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CHAMPIONNAT DE FRANCE -11/-15 ANS : PRÉSENTATION
Événements 12/12/2019Ce weekend, les meilleurs joueurs et joueuses Français âgés de 9 à 14 ans seront à Gradignan (Bordeaux), à l'occasion des championnats de France -11/-15 ans.
C'est l'occasion de mettre un coup de projecteur sur le juge-arbitre de la compétition : voici un entretien avec Pierre Bernard, figure bien connue dans le monde du squash hexagonal.
Article de Jérôme Elhaïk
PIERRE BERNARD : « MON RÔLE EST D'ÊTRE UN FÉDÉRATEUR »
Les débuts dans le squash
« J'ai découvert le squash sur le tard, à 30 ans. C'était en 1978, en allant rendre visite à mon frère au pays Basque (au Trinquet Bordacho, à Saint-Jean de Luz). Nous sommes jumeaux, ça nous est arrivés de nous affronter en tournoi par la suite. On était sympas avec l'arbitre, car on portait une tenue différente ! Auparavant, j'avais fait beaucoup de sport à l'école, notamment du handball. À l'époque, il était possible d'être pivot même en étant petit, je me faufilais un peu partout. J'avais aussi pratiqué un peu de mur à gauche, mais le squash était quelque chose de nouveau pour moi, notamment cette raquette qui était à l'époque un petit rond au bout d'un manche (rires) … Ensuite, j'ai découvert le club d'Ornano grâce à une double page dans Sud Ouest (chose qui serait difficile à imaginer aujourd'hui), et un an plus tard je suis devenu président de l'association. J'ai tout de suite aimé la manière dont on peut conduire un échange, et un match. On dit que sur un court, il faut aller à la vitesse d'une Formule 1 tout en réfléchissant comme un joueur d'échecs, je trouve que ça représente bien notre sport. Pour progresser, j'avais pris des cours au club de Quinconces avec le numéro 3 Anglais Stephan Gallagher, qui était souvent dans la région. Quand on débute, on a du mal à imaginer comment rattraper les balles près des murs, mais on apprend petit à s'approprier la technique spécifique au squash. Les choses ont beaucoup évolué depuis, mais dans les années 80 on comparait le swing des meilleurs joueurs à celui des golfeurs ... »
Le sens des responsabilités
« L'organisation, les responsabilités, ça m'a toujours attiré. À 16 ans, j'étais le capitaine de mon équipe de hand, et j'ai été syndicaliste au cours de ma carrière professionnelle. Quand tu es petit comme moi, et que tu dois prendre la parole devant 700 personnes aux côtés du secrétaire général de la CGT qui a un physique de 2ème ligne de rugby, il ne faut pas se louper (rires) ! Concernant le squash, j'ai rapidement passé mes diplômes (brevet fédéral, arbitre, juge-arbitre). J'ai eu des responsabilités dans diverses associations à Mérignac, Talence, Pessac, et maintenant à Gradignan, ainsi que celle de président de Ligue (l'Aquitaine, et maintenant la Nouvelle-Aquitaine). Avec 84 000 km2, notre région est la plus étendue de l'hexagone ! Cela signifie que les points de vue et les cultures sont différents selon l'endroit où on se trouve, et mon rôle est avant tout celui d'un fédérateur. Dans l'ensemble, les structures et les associations jouent le jeu. Les jeunes sont notre priorité, et nous les aidons pour leurs déplacements lors des championnats de France, tournois européens etc. Avoir des clubs comme la Rochelle et Royan, qui sont des références dans ce domaine, est une chance pour la Ligue.
Pierre Bernard (à droite, aux côtés de Grégory Gaultier), lors des derniers playoffs des championnats de France Interclubs dont il était le juge-arbitre (Crédit photo : Nicolas Barbeau)
À la fin des années 90, je me suis également occupé de la gestion administrative du pôle Espoir du Mans en compagnie de M. Dufourcq. Enfin, j'ai été élu au comité directeur de la Fédération Française de Squash sous la présidence de Jacques Fontaine, et j'en suis aujourd'hui le secrétaire général adjoint. Quand on est bénévole, il y a parfois des postes qui sont censés être provisoires, et ils deviennent définitifs. Ma philosophie, ça a toujours été de faire du mieux possible. »
Le squash, présent et avenir
« Je faisais partie du comité d'organisation au championnat du monde masculin à Toulouse, en 1986. Oui, les tribunes de la Halle aux Grains étaient pleines, mais c'est également le cas sur certains tournois du circuit international aujourd'hui. Concernant les tournois en France, peut-être qu'il y a moins de monde qui y participe, mais c'est à l'image de la société Française en général. La mise en place des opens d'1 jour a été un grand changement, et les gens se déplacent de moins en moins pour un weekend. Sauf pour les opens nationaux, qui sont l'occasion de côtoyer les meilleurs joueurs Français, et même de les affronter.
En ce qui me concerne, je suis d'une intransigeance totale sur le respect du règlement, c'est une condition essentielle pour que le squash évolue dans le bon sens. D'autre part, les associations doivent aujourd'hui être gérées comme des entreprises. Ce n'est pas facile d'adopter ce fonctionnement, mais c'est pourtant la seule solution dans le système actuel. La réalité, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de jeunes parmi les bénévoles. Pourtant, on a besoin de VRP mais aussi de personnes qui travaillent dans l'ombre ...
Pierre Bernard aimerait bien remettre la médaille de champion de France -19 ans à Toufik Mekhalfi l'année prochaine ... (Crédit photo : Sud Ouest)
Nous avons des publics différents : les compétiteurs, les jeunes et les joueurs loisirs. Je sais que certains ne partagent pas mon point de vue, mais je ne suis pas certain qu'imposer la prise de licence pour ces derniers soit la bonne solution. Je pense plutôt qu'il ne faudrait pas hésiter à investir pour être plus présent dans les médias. On a également le problème des structures, car le maillage est insuffisant. Tous les ans, on a énormément de gamins qui découvrent le squash au Village des Sports, mais qui n'ont pas de club à proximité. Au pays Basque, il y a un fronton dans chaque village ! Mais même si c'est normal de vouloir grandir, il ne faut pas oublier que la Fédération n'existe que depuis 1981 et qu'on est donc un sport très jeune. Il y a également le problème de l'olympisme : aujourd'hui, il y a les sports qui sont aux JO, et qui sont reconnus, et les autres. Je considère comme une grande injustice le fait que le squash n'en fasse pas partie, car on démontre les mêmes valeurs que les sports qui y sont (formation, éducation etc.). »
L'association Squash Gradignan (dont il est président d'honneur)
« Je m'occupe de l'accueil du public handicapé, notamment des jeunes autistes. Ça reprendra en janvier, trois jours par semaine pendant un mois et demi. Notre plus grande victoire, c'est que deux de ces jeunes aient intégré l'école de squash. J'en profite pour souligner le formidable travail de Thierry Capdeville, qui arrive à avoir 70 jeunes pour des stages dans le département 33. Même si nous n'avons plus d'équipe féminine en Nationale 1, nos deux tournois nationaux sont une vitrine : c'est une belle récompense quand des gens du club viennent me remercier, car ils peuvent voir du squash de haut niveau. Concernant le championnat de France -11/-15 ans, on avait reçu les -13/-17 il y a deux ans, c'est bien de varier. Il ne manque que les -19 ans à mon palmarès de juge-arbitre (rires). J'espère que ce sera le prochain, d'autant que Toufik Mekhalfi, qui a joué à Gradignan, tentera de conserver son titre. »
Le 22 novembre, Pierre Bernard a été récompensé par l'AFCAM (Association Française du Corps Arbitral Multisports) de la Nouvelle-Aquitaine, pour son engagement en tant qu'officiel - notamment dans le rôle de juge-arbitre.
Pierre Bernard (à gauche) en compagnie de la préfète de Nouvelle-Aquitaine, qui lui a remis la médaille de la Jeunesse, Sports et Engagement Associatif (Crédit photo : Pierre Bernard)
« La plus belle des récompenses, c'est quand un enfant autiste te prend dans ses bras. Néanmoins, cela fait plaisir de recevoir une médaille, et d'être remercié pour son engagement. Notre sport a besoin de reconnaissance. »
LA COMPÉTITION EN UN CLIN D'ŒIL
Qui succèdera à Leelou Laporte, Marius Blin, Lola Douillard et Laszlo Godde, vainqueurs l'an dernier à Nantes ? Voici un petit tour d'horizon des quatre tableaux en compagnie de Nicolas Sajat. Coordinateur du PAHN (Programme d'Accession au Haut Niveau) de la FFSquash, il est l'un de ceux qui a la meilleure vision de la tranche d'âge 9-14 ans. « Je dirais plutôt meilleure oreille, » sourit-il, « car j'assiste rarement à leurs matches, mais en revanche j'écoute tout ce qui se dit sur eux. »
-11 ans filles
Pas beaucoup d'inscrites dans cette catégorie, mais une grande favorite : médaillée de bronze lors des deux dernières éditions, Sarah Guyot semble au-dessus du lot. La joueuse du Squash 95 a montré de belles choses le weekend dernier au Swiss Junior Open (en -13 ans), en battant deux fois la Rennaise Hannah Oudinet.
Nicolas Sajat : « Sarah est la seule membre du PAHN en -11 ans, et passera dans la catégorie supérieure en mars. Ce championnat sera donc l'occasion de repérer d'autres joueuses. »
Sarah Guyot et Lysandro Joneau tenteront de remporter leur premier titre national à Bordeaux (Crédit photo : Christian Lortat)
-11 ans garçons
L'année dernière, on vous avait dit que le match pour la 5ème place entre Éthan Lecordier et Lysandro Joneau – remporté par le premier cité en 5 jeux – était une possible finale de la prochaine édition. Ils pourraient néanmoins s'affronter dès les demi, en fonction du tirage au sort. Tête de série n°1, Morgan Daujon a terminé 4ème du Swiss Junior Open en -13 ans, à seulement 10 ans.
Nicolas Sajat : « Ça s'annonce serré entre ces trois joueurs. Éthan et Lysandro sont peut-être légèrement au-dessus sur le papier, mais Morgan est capable de se mêler à la lutte pour la victoire grâce à sa combativité. À signaler que Lysandro est seulement âgé de 9 ans : s'il ne s'impose pas ce weekend, ce sera sans doute pour l'année prochaine … »
-15 ans filles
Troisième l'an dernier à seulement 11 ans, la Franco-Égyptienne Lauren Baltayan est grande favorite cette année. Rose Lucas-Marcuzzo et Daphné Mourier sont ses deux principales challengers, et le tirage déterminera si elles s'affrontent en demi-finale (la deuxième a remporté leur dernière confrontation, au championnat de France -19 ans). Inès Guyot (championne de France -13 ans en titre) et Lilou Brévard-Belliot, à un degré moindre, peuvent également espérer se mêler à la lutte pour le podium.
Nicolas Sajat : « Lauren a déjà largement battu toutes ses adversaires, et a certainement encore progressé depuis avec la confrontation qu'elle a en Égypte. Derrière elle, Daphné est au-dessus de Rose en théorie, mais on sait que chez les filles la gestion des émotions le jour J est un facteur primordial. »
Ici face à Rose Lucas-Marcuzzo lors de l'édition 2018-2019, Lauren Baltayan est la grande favorite en -15 ans (Crédit photo : Nicolas Barbeau)
-15 ans garçons
Melvil Scianimanico et Antonin Romieu sont rivaux depuis leur plus jeune âge, et les deux joueurs seront les principaux prétendants au titre à Bordeaux. C'est Melvil qui a eu le dessus lors de leurs confrontations récentes. Troisième du Swiss Junior Open, Axel Diet est un candidat légitime au podium (tout comme le Réunionnais Robin Lassaux), mais il n'est que tête de série n°6 et peut donc croiser la route des deux favoris dès les quarts.
Nicolas Sajat : « Si la finale attendue a lieu, ce sera comme d'habitude une opposition de styles entre la solidité d'Antonin et le style plus flamboyant de Melvil, qui peut néanmoins parfois sortir d'un match. »
Melvil Scianimanico et Antonin Romieu (ici lors de la finale du championnat de France -13 ans en 2018, qui avait également lieu à Gradignan) pourraient se retrouver dimanche ... (Crédit photo : Corse Net Infos)
Retrouvez les résultats et les photos des podiums sur notre site à l'issue de la compétition. En attendant, vous pourrez suivre les résultats en direct sur squashnet pendant le weekend.
Palmarès des championnats de France -11 ans et -15 ans
Les médaillés de l'édition 2018-2019 (Crédit photo : Nicolas Barbeau)
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