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LE CLUB DE LA SEMAINE : GIGAFIT SAINT-ORENS
Promotion 16/10/2020Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".
Dans ce vingtième épisode, on s'intéresse à un club bien connu de l'agglomération Toulousaine : Saint-Orens, aujourd'hui sous la bannière de la franchise Gigafit.
Article de Jérôme Elhaïk
UN CLUB À TAILLE HUMAINE
Depuis la fin 2017, le club Nouvelle Formule Energie à Saint-Orens de Gameville a changé de propriétaire, et rejoint le réseau Gigafit. C'est Rodolphe Vingerder qui en a pris la gérance, après 25 ans passées au sein du groupe Decathlon. « J'y ai tout connu, de responsable de rayon à acheteur industriel en passant par directeur de magasin, » raconte-t-il. « Qu'est-ce qui m'a poussé à changer ? Ma bêtise (il éclate de rire) ! Plus sérieusement, j'avais envie d'entreprendre, en particulier dans le sport : j'ai baigné toute ma vie dans ce milieu. Par contre, à près de cinquante ans je ne me voyais bâtir un club de A à Z, et c'est la raison pour laquelle je me suis appuyé sur la franchise Gigafit (originaire de Paris, mais qui se développe dans toute la France). Ça facilite beaucoup de choses notamment lorsqu'on fait des investissements, par exemple la rénovation complète du club récemment. » Dans un premier temps, Rodolphe Vingerder avait pensé au badminton, mais ce sera finalement le squash, qu'il pratique depuis de nombreuses années. « Je ne suis pas très bon, même si ça m'arrive d'accrocher des 4ème séries. Outre le squash, on est très axés sur le fitness, avec plateau et cours collectifs. On est un club à taille humaine, et je pense que c'est ce qui nous sauve. »
Le club de Saint-Orens a rejoint la franchise Gigafit fin 2017 (Crédit photo : Gigafit Saint-Orens)
La ville de Toulouse étant en alerte maximale, le club est malheureusement concerné par les mesures de fermeture actuellement en vigueur : seuls les mineurs et ceux bénéficiant d'une prescription pour une activité physique adaptée (APA) y ont accès. « Je ne vous cache que la situation est très compliquée, » regrette Rodolphe. « En temps normal, on a déjà du mal à remplir les courts de squash pendant les heures creuses (même si avec l'association on a essayé de mettre en place des après-midi découverte), et encore plus en ce moment : nous avons environ 600 pratiquants occasionnels, et avec l'impossibilité d'ouvrir les vestiaires, bon nombre d'entre eux ne sont pas revenus après le déconfinement. D'autre part, ce n'est pas facile d'attirer de nouvelles personnes vers cette discipline car lorsque des débutants voient jouer des joueurs aguerris, ils ont l'impression qu'ils ne pourront jamais atteindre ce niveau. » Malgré un avenir incertain, Rodolphe Vingerder est satisfait des relations avec le nouveau bureau de l'association Squash Energeia (la structure héberge également l'association Sportive Matra Toulouse, plus connue sous le nom de Spacenicks). « Il y a des hauts et des bas, comme partout, » indique-t-il. « La problématique, on la connaît : une association n'a pas beaucoup d'argent, et une structure en a besoin pour vivre. Ça se passait très bien avec la nouvelle équipe, on avait de nombreux tournois prévus et la crise de la covid-19 est vraiment très mal tombée. Je ne sais pas ce que me réserve l'avenir, mais je n'ai aucun regret : j'ai donné tout ce que je pouvais, et je pourrai me dire que j'ai tenté le coup. »
UNE NOUVELLE ÉQUIPE
Depuis quelques mois, l'association Squash Energeia a un nouveau bureau : on retrouve à la présidence Jean-Luc Maiorana, son fils Kévin en tant que trésorier, et Clément Tricot (secrétaire général). « Ce changement était prévu, car il fallait un nouveau souffle, » indique Guillaume Grosroyat, qui fait partie des autres personnes très impliquées avec Mathieu Levasseur et Patrick Gagnerot (président de l'association il y a quelques années, et qui est toujours présent), entres autres. « L'idée était que les compétiteurs, notamment les joueurs de l'équipe première, s'impliquent davantage, car on a une meilleure connaissance du terrain. Notre principal objectif, c'est de maintenir la dynamique, et d'entretenir la cohésion entre les adhérents. » L'association dispose de deux enseignants, Sebastian Langlois et Corinne Castets (voir Un club, un coach) qui s'occupent des entraînements collectifs et de l'école de jeunes. « Elle est très impliquée, » précise Guillaume au sujet de l'ancienne numéro 1 Française. Par ailleurs, le Squash Energeia est également actif dans le développement de la pratique handisport, via un partenariat avec une association de malentendants. Côté compétition, le club Toulousain compte plusieurs équipes engagées dans les compétitions régionales (championnat de la Ligue Occitanie, et challenge Bruniera), et même une en Nationale 2 (voir plus loin). « C'est dommage que notre open d'automne ait été reporté, » témoigne Guillaume. « Il aura normalement lieu en décembre : cela coïncidera avec les 20 ans de l'association, et ce serait l'occasion de faire une belle fête du squash à Toulouse. Nous avons également un tournoi interne tous les trimestres, ainsi que des journées portes ouvertes pour attirer de nouveaux adeptes. La situation actuelle est bien sûr loin d'être facile mais on ne se décourage pas, sûrement en partie parce que nous sommes nouveaux (rires). » L'autre raison – et ceux qui les côtoient sur les tournois s'en sont forcément rendus compte - c'est que les joueurs du Squash Energia ont un enthousiasme communicatif. « On aime faire la fête, et rencontrer des gens, » explique Guillaume. « On va dire qu'on est un groupe de jeunes vieux (rires). Certains ont 39 ans dans leur raquette, mais 25 ans dans leur tête ! En tous cas, on ne se prend pas au sérieux et je crois que c'est ce qui fait notre force. »
Depuis quelques semaines, une nouvelle équipe a pris les commandes de l'association Squash Energeia (Crédit photo : Squash Energeia)
Même si la saison 2019-2020 avait été déclaré blanche, les membres de l'association ont reçu une bonne nouvelle il y a quelques semaines : son équipe masculine a été repêchée et évoluera en Nationale 2 cette année, une première. C'est la récompense d'une progression constante : champions d'Occitanie en 2016-2017, leur troisième place aux play-offs des champions de Ligue leur avait permis d'accéder en Nationale 3. Un niveau que les Toulousains ont rapidement apprivoisé, au point de participer aux playoffs dès leur deuxième saison, en 2019. « C'est vrai que depuis que je suis arrivé, l'équipe est montée en puissance et on passe un palier tous les ans, » souligne Guillaume Grosroyat, l'un de ses éléments essentiels en compagnie des deux Mathieux, Chastaing et Levasseur. « Maintenant, on sait que le niveau de la N2 est monté d'un cran depuis quelques temps, et on visera avant tout le maintien. » Pour atteindre cet objectif, ils ont fait appel au jeune Roméo Bily, membre du centre d'entraînement régional de La Rochelle mais originaire de Tarbes. Celui qui fêtera ses 16 ans demain a réalisé un très bon début de saison, avec une sixième place au championnat de France 2ème série, puis une cinquième en -17 ans. « Il va avoir de bons matches en numéro 1, notamment face à des joueurs professionnels, » sourit son futur coéquipier. Dans la poule A, en compagnie d'Energeia on retrouve le PUC, Jarville, le Squash 95, Annemasse, Marseille, le Jeu de Paume et les deux équipes d'Antibes (Squash Rackets et TopFit). Les Toulousains auraient dû démarrer à domicile la semaine prochaine, mais la journée a été reportée à début 2021. Si la situation sanitaire le permet, ils découvriront la Nationale 2 le 21 novembre, dans l'emblématique club du Jeu de Paume.
Promue en Nationale 2, l'équipe fanion d'Energeia a reçu le renfort du jeune Roméo Bily (en médaillon) (Crédit photo : Squash Energeia)
UN CLUB, UN COACH : CORINNE CASTETS
« L'entraîneur du club est Corinne Castets, je pense que je n'ai pas besoin de te donner son palmarès, » raconte Guillaume Grosroyat avec le sourire. Voici les faits marquants de la carrière de la Paloise, qui fait partie du patrimoine du squash hexagonal : onze fois championne de France, elle a été numéro 1 ou 2 française quasiment sans aucune interruption entre 1987 et 2005. Elle a également été la première joueuse Tricolore sacrée championne d'Europe individuelle (en 1993), a remporté deux titres sur le circuit international et atteint le 34ème rang mondial. Concernant l'équipe de France, Corinne Castets en a été la chef de file pendant près de vingt ans, et sur une vingtaine de compétitions internationales. Lors de la dernière (le championnat d'Europe à Rennes, en 2004), elle avait grandement contribué à l'obtention de la médaille de bronze, une première pour le squash féminin Français. À 55 ans, elle travaille désormais chez Orange à Toulouse, tout en enseignant la discipline au sein du Gigafit à Saint-Orens. Entretien à cœur ouvert.
Les débuts
« Le squash, je l'ai découvert par hasard en 1983 au club du Fontenoy à Pau, grâce à un copain avec lequel j'allais à la piscine, Alexandre Gongora (NDLR : ancien n°6 français). J'adorais le sport en général : j'ai pratiqué la gymnastique, le basket, la pelote basque, et j'ai même fait partie de l'équipe de France de racquetball. Le squash m'a plu tout de suite, je courais partout ! C'est vrai que j'ai progressé très rapidement - en grande partie grâce à mes qualités physiques - et à peine un mois après j'ai fait mon premier tournoi à Pau : j'avais battu des joueuses classées deuxième série et je me suis retrouvée en finale contre Yvonne Ondarts, numéro 3 française à l’époque. J'avais perdu, mais trois mois plus tard je prenais ma revanche dans un autre tournoi à Biarritz. En 1984, j'ai été championne de France junior, et deux ans plus tard j'ai gagné le championnat de France 1ère série pour ma première participation. »
Un goût d'inachevé
« C'est vrai que j'ai quelques regrets par rapport à ma carrière, mais c'est la vie. À l'époque, tous les moyens étaient mis sur les hommes, et je n'ai pas été beaucoup aidée : je n'ai jamais vraiment eu d'entraîneur, j'ai appris toute seule. Beaucoup de gens, par exemple Paul Sciberras, m'ont dit que si j'avais été mieux encadrée, j'aurais pu atteindre le top 5 mondial. Je n'avais pas beaucoup de moyens, et c'est la raison pour laquelle je faisais peu de tournois sur le circuit international. Mon meilleur souvenir reste la troisième place au championnat d'Europe en 2004 à Rennes, une première pour l'équipe de France. Pourtant, j'étais blessée peu de temps auparavant, mais j'avais fait une grosse préparation afin d'être prête dans les temps, notamment grâce à Fred Roualen (ainsi que la kiné Frédérique Kirsch, sa future épouse et malheureusement décédée depuis). Là encore, c'est dommage que je ne l'ai pas rencontré plus tôt, il avait parfaitement compris que j'avais besoin de bosser tout en m'amusant.
Pendant vingt ans, Corinne Castets (en haut à droite) n'a pas raté une seule compétition avec l'équipe de France (Crédit photo : Fabrice Moullan / SiteSquash)
Dans un premier temps, j'ai envisagé de m'arrêter sur cette médaille en France, mais avec un peu de réflexion je me suis dit que ça serait bien de participer au championnat du monde quelques mois après. Malheureusement, on a décidé d'intégrer des jeunes et on ne m'a pas offert cette possibilité, alors qu'à mon avis j'aurais pu encore apporter quelque chose. Je pense que j'ai servi de locomotive pour le squash féminin français, j'aurais bien aimé avoir une sorte de jubilé. D'ailleurs, ça aurait été sympa de composer une équipe avec moi, Isabelle Stoehr et Camille Serme (NDLR : l'actuelle numéro 3 mondiale a débuté en sélection en 2006). Ça aurait été un peu comme la fille, la mère et la grand-mère, même si je me fais du mal en disant ça (rires). On a des styles de jeu et des parcours différents, mais c'est marrant qu'on se retrouve aujourd'hui avec le même nombre de titres de championne de France (11). »
L'importance de l'accompagnement
« Ce n'est pas facile de reconstruire quelque chose après avoir été sportive professionnelle : c'est une vie très particulière, et je sais qu'après ma retraite le choc émotionnel a été fort. Depuis vingt ans, je travaille chez Orange. Je remercie sincèrement le DTN de l'époque Bertrand Bonnefoy, qui s'était démené pour que je puisse bénéficier d'un contrat adapté pour les athlètes de haut niveau. Ça a vraiment été un tournant dans ma vie. C'est la moindre des choses d'accompagner les joueurs et joueuses, notamment ceux qui défendent les couleurs de l'équipe de France, et lui l'avait parfaitement compris. C'est bien d'être à fond dans son projet sportif, mais en cas de blessure on peut se retrouver sans rien du jour au lendemain. Personnellement, la précarité de ma situation a parfois été un poids au cours de ma carrière, et si j'avais pu avoir cet emploi plus tôt ça m'aurait permis de me libérer davantage. »
Corinne Castets, la coach
« Je donne des cours depuis le début des années 90. J'ai travaillé à Clermont-Ferrand, au Squash 95 etc., et aujourd'hui je suis au Gigafit à Saint-Orens. Il y a trois entraînements hebdomadaires pour l'association Squash Energeia, et deux pour des comités d'entreprise. Je ne sais pas si j'ai une méthode particulière, mais je pense que je ne me débrouille pas trop mal (rires) et que les gens apprécient mes compétences. Même si j'ai la chance de côtoyer des gens comme Paul Sciberras ou Benoît Letourneau, je trouve qu'en tant qu'entraîneur on ne bénéficie pas forcément du suivi qui nous permettrait de nous perfectionner (via des stages, des vidéos etc.). Quoiqu'il soit, tant que je le pourrai je continuerai à exercer cette activité. J'aime le sport, et ça me permet de rester en contact avec le monde du squash, un sport qui a occupé et occupe encore une place très importante dans ma vie. »
En plus de son activité professionnelle chez Orange, Corinne Castets (au centre) enseigne le squash depuis de nombreuses années (Crédit photo : Squash Energeia)
PALMARÈS ET ÉVÈNEMENTS
☛ Dans les années 90, le club de Saint-Orens a accueilli plusieurs championnats de France jeunes dans toutes les catégories. Parmi les noms des vainqueurs, on trouve plusieurs grands noms du squash hexagonal : Grégory Gaultier, Isabelle Stoehr, Mathieu Castagnet, Grégoire Marche et Camille Serme. Le club Toulousain remettra le couvert en 2011, et verra des joueurs comme Baptiste Masotti, Auguste Dussourd ou encore Marie Stéphan monter sur la plus haute marche du podium. Le club a également accueilli les championnats de France vétérans, en l'an 2000.
Saint-Orens a reçu de nombreux championnats de France jeunes, le dernier en 2011 (Crédit photo : La Dépêche du Midi)
☛ De 2013 à 2017, le Nouvelle Formule Energie avait reçu un tournoi national féminin, intitulé les Valentines. On retrouve au palmarès Maud Duplomb, Chloé Mésic et surtout Laura Pomportes, trois fois lauréate dans le club où elle a fait ses débuts à la fin des années 90. Avant cela, Saint-Orens avait organisé d'autres gros tournois "3 stars" ou "4 stars". Parmi les vainqueurs, on peut citer Grégory Gaultier (quand il était encore junior), Renan Lavigne et bien sûr Corinne Castets.
Laura Pomportes (au centre) a remporté plusieurs éditions de l'open des Valentines, dans le club où elle a débuté (Crédit photo : Squash Energeia)
☛ Le club de Saint-Orens compte plusieurs titres nationaux individuels : dans l'ordre chronologique, Romain Py, en -13 ans en 1997, Marylise Cazenave, championne de France 4ème série l'année suivante, Nelly Richasse sacrée en 2ème série en 1999 et en +35 ans (à domicile) en 2000, et enfin Corinne Castets qui avait survolé le championnat de France +40 ans en 2011 à Nîmes, ajoutant un treizième titre national à sa collection.
☛ Concernant les compétitions par équipe, JSSO Saint-Orens a été sacrée en Nationale 2 femmes en 1998. De leur côté, les Spacenicks ont remporté le championnat de France +45 ans par équipe en 2011, dans le club voisin de Blagnac, ainsi que plusieurs titres féminins en interentreprises (en 1998, 2000, 2000, 2009, 2012 – encore à Blagnac – et 2013).
20, allée des Champs Pinsons, 31650 Saint-Orens-de-Gameville
Tél. : 05 61 54 17 36
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Notre rubrique Le club de la semaine fait une pause la semaine prochaine. Rendez-vous dans quinze jours pour un nouvel épisode.