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LE CLUB DE LA SEMAINE : PARIS UNIVERSITÉ CLUB
Promotion 07/08/2020Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".
Ce dixième épisode est l'occasion de faire un coup de projecteur sur la section squash d'un des clubs omnisports les plus anciens de l'hexagone, le Paris Université Club.
Article de Jérôme Elhaïk
PASSÉ, PRÉSENT ET FUTUR
LE PUC, UNE INSTITUTION. « C'est une fierté d'appartenir à une telle institution. » Les mots de Johan Bouquet, directeur sportif de la section squash, traduisent l'importante du Paris Université Club dans le paysage sportif francilien, et même national. Club omnisports créé en 1906, il a compté parmi ses membres certains des plus grands athlètes tricolores (Colette Besson, Michel Jazy, Marie José Pérec), mais aussi des rugbymen (Daniel Herrero, Wesley Fofana) et même l'écrivain Albert Camus ! L'association, reconnue d'utilité publique, s'étend sur 46 sites, et regroupe plus de 9 000 adhérents et 36 disciplines. Parmi elles, il y a le squash, dont la section du PUC a vu le jour en 1983 sous l'impulsion de son premier président et père fondateur, Nicolas Colbert. Elle s'installe dans un premier temps au Stadium avenue d’Ivry, mais cet immense espace sportif (doté de 14 courts) est rapidement fermé et elle trouve refuge au Quartier Latin. Dès sa création, elle compte une soixantaine de membres dont certains des meilleurs joueurs du pays : Jean-Marc Verdier, Éric Janvier et surtout Éric Claudel (ancien n°1 français et champion de France en 1985).
Le PUC et son président Philippe Pierrard (deuxième en partant de la gauche) avaient reçu la ministre des sports Roxana Maracineanu au début de l'année 2020 (Crédit photo : PUC Squash)
Cependant, la vie d'un club est faite de cycles, et survient une période moins rose à la fin des années 80 et au début des années 90. Jusqu'en 1994, où la section intègre le tout nouveau stade Charléty, grâce notamment à la pugnacité de Jean-Pierre Paclet (administrateur du PUC omnisports, mais aussi médecin de l'équipe de France de football de 1993 à 2008). « Dès la création, l'objectif à moyen terme était de disposer de nos propres courts, et l'arrivée à Charléty nous a permis de prendre notre envol, » indique Philippe Pierrard, qui a découvert le squash pendant sa carrière de rugbyman (il a joué en équipe de France amateur à l'époque où ce sport n'était pas encore professionnel). « C'est agréable de quitter la boue pour courir sur un parquet (rires), et surtout ça permet de travailler les appuis et l'intensité, » raconte-t-il. Secrétaire général pendant une dizaine d'années, il succède à la présidence à Gérard Bizari en 2012. « Il m'a demandé de le remplacer, et depuis je suis réélu, » sourit ce fidèle du PUC, qui est soutenu par Yahn Rouquet (trésorier) et Cheen Kun (secrétaire général).
UNE VRAIE DYNAMIQUE. « Notre objectif est de faire en sorte que le maximum de personnes sur Paris bénéficient d'un accès facile au squash, » confie Philippe Pierrard. « Là où un club privé a une obligation de rentabilité, une association doit équilibrer ses comptes et cela nous permet d'offrir des abonnements à des tarifs très abordables, sans doute les moins élevés dans la capitale. » Forte de près 300 membres, la section squash du PUC souhaite également leur proposer une présence multi-sites, matérialisée par la reprise depuis quelques mois des quatre courts du centre sportif Jules Ladoumègue (dans le 19ème arrondissement). « Les choses ont mis un peu de temps à se mettre en place, mais cette extension est nécessaire, » indique Philippe Pierrard. Autre élément prépondérant dans la dynamique actuelle du PUC, la présence de Johan Bouquet. Intermittente à partir de 2009, elle est devenue permanente depuis que l'ancien joueur professionnel a pris ses fonctions de directeur sportif en 2017. « Avec le recul, le nommer à ce poste était une très bonne décision, » confie son président. « C'est un véritable moteur, et il nous apporte sa connaissance du monde du squash ainsi que la rigueur qui manquait aux entraînements. »
Les garçons ont eu d'excellents résultats ces derniers temps, mais le PUC compte également une section féminine dynamique (Crédit photo : PUC Squash)
Si l'on inclut celles du Quartier Latin (association également hébergée avenue Coubertin), le stade Charléty est aujourd'hui deuxième en France en termes de nombres de licences compétition (derrière le Riviera Squash d'Antibes). Les résultats sont également au rendez-vous pour les équipes du club. Champions d'Île-de-France et même vainqueur de la Nationale 3 en 2017, les garçons ont depuis continué sur cette lancée : Johan Bouquet et les siens étaient en tête de leur poule en N2 avant l'interruption de la saison, alors que l'équipe 2 les rejoindra en D1 du critérium régional en 2020-2021. Les féminines ont également connu une belle période (championnes régionales en 2019, elles ont évolué en N2 en 2018-2019) avant de connaître quelques départs cette saison. Et il y a bien sûr l'école de squash, dont la figure de proue est Joshua Jacques Phinera. Au-delà de ses résultats sportifs, son futur investissement au sein du club constitue une vraie satisfaction pour ses dirigeants et son entraîneur : son bac en poche, le vice-champion de France 2ème série 2019 va intégrer la filière STAPS tout en passant ses diplômes d'entraîneur. « Joshua va s'établir et continuer à grandir chez nous, » estime Philippe Pierrard. « On n'a pas toujours de retour quand on investit sur une personne, et c'est donc appréciable quand les choses se déroulent ainsi. » Et que certaines des valeurs du Paris Université Club, loyauté et formation des futurs citoyens par le sport, sont mises en valeur ...
TOURNÉS VERS L'AVENIR. Outre la future intégration de Joshua Jacques Phinera à son staff technique, le PUC a d'autres projets. Déjà évoquée plus haut, l'extension de la section à d'autres sites pourrait ne pas se limiter au centre sportif Jules Ladoumègue. « Il y a d'autres pistes à moyen et long terme, » glisse Philippe Pierrard, avant de faire part de l'envie du club de recevoir à nouveau un grand événement : en 2008, un court vitré avait été installé dans la salle Charpy, habituellement le temple du volley parisien, à l'occasion des Internationaux de France (voir ci-dessous PALMARÈS ET GRANDES DATES). « On peut même y installer un deuxième court, » ajoute-t-il. « De plus, les installations du stade Charléty sont parfaitement adaptées à l'accueil de grands évènements - plusieurs y ont déjà eu lieu – et la partie squash est maintenue en parfait état. Certains partenaires sont partants pour nous suivre dans ce projet, mais la non-intégration de notre discipline aux JO de Paris 2024 a été un coup d'arrêt. Or, comme chacun sait l'argent est le nerf de la guerre ... »
La salle Charpy avait fait le plein à l'occasion des Internationaux de France en 2008 (Crédit photo : SiteSquash)
UN CLUB, UN COACH
À bientôt 36 ans (il les fêtera le 6 octobre prochain), Johan Bouquet fait toujours partie du top 12 français. S'il participe régulièrement aux compétitions sur le sol hexagonal, le Toulousain a mis fin à sa carrière internationale en 2014, principalement pour des raisons financières. Pendant plusieurs années, l'ancien champion de France junior a sillonné les clubs de la capitale afin de donner des cours, avant de prendre le poste directeur sportif du PUC en 2017. « Cela m'a permis de trouver de la stabilité, » raconte-t-il. « Je remercie le club et son président Philippe Pierrard – un grand monsieur - de m'avoir donné cette chance. Il est un peu mon père professionnel (sic), et c'est appréciable de côtoyer des personnes bienveillantes telles que lui. » Même s'il s'estime se sentir « encore joueur dans sa tête, » Johan perçoit sans problèmes les avantages de son nouveau rôle. « C'est un métier très enrichissant, de par la diversité des personnes avec lesquelles on est amené à échanger – surtout à Paris. Parmi mes élèves, j'ai un commissaire divisionnaire, des restaurateurs, et même une personne qui réalise des dessins animés. On n'est pas cloisonné dans un secteur, comme ça peut être le cas quand on travaille dans une entreprise. De plus, dans un sport comme le squash c'est plus facile pour un entraîneur de gravir les échelons, il y a moins de strates que dans le foot par exemple. » Il admet néanmoins que devenir entraîneur « n'était pas une vocation, mais une nécessité. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à me voir comme un éducateur : avec les jeunes, je suis davantage un grand frère qui partage son expérience, et je tente de suggérer les choses plutôt que de les imposer. »
L'entraîneur Johan Bouquet (à gauche) et son protégé Joshua Jacques Phinera constituent un binôme indissociable (Crédit photo : Christian Lortat)
Parmi ces jeunes, il y a les frères Raphaël et Maxime Benamran, mais surtout Joshua Jacques Phinera. « Je l'entraîne depuis qu'il a 9 ans, » confie-t-il. « J'ai rapidement remarqué ses qualités, mais dans un premier temps il a fallu beaucoup travailler sur le plan mental. » La sélection de Joshua en équipe de France junior au printemps 2019 est venu récompenser le travail d'un binôme qui va au-delà de la relation joueur-entraîneur. « J'essaie de lui mettre du plomb dans la tête (rires) et de lui enseigner certaines valeurs, par exemple que dans la vie tout doit se mériter, » sourit Johan. « Je souhaite aussi, en toute modestie, être un ambassadeur pour mon sport, et je pense que je lui donne un exemple positif. Je suis ce qu'on appelle un autodidacte, et mon discours a certainement d'autant plus de poids que son parcours est similaire au mien sur certains aspects. » Comme son mentor avant lui, Joshua Jacques Phinera n'a en effet pas intégré de pôle ni centre d'entraînement. « Sa situation est donc différente de la plupart des autres jeunes de son niveau, et comme je ne l'entraîne que trois fois par semaine, on essaie de mettre l'accent sur la qualité plutôt que la quantité. » Son bac en poche, Joshua a dessiné les contours de son futur projet : intégrer la filière STAPS, tout en passant ses diplômes d'entraîneur de squash. « C'est très bien que la Fédération encourage les jeunes espoirs à suivre cette voie, et j'ai déjà eu l'occasion de le dire à ses dirigeants, » confie son entraîneur. « Joshua bénéficie de l'exemple de sa sœur, qui est devenue prof de gym. Il m'a déjà aidé avec l'école de squash, et c'est vraiment ce qu'il a envie de faire. Et comme le club souhaite continuer son extension sur plusieurs sites, s'établir ici est une belle opportunité pour lui. » Dans le même temps, le jeune Puciste tentera de continuer à progresser sur l'échiquier national en tant que joueur, lui qui est actuellement n°37 au classement senior. « Il a du potentiel, et peut raisonnablement viser le top 15 à moyen terme - même si ce sera loin d'être facile car on y retrouve essentiellement des professionnels, ou d'autres qui l'ont été auparavant, » conclut son entraîneur. « Une fois sorti du lycée, on est davantage maître de son temps et il faut se responsabiliser. Je suis curieux de voir comment il va gérer sa nouvelle vie, et la manière dont ça se traduira sur le court ... »
PALMARÈS ET GRANDES DATES
☛ Dès sa création en 1983, la section squash du Paris Université Club a lancé son open, et l'une des premières éditions voit la victoire de Michaël Palmstierna (n°3 français) aux dépens d'Éric Claudel (n°2). Le tournoi a eu lieu tous les ans depuis, et ces deux dernières saisons l'association a suivi la tendance actuelle en passant au format "open d'un jour" (les femmes le samedi, les hommes le dimanche). Si les archives indiquent que le Stadium Paris en avait reçu deux en 1988 (jeunes et play-offs des Interclubs), le stade Charléty n'a jamais accueilli de championnat de France. En revanche, cette enceinte emblématique du sport hexagonal a reçu deux épreuves internationales : la plus récente, les Gay Games à l'été 2018. Événement engagé pour l'inclusion et le respect de la diversité, mais ouvert à toutes et à tous contrairement à ce que son appellation pourrait laisser croire, cette manifestation multi-sports avait réuni 104 joueurs et joueuses de squash, issus des quatre coins du globe. Dix ans en arrière, ce sont les Internationaux de France qui avaient lieu dans la salle Charpy, où un court vitré avait été érigé pour l'occasion. Doté de 64 000 $, ce tournoi masculin était le plus important à Paris depuis l'open Guy Laroche en 1987, et avait bénéficié de la présence de quatre membres du top 10 mondial. L'Espagnol Borja Golan en renversa deux (Thierry Lincou et James Willstrop), avant de s'incliner face à la tête de série n°1, le Français Grégory Gaultier, en finale.
Les épreuves de squash des Gay Games 2018, disputées sur les courts du stade Charléty, avaient été une belle réussite (Crédits photo : © Paris 2018 - Gay Games 10)
☛ Côté palmarès, le Paris Université Club doit la majorité de ses titres nationaux à Daniel Montel : ce dernier, grand rival de l'actuel président de la FFSquash Jean-Denis Barbet, a été sacré 11 fois en vétérans (en +45, +50, +55 et +60 ans) entre 1997 et 2015. Grand ami de Johan Bouquet, Arnaud Foissac a quant à lui remporté le championnat de France 2ème série sous les couleurs du PUC en 2013. Enfin, le club du Quartier Latin a élu domicile à Charléty en 2013, et son représentant Pierre Barcillon s'était imposé en +70 ans en 2017. Après avoir compté certains des meilleurs joueurs Français dans ses rangs dans les années 80, l'équipe masculine a récemment renoué avec son glorieux passé : en 2017, les Pucistes remportent le critérium Île-de-France, mettant fin à un long règne du duo Jeu de Paume – Vincennes. Quelques semaines plus tard, ils créent la surprise en devenant champions de France Nationale 3, aux dépens des grands favoris Montpelliérains. Ils auraient très probablement participé aux playoffs d'accession en N1 en juin, si la saison n'avait pas été déclarée comme blanche.
L'équipe masculine du PUC avait réalisé un bel exploit en devenant championne de France Nationale 3 en 2017 (Crédit photo : Johan Bouquet)
☛ Fleuron de l'école de squash, Joshua Jacques Phinera fait partie des meilleurs joueurs de sa catégorie dans l'hexagone. Demi-finaliste du championnat de France -13 ans en 2014, puis sixième en -15 ans deux ans plus tard, il franchit un cap important au printemps 2019 en décrochant trois médailles : l'argent à l'open de France junior et au championnat de France 2ème série, puis le bronze national en -17 ans. Ces résultats lui permettent d'être sélectionné en équipe de France pour le championnat d'Europe -19 ans, alors qu'il n'a pas encore 17 ans. Il continue sur sa lancée en 2019-2020 avec une 5ème place nationale en -19 ans et un titre de champion d'Île-de-France 2ème série, ce qui lui vaut d'intégrer le top 40 français. Alors que la date de reprise des compétitions internationales jeunes est toujours incertaine, Joshua aura deux belles échéances à la rentrée : le championnat de France 2ème série (11-13 septembre aux Escures), où il fera partie des prétendants à la victoire, et le championnat de France -19 ans (qui sera son dernier en jeunes) à la mi-octobre.
Joshua Jacques Phinera (à droite) a obtenu sa première médaille nationale individuelle en -17 ans en 2019, derrière Paul Gonzalez et Macéo Levy (Crédit photo : Nicolas Barbeau)
Stade Charléty, 17 Avenue Pierre de Coubertin 75013 Paris
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Rendez-vous vendredi prochain pour le onzième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré au RM Club Visaform à Annecy.