le Néo-Zélandais, les Parisiens montent sur la troisième marche du podium lors des playoffs de N1. Redescendus la saison suivante, ils évoluent depuis en Nationale 2. 

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L'équipe du Jeu de Paume (au centre), lors de son titre en Nationale 2 en 2014 (Crédit photo : SiteSquash)

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Rendez-vous vendredi prochain pour le vingt-troisième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré au Squash Club de Montpellier.

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