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CHAMPIONNAT DU MONDE INDIVIDUEL : CAMILLE SERME ET LES BLEUES S'ATTAQUENT AUX PYRAMIDES

Événements 22/10/2019

C'est l'un des rendez-vous les plus attendus de la saison : le championnat du monde individuel féminin a lieu du 24 octobre au 1er novembre au pied des pyramides de Giza, lieu mythique du squash.

Les joueuses Égyptiennes seront très dures à battre devant leur public, mais Camille Serme va tenter de réaliser l'exploit. L'entraîneur national Philippe Signoret décrypte les chances de la numéro 4 mondiale, ainsi que celles des trois autres joueuses de l'équipe de France.

Article de Jérôme Elhaïk 

LE GRAND DÉFI DE CAMILLE SERME

Camille Serme le répète inlassablement saison après saison : même si sa superbe carrière fait déjà d'elle l'un des plus gros palmarès de l'histoire du squash Tricolore (derrière Grégory Gaultier et Thierry Lincou), elle en veut plus, c'est-à-dire le titre de championne du monde et la place de numéro 1 mondiale. Pour réaliser la première moitié de ses rêves, la Française va devoir relever le défi ultime du squash contemporain : vaincre l'armada Égyptienne devant son public. Lors des trois dernières éditions, elle a atteint le dernier carré avant de buter sur l'une des représentantes de la super puissance de la discipline. « Certains parleront de syndrome Égyptien, » glissait son entraîneur Philippe Signoret après la défaite de sa joueuse à l'US Open face à Nouran Gohar il y a quelques jours. Les chiffres ne mentent pas : depuis sa dernière victoire dans un tournoi majeur - au Tournament of Champions en janvier 2017 – Camille a perdu 25 de ses 29 affrontements face aux quatre Égyptiennes qui composent le top 5 mondial en sa compagnie (Raneem El Welily, Nour El Sherbini, Nour El Tayeb et Nouran Gohar). Mais pour Signoret, l'échec en demi-finale à Philadelphie ne doit pas « effacer le bon début de saison de Camille. Même s'il y avait eu défaite au bout, le match face à Nour El Tayeb à San Francisco avait été de très bonne facture. » Depuis début septembre, par exemple lors de sa campagne victorieuse à l'open de France, la Cristolienne avait étonné les observateurs par une métamorphose physique, résultat d'un travail estival intense aux côtés de son nouveau préparateur Frédéric Pfeferberg. 

« La défaite à l'US Open ne doit pas effacer le bon début de saison de Camille »

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Après sa lourde défaite face à Nouran Gohar à l'US Open, Camille Serme et son entraîneur Philippe Signoret ont tout fait pour que la Française reparte dans la bonne direction (Crédit photo : Steve Cubbins)

« Il y a tellement de choses qui n'ont pas fonctionné contre Gohar, c'était compliqué de mettre le doigt sur le facteur déclencheur, » raconte l'entraîneur national. « J'avais évoqué une mauvaise gestion mentale à chaud, mais après avoir revu le match je parlerais plutôt d'un problème technico-tactique : beaucoup de gens évoquent les progrès de Camille en termes de puissance, de vitesse etc. qui lui procurent une marge encore plus grande sur la plupart des joueuses. Mais celles du top 5 ont davantage d'armes, notamment la capacité à s'adapter à cette vitesse. C'est encore plus le cas pour Gohar et son jeu si particulier : on pourrait comparer la demi de l'US Open à un combat, où un boxeur plus petit essaie de battre son adversaire en puissance ... » Dans les jours qui ont suivi, Camille Serme s'est attelée à digérer ce revers, en compagnie de son staff « technico-tactique ainsi que mental, » précise son entraîneur. « Notre rôle est de l'aider à relativiser et positiver. » Elle a profité des Interclubs le weekend dernier pour retrouver la compétition, avec un succès convaincant sur Milou van der Heijden (n°29 mondiale). La délégation Tricolore a mis sur le cap sur le Caire hier, et sa leader entrera en lice jeudi. « Je n'ai aucun problème à dire que le tableau de Camille me plaît, » admet Philippe Signoret avec honnêteté. Et pour cause : Raneem El Welily, Nour El Tayeb, et Nouran Gohar, soit les trois dernières joueuses à l'avoir battue sur le circuit et qui ont dominé le début de saison, ne sont pas dans sa partie de tableau ! Le tirage au sort lui propose l'Égyptienne Salma Youssef (66ème mondiale) en hors-d'œuvre, avant la découverte du court vitré face à l'Anglaise Millie Tomlinson (22ème), qu'elle a toujours nettement battue. « Camille n'a jamais joué devant les pyramides, » confie son entraîneur. « Ça aurait pu arriver il y a trois ans à l'open d'Al-Ahram mais elle avait perdu ce fameux match contre Sarah-Jane Perry (NDLR : sa joueuse et lui avaient effectué une grosse remise en question après cette douloureuse défaite, envisageant même une séparation. Quelques mois plus tard, elle allait connaître la meilleure période de sa carrière). D'après ce que j'ai entendu, il pourrait faire relativement frais et les conditions pourraient donc se rapprocher de celles de San Francisco … » 

« On ne sait pas trop où en est Nour El Sherbini »

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Si la hiérarchie est respectée, Camille Serme retrouvera Nour El Sherbini en demi-finale, comme lors de l'édition 2018-2019 (Crédit photo : Steve Cubbins)

Les choses sérieuses devraient commencer en 1/8è face à Yathreb Adel, « une joueuse agressive, qui aime le contact et qui lui a déjà posé des problèmes. » Camille a ensuite rendez-vous en quart de finale avec Amanda Sobhy (si cette dernière se sort d'une partie de tableau où on retrouve la championne du monde junior Hania El Hammamy). La gauchère Américaine est certes une adversaire dangereuse mais n'a pas battu la Française en PSA depuis 2014. Est-il possible d'atteindre la finale du championnat du monde sans battre d'Égyptienne ? Oui, à condition que Nour El Sherbini connaisse un incident de parcours (qui lui réserve Joshna Chinappa en 1/8è et Joelle King en quarts). La tenante du titre est l'énigme du tournoi : hormis une rencontre par équipe dans son pays où elle a abandonné au bout d'un jeu, elle n'est plus réapparue en compétition depuis les finales du World Tour mi-juin, en raison d'une blessure à un genou. « On ne sait pas trop où elle en est, » avoue Philippe Signoret. « Mais si une joueuse de son standing s'engage dans une telle compétition, c'est qu'elle s'estime capable d'aller au bout. Camille et Nour ne se sont pas affrontées depuis quelques mois mais les derniers matches avaient été serrés. » Si elle a lieu, cette demi-finale sera un remake de celle de la saison dernière à Chicago. L'Égyptienne s'était imposée en 5 jeux, comme lors de leurs trois confrontations en 2019. De quoi donner des motifs d'espoirs à la Française dans la poursuite de son rêve ...

LES CHANCES DES AUTRES FRANÇAISES

Comme lors de l'édition 2018-2019 en février à Chicago, les quatre joueuses de l'équipe de France participent au grand rendez-vous de la saison.

Coline Aumard n'a manqué qu'une seule fois le championnat du monde (pour cause de blessure) depuis 2010. Pour égaler son meilleur résultat (elle a atteint trois fois les 1/16è), la joueuse d'Annecy devra battre Danielle Letourneau au premier tour. La Canadienne est certes trois places devant elle au classement (34ème), mais ne lui a jamais pris un jeu en trois confrontations. Pour Philippe Signoret, ce match s'annonce « serré mais est à la portée de Coline. Un peu comme son premier tour contre Sivasangari Subramaniam à l'US Open, perdu 11-9 au cinquième jeu alors qu'elle menait 9-7. C'est dommage, surtout quand on voit le parcours de la jeune Malaisienne ensuite. Mais ça ne sert à rien d'avoir des regrets et il faut avancer. » Coline avait réalisé un bon début de saison (médaille d'argent au championnat d'Europe puis 1/8è de finaliste à l'open de France) avant de vivre une tournée Américaine frustrante avec deux défaites au premier tour. Ce match est donc l'occasion pour elle de renouer avec le succès, et en cas d'issue favorable elle défierait la Galloise Tesni Evans (n°9).

« Son premier tour face à Danielle Letourneau est à la portée de Coline »

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Coline Aumard - ici lors de l'open de France à Nantes - a un premier tour à sa portée (Crédit photo : Philippe Rochais) 

Mélissa Alves s'était révélée au monde du squash lors de l'édition 2018-2019, lorsque sa victoire face à la n°12 mondiale Salma Hany lui avait permis d'atteindre les 1/8è de finale. Mauvaise pioche pour la Guyanaise, qui affronte d'entrée celle qui avait mis fin à son parcours à Chicago : la numéro 3 mondiale Nour El Tayeb, qui « est de plus en grande forme, » souligne Philippe Signoret. « C'est le problème de ce genre de tableau, pour les joueuses classées entre 33 et 64 tous les tirages sont possibles, les très bons comme les très mauvais … Mais ça fait partie du jeu et Mélissa doit jouer sa carte à fond, sachant que Nour ne la prendra pas à la légère et que ce sera donc très difficile. » La numéro 38 mondiale reste sur une belle tournée Nord-Américaine, avec le plus grand titre de sa carrière (la Nash Cup, un 20 000 $) et plusieurs victoires référence. « C'est intéressant pour l'entraîneur, car il y a à la fois du positif sur lequel on peut s'appuyer, et des choses à travailler, » sourit Philippe Signoret. « Le piège, c'est que ces résultats vont lui permettre de continuer à monter au classement, mais Mélissa ne doit pas perdre de vue que lors de ses dernières confrontations avec des membres du top 10 - son objectif à moyen terme – le contenu n'a pas été suffisant. D'un autre côté, le fait qu'elle arrive à les embêter alors qu'elle a encore des lacunes dans son jeu est porteur d'espoirs. » 

« Mélissa doit jouer sa chance à fond même si ce sera très difficile »

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Sortie en 1/8è de finale par Nour El Tayeb lors d'une édition 2018-2019 où elle avait brillé, Mélissa Alves va retrouver la n°3 mondiale dès le premier tour ... (Crédit photo : Steve Cubbins) 

En février dernier, la première participation d'Énora Villard (52ème) au championnat du monde s'était soldée par une défaite face à Yathreb Adel en 22 minutes. Mais la numéro 4 française n'est plus la même aujourd'hui, et à l'instar de Camille Serme elle a gagné en puissance et en explosivité grâce à sa préparation estivale. Ce travail a porté ses fruits dès le mois de septembre, avec deux succès sur la jeune Belge Tinne Gilis (26ème), au championnat d'Europe individuel et surtout à l'open de France. Hasard du tirage au sort, les deux joueuses se retrouvent au premier tour. Jamais deux sans trois pour la pensionnaire du pôle France ? Pour Philippe Signoret, « l'aspect psychologique va être très important dans ce match. Suite à ces deux défaites, il est possible que Tinne se mette moins de pression et joue plus relâchée. De son côté, Énora ne doit pas se dire qu'elle a l'obligation de gagner. La Belge est encore montée au classement depuis leur rencontre à Nantes et c'est une perf à aller chercher ! Pour elle, participer au deuxième tour (normalement contre la n°17 mondiale Joey Chan) serait bénéfique, en termes d'expérience et de classement. Même si elle progresse dans la hiérarchie, Énora a le sentiment que les choses n'avancent pas aussi vite qu'elle le souhaiterait. » En cas de victoire face à Tinne Gilis, la Française serait plus proche que jamais de la 46ème place mondiale, synonyme de participation automatique aux tournois Platinum ...

« Pour Énora, l'aspect psychologique sera très important »

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Énora Villard peut-elle battre Tinne Gilis une troisième fois cette saison ? Réponse jeudi ... (Crédit photo : Nicolas Barbeau)

Les premiers matches des Françaises – 1/32è de finale, jeudi 24 octobre

12h45 : [31] Coline Aumard (FRA) – Danielle Letourneau (CAN) – court n°4

14h15 : [5] Nour El Tayeb (EGY) - Mélissa Alves (FRA) – court n°3 

15h : [3] Camille Serme (FRA) - Salma Youssef (EGY) – court n°2

16h45 : [27] Tinne Gilis (BEL) - Énora Villard (FRA) – court n°4 

Les premiers tours seront diffusés en streaming gratuit sur la chaîne YouTube de PSA SQUASH TV.

À SAVOIR

Ce sera la quatrième édition du championnat du monde individuel féminin organisée en Égypte depuis le début des années 2010, mais la première de l'histoire au pied des pyramides de Giza (les hommes ont déjà eu ce privilège en 1999 et 2006, avec notamment cette fameuse finale perdue par Grégory Gaultier contre David Palmer alors que le Français avait eu quatre balles de match). Le partenaire principal de l'évènement – la banque Égyptienne CIB – a augmenté de 100 000 $ le prize money initial, la portant à 430 000 $. Cette compétition sera par conséquent la deuxième la plus richement dotée de l'histoire du squash féminin, après l'édition 2018-2019 à Chicago (500 000 $). La championne du monde recevra un chèque de 68 800 $. 

Tous les matches du premier tour et les 1/16è de finale du haut de tableau auront lieu sur des courts traditionnels au Shooting Club. Une partie des 1/16è de finale du bas de tableau se disputera sur le court vitré, puis tous les matches à partir des 1/8è de finale (ils seront diffusés sur Eurosport Player pour les abonnés). Un tournoi Platinum masculin a lieu en parallèle (nous vous présenterons les joueurs français qui y participent jeudi). 

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C'est dans ce décor extraordinaire que les matches du championnat du monde auront lieu à partir de samedi (Crédit photo : PSA World Tour)

PROGRAMME

  • Jeudi 24 octobre : 1/32è de finale
  • Vendredi 25 octobre : 1/16è de finale (haut de tableau)
  • Samedi 26 octobre : 1/16è de finale (bas de tableau)
  • Dimanche 27 octobre : 1/8è de finale (haut de tableau)
  • Lundi 28 octobre : 1/8è de finale (bas de tableau)
  • Mardi 29 octobre : quarts de finale (haut de tableau)
  • Mercredi 30 octobre : quarts de finale (bas de tableau)
  • Jeudi 31 octobre : demi-finales
  • Vendredi 1er novembre : finale

Nous vous ferons vivre le parcours des Françaises en Égypte. Vous pouvez également suivre la compétition sur les supports officiels du tournoi (site WebFacebook - Instagram). 

 

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