Actus
LE CLUB DE LA SEMAINE : RM CLUB VISAFORM (ANNECY)
Promotion 14/08/2020Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".
Au menu aujourd'hui, un coup de projecteur sur le RM Club Visaform et l'association Annecy Squash, qui se sont établis à vitesse grand V comme un endroit qui compte dans l'hexagone.
Article de Jérôme Elhaïk
ANNECY CONSTRUIT SON HISTOIRE
UN PREMIER BILAN. On vous le répète semaine après semaine : dans le squash hexagonal, il y a des clubs historiques, et d'autres sortis de terre plus récemment mais qui ont rapidement pris de l'ampleur. C'est le cas du RM Club Visaform, à Seynod (dans l'agglomération d'Annecy). Inauguré en 2012, le Visaform a été rebaptisé après son rachat il y a deux ans par Rémy Mabillon, l'actionnaire principal étant accompagné dans cette aventure par Lionel Kupper, Grégory Gaultier et Julien Balbo. Ce dernier, médaillé d'argent avec l'équipe de France au championnat du monde en 2009, est aujourd'hui le directeur de la structure et dresse un premier bilan. « Il y a des contraintes inhérentes à la reprise d'une société, que ce soit un club de sport ou toute autre entreprise, » indique ce jeune quarantenaire. « Pendant les 15 premiers mois, il y a eu beaucoup de travail de restructuration. Il a fallu redéfinir certaines choses en matière du fonctionnement. Y compris en ce qui concerne le squash, qui ne représente qu'une partie de notre chiffre d'affaires, le fitness occupant une place importante. Les relations entre la structure et l'association sont très bonnes, néanmoins chacun doit trouver sa place. » Est-ce que les courts de squash manquent à Julien Balbo, qui a pris sa retraite professionnelle en 2013 avant de devenir entraîneur pendant quelques années ? « C'est un super sport, et ça me fait très plaisir quand je rejoue. Mais en général je paie la facture le lendemain sur le plan physique (rires), et de toute façon je n'ai pas le temps de jouer souvent. » Car le temps, il en manque tant la fonction de gérant de club est chronophage. « L'avantage d'une PME, c'est qu'il y a moins de strates que dans une grosse entreprise. Par conséquent, je fais tellement de choses différentes (les commandes, le marketing, le digital, l'administratif, la gestion des salariés etc.) qu'il n'y a pas de risque de tomber dans la routine. »
Grégory Gaultier, Rémy Mabillon, Julien Balbo et Lionel Kupper ont repris le Visaform en 2018 (Crédit photo : Draz Foto)
Au-delà de la gestion du quotidien, il y a la vision à moyen et long terme, et celle de Julien Balbo et ses associés est bien ancrée dans leurs esprits. « Je pense qu'on peut optimiser le côté digital, » confie le natif de Grenoble, « mais aussi orienter encore davantage le club vers la gamme premium, afin de se différencier de nos concurrents low cost. Pour cela, il faut mettre l'accent sur le sport santé, ainsi qu'offrir une qualité de service et un suivi de clientèle encore meilleurs. » Le développement de l'activité squash est bien sûr partie intégrante de cette vision, et Julien Balbo voit son avancée d'un bon œil. « Le projet sportif suit son cours, » indique-t-il. « Les joueurs professionnels qui nous ont rejoint jouent le jeu, et l'ambition est toujours de remporter le titre de champions de France. Concernant les jeunes, l'école de squash fonctionne bien mais le centre d'entraînement régional a besoin d'être structuré. La clé, ce sont les horaires aménagés (voir ci-dessous LE CER EN QUESTION), d'autant plus pour un club qui ne dispose "que" de 5 courts. » L'ancien n°40 mondial est un peu moins optimiste pour la discipline à l'échelle nationale. « On constate hélas que des structures sont en difficulté, et selon moi c'est lié à deux facteurs. Premièrement, nous sommes soumis à une concurrence accrue avec l'émergence du crossfit, du foot en salle etc. On constate que les gens pratiquent plusieurs sports, et plus un seul comme c'était le cas auparavant. Ensuite, il y a des structures qui remplacent le squash par une autre activité, il y a donc une question d'immobilier et de rentabilité. Néanmoins, toute situation est cyclique, et on peut espérer qu'il y aura un rebond dans le futur. »
UNE ASSOCIATION EN PLEINE MUTATION. L'ascension d'Annecy Squash a été tellement rapide qu'on en oublierait presque que l'association n'a vu le jour qu'en 2015. « La discipline est présente dans le bassin annécien depuis 1994, grâce à Fabrice Gardillou et Ntn-Snr, » rappelle son président Sébastien Singh. Mais après le déménagement au Visaform en 2012, le développement n'était plus compatible avec le fonctionnement d'un comité d'entreprise et un nouveau virage est emprunté trois ans plus tard. Déjà ambitieux, le projet a pris une nouvelle dimension avec l'arrivée de Rémy Mabillon à la tête de la structure. « Travailler avec Rémy, c'est du pain béni, » affirme Sébastien Singh. « C'est une personne très intelligente, mais aussi très à l'écoute. Nous nous appuyons également beaucoup sur l'expérience de Julien Balbo et de Grégory Gaultier. » Depuis son arrivée au sein du club Haut-Savoyard, le French General fait l'unanimité et lorsqu'on lui demande quelles sont les satisfactions de la saison 2019-2020, Sébastien Singh cite sans hésiter « son grand retour sur la scène internationale. Greg est un exemple. » Disponible auprès des jeunes et très impliqué dans son rôle de capitaine de l'équipe fanion (tout comme son alter ego féminin, Coline Aumard), le champion du monde 2015 aurait aimé emmener les siens à la conquête du titre de champions de France, pour lequel ils étaient favoris avant l'annonce de la saison blanche. « C'est un peu frustrant car plusieurs de nos équipes étaient en tête de leur championnat, mais on ne perd pas de vue que le sport passe après la santé, » affirme le président d'Annecy Squash.
Sébastien Singh (deuxième en partant de la gauche) est entouré par une équipe de bénévoles dynamique au sein de l'association Annecy Squash (Crédit photo : Annecy Squash)
Néanmoins, l'association a récemment appris que trois d'entre elles accéderaient quand même à l'étage supérieur, en raison de la défection d'autres formations. « C'est un bonne nouvelle, car dans le cas contraire ça aurait cassé notre dynamique, » ajoute-t-il, faisant notamment référence à une équipe féminine dont l'effectif est surdimensionné pour la Nationale 2. « Il manque néanmoins les trophées, qui sont importants pour valoriser nos résultats au niveau local. » En attendant de les convoiter à nouveau en juin prochain, Annecy Squash va connaître un changement important : à sa tête depuis sa création en 2015, Sébastien Singh ne briguera pas de nouveau mandat lors de l'assemblée générale de la fin d'année 2020. « Je ne ferai pas non plus partie du bureau, même si je resterai quoiqu'il arrive un membre actif, » confie celui qui est actuellement épaulé par Yann Le Hir (trésorier), Nathalie Chabot (secrétaire), David Bergeret (vice-président) et Christophe Vergnaud. « Je pense qu'une association doit savoir se renouveler, et plusieurs personnes ont d'ores et déjà manifesté leur intérêt pour prendre la suite. » Quelle que soit l'identité de ses membres, les projets ne manqueront pas pour la nouvelle équipe dirigeante ...
LE CER EN QUESTION. Autre changement au sein d'Annecy Squash, mais celui-là a déjà été acté : l'association s'est séparé de son entraîneur Benjamin Laho, arrivé en Haute-Savoie en septembre 2019. « Nous n'avions pas la même vision des choses pour le long terme, » indique Sébastien Singh pour expliquer cette décision. « Néanmoins, il faut souligner que Benjamin a fait du très bon travail avec l'école de jeunes, notamment en ce qui concerne le mini-squash. Nous sommes maintenant en recherche active d'une personne pour prendre le poste, tout en étant conscient que le timing est serré en vue de la prochaine rentrée sportive. En tous les cas, l'association et la structure sont sur la même longueur d'onde concernant le recrutement. » L'une des principales missions du nouvel entraîneur sera le développement du centre d'entraînement régional (CER), freiné jusqu'ici par le refus des établissements scolaires voisins de servir de structure d'hébergement. « C'est la clé pour attirer des jeunes de l'extérieur, et bénéficier d'horaires aménagés, » admet Sébastien Singh. « Mais c'est compliqué, car avec les nouvelles réformes scolaires le sport n'est pas une priorité, et le squash n'est pas considéré comme une discipline majeure. » Pour sa première année, le CER était composé de quatre jeunes (Pablo Richet, Noah Schroeder, Quentin Dupenloup et Chanaelle Bouges), dont la présence en 2020-2021 sera conditionnée à leurs horaires scolaires. En revanche, la jeune Lola Douillard est certaine d'en faire partie : licenciée à Annecy depuis un an, la triple championne de France (-11, -13 et -15 ans) s'entraînera désormais en Haute-Savoie.
Pablo Richet et Noah Schroeder faisaient partie de la première promotion du centre d'entraînement régional cette saison (Crédit photo : Draz Foto)
LE SQUASH FÉMININ, UNE PRIORITÉ
« Le développement de la section féminine est très important pour l'association, et il faut souligner le gros travail de Nathalie Chabot dans ce domaine, » confie Sébastien Singh. Lorsqu'on l'interroge sur les raisons de la hausse du nombre d'adhérentes année après année, cette dernière indique « ne pas avoir de recette miracle. C'est vrai que de manière générale il y a beaucoup de joueuses en Auvergne Rhône-Alpes (NDLR : la Ligue est celle qui compte le plus d'équipes engagées dans ses championnats Interclubs, 26). Concernant Annecy, certaines nous ont rejoint parce que leur mari ou compagnon jouaient déjà, alors que d'autres ont découvert le squash lors des journées portes ouvertes. En tous les cas, il faut beaucoup discuter avec les gens, essayer de transmettre notre passion et ne pas les forcer à faire de la compétition s'ils n'en ont pas envie. C'est vrai que depuis cinq ans on a constitué un bon groupe, mais entre les grossesses, les déménagements, le fait que nous n'aurons peut-être pas trouvé d'entraîneur début septembre, et surtout la période difficile que nous vivons, je pense qu'on va observer un recul du nombre de joueuses à la rentrée. » Même si les craintes de Nathalie Chabot s'avéraient justifiées, la section féminine d'Annecy Squash - qui comptait 55 adhérentes en 2019-2020, dont 18 jeunes - restera l'une des plus actives dans l'hexagone.
Grâce notamment aux efforts de Nathalie Chabot (troisième en partant de la droite, en haut), la section féminine d'Annecy est l'une des plus dynamiques de l'hexagone (Crédit photo : Annecy Squash)
Une belle récompense de son investissement, elle qui a découvert le squash lors d'un stage d'intégration avec son entreprise. « J'aime fédérer et j'essaie que chacun y trouve son compte même si c'est impossible de satisfaire tout le monde. » Elle fait notamment référence aux équipes, qui ont fait l'objet de nombreux changements au cours des deux dernières saisons. « Ça a nécessité quelques sacrifices, et beaucoup d'implication de la part de toutes les joueuses. » Parmi les recrues, il y a les professionnelles qui composent l'équipe fanion : malgré la saison blanche, Coline Aumard et les siennes joueront en Nationale 1 en 2020-2021 avec le titre pour objectif. « Elles étaient très contentes quand on leur annoncé la nouvelle. Quand à l'équipe 2, elle évoluera en N2 et tentera de se maintenir. » Ces bonnes nouvelles sont venues contrebalancer l'annulation de l'Annecy Rose Open, tournoi international féminin dont la deuxième édition aurait dû avoir lieu en mars avec une dotation à la hausse (20 000 $). « Ça a été un vrai coup dur, et je dois avouer que j'ai un petit coup de déprime pendant une quinzaine de jours, » sourit Nathalie Chabot, très impliquée dans l'organisation. « Dans un premier temps, on avait envisagé un report en septembre, mais l'absence de public et l'impossibilité de faire héberger les joueuses chez des membres du club, comme nous le faisons habituellement, nous en ont dissuadé. Mais on ne se décourage pas, et nous serons au rendez-vous en mars 2021 ! »
PALMARÈS ET GRANDES DATES
☛ Le RM Club Visaform n'a certes pas encore accueilli de championnat de France, mais a vécu de nombreux évènements d'envergure au cours de ses huit premières années d'existence. Ça avait commencé le 31 mai 2014, avec les 20 ans de l'ancienne association Ntn-Snr. À cette occasion, Grégory Gaultier et Julien Balbo, aujourd'hui actionnaires de la structure, avaient gratifié d'un match exhibition.
☛ Un peu moins de trois ans plus tard avait lieu l'édition inaugurale de l'Annecy PSA International Open (5 000 $), remportée par Benjamin Aubert. En finale, celui qui évolue sous le maillot du club depuis deux saisons avait battu son camarade d'entraînement au pôle France d'Aix-en-Provence Baptiste Masotti, décrochant ainsi son premier titre sur le circuit. Le tournoi monte en gamme en 2018 (11 000 $), et le public Haut-Savoyard découvre l'Égyptien Mohamed El Sherbini, vainqueur sur le fil des Français Victor Crouin et Auguste Dussourd avant de battre l'Anglais Patrick Rooney en finale. Changement de décor en 2019 : le tournoi devient féminin et s'appelle l'Annecy Rose Open (11 000 $). Coline Aumard (vainqueur du duel franco-français face à Mélissa Alves en demi-finale) passe tout près de remporter le plus grand titre de sa carrière dans son nouveau club, et devant une tribune acquise à sa cause – mais doit finalement rendre les armes face à la tête de série n°1 Milou van der Heijden. La n°2 française avait fait de l'édition 2020 l'un des objectifs majeurs de sa saison, mais celle-ci sera malheureusement brutalement interrompue quelques semaines avant la compétition. Vivement 2021 ...
Coline Aumard (à droite) avait bénéficié d'un soutien sans faille de son public lors de l'Annecy Rose Open 2019 (Crédit photo : Draz Foto)
☛ Le RM Club Visaform a également vécu deux journées de gala en recevant des rencontres des championnats de France Interclubs. Le 9 mars 2019, c'est l'ancien n°1 mondial et triple champion du monde Nick Matthew qui avait honoré le club de sa présence, avant que celui-ci ne soit quelques mois plus tard le théâtre d'un véritable évènement dans le monde du squash : le 23 novembre, Grégory Gaultier fait son retour sur les courts, après quinze mois d'absence en raison d'une blessure au genou. On en oublierait presque que Simon Rösner et Nicolas Müller avaient également fait leurs débuts à domicile à cette occasion, tout comme la jeune Belge Tinne Gilis pour les féminines.
☛ Si les équipes Annéciennes ont pris une autre dimension depuis l'arrivée de Rémy Mabillon et ses associés, les garçons avaient déjà entamé leur ascension au préalable avec 3 montées en 3 ans (de la Régionale 2 à la Nationale 2), notamment grâce au renfort des frères Luca et Yann Wilhelmi. Grâce à un recrutement pharaonique (Rösner et Müller mais aussi Paul Coll, Raphael Kandra, Lucas Serme et Benjamin Aubert), l'obtention du titre de champions en N2, et l'accession en N1, seront une formalité. Le French General et ses camarades étaient en tête à la mi-saison, et pressentis pour décrocher un premier sacre national, avant que la saison ne soit déclarée blanche. Le décollage de l'équipe féminine a été amorcé un peu plus tard, mais les Hautes-Savoyardes dominent leur sujet depuis deux saisons et l'arrivée de joueuses professionnelles (Coline Aumard en tête). Reversées en Nationale 1 pour la saison 2020-2021, elles feront partie des prétendantes au titre, sans doute en compagnie de Mulhouse et Créteil.
À Annecy, joueurs professionnels et amateurs défendent les couleurs du club avec la même ferveur (Crédit photo : Annecy Squash)
☛ Sur le plan individuel, Sarah Mascheroni était devenue la première pensionnaire d'Annecy Squash à décrocher une médaille nationale en décembre 2018, à savoir l'argent au championnat de France 3ème série. Le premier titre sera l'œuvre de Lucas Serme, sacré champion de France Élite en février dernier à Bordeaux. Entre temps, Benjamin Aubert et Coline Aumard avaient obtenu les médailles d'argent et de bronze dans cette compétition en 2019, sans oublier la deuxième place de Paul Gonzalez en -19 ans il y a un peu moins d'un an.
Champion de France Élite en février, Lucas Serme est ainsi devenu le premier joueur du club à remporter un titre national individuel (Crédit photo : Mikphotos)
☛ Annécien depuis cette saison, ce dernier fait également partie de ceux qui ont fait briller les couleurs du club à l'international : à l'automne 2019, Paul a remporté le Nordic Junior Open, tout comme Ninon Lemarchand (qui a même récidivé en Belgique). Coline Aumard aura quant à elle vécu une superbe année 2019 en sélection, avec un titre historique de championnes d'Europe par équipe suivi d'une belle médaille d'argent continentale en individuels (derrière Nele Gilis).
90 Chemin des Prés Bouvaux, 74600 Seynod
Tél. : 04 50 09 43 29
Site Internet - Facebook - Instagram
Rendez-vous vendredi prochain pour le douzième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré au Saint-Cloud 92 Squash Club.