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NECKER PRO SQUASH OPEN : LE SQUASH GRANDIT À L'ÎLE MAURICE
Équipe de france 31/07/2019La semaine dernière, la plupart des joueurs et joueuses de l'équipe de France ont participé au prestigieux Necker Pro Squash Open à l'île Maurice.
Ce tournoi exhibition leur a permis de se jauger en pleine préparation estivale, et les deux chefs de file du squash Tricolore (Camille Serme et Grégoire Marche) ont atteint la finale. Petit focus sur cet évènement, qui va devenir une étape majeure du circuit PSA en 2020.
Article de Jérôme Elhaïk
LE NECKER PRO SQUASH OPEN, DE PLUS EN PLUS GRAND
Avez-vous entendu parler du Necker Pro Squash Open ? En l'espace de deux ans, ce tournoi exhibition disputé dans un endroit paradisiaque – l'île Maurice – a pris de l'ampleur, au point de d'être le plus prestigieux sur la planète squash, et de devenir bientôt une étape majeure du circuit PSA (voir ci-dessous PSA, HORIZON 2020). L'homme fort de cette aventure s'appelle Rémy Mabillon, un nom de plus en plus familier aux oreilles des aficionados de la discipline : l'homme d'affaires, qui partage son temps entre l'océan indien, Paris et la Suisse a – via sa société Tailor Capital – lancé un projet très ambitieux à Annecy, et est le partenaire principal de l'open de France, qui aura lieu à Nantes début septembre. L'idée du tournoi Mauricien lui est venue lors de discussions avec Grégoire Marche – l'un des premiers joueurs qu'il a sponsorisés – alors que le Drômois lui vantait les vertus du court vitré, grâce auquel le squash peut être exposé dans à peu près n'importe quel endroit. « Greg m'avait notamment parlé du Tournament of Champions, qui a lieu dans la Grand Central Station de New York. Un jour, j'étais en train de prendre un café dans un centre commercial de l'île, à Grand-Baie La Croisette, devant lequel il y a une grande esplanade. Je me suis dit, ce serait pas mal de mettre un court vitré ici … » Rapidement, il se met en relation avec les instances locales, notamment Xavier Koenig. Le numéro 1 Mauricien, « à l'origine de tous les projets liés au squash ici, » selon Mabillon, est malheureusement décédé en raison d'une soudaine maladie il y a quelques semaines, et l'édition de cette année lui a été dédiée. Le succès du premier opus en 2017 (remporté par l'indien Saurav Ghosal) encourage le duo à passer à la vitesse supérieure. Pas moins de 4 anciens numéros 1 mondiaux et champions du monde (Grégory Gaultier, Nick Matthew, Karim Abdel Gawad et Thierry Lincou) font le déplacement l'année suivante, mais c'est l'Allemand Simon Rösner qui s'impose.
Les trois premiers du Necker Pro Squash Open 2019 (hommes et femmes), entourés de Rémy Mabillon et Lionel Kupper (Crédit photo : Camille Serme)
Même si organisateurs et joueurs apprécient l'ambiance détendue et familiale d'un tournoi exhibition de fin de saison, une intégration au circuit international était presque un passage obligé au vu de la qualité de l'évènement. Elle avait été annoncée il y a un an, et on savait donc que cette troisième édition était la dernière sous ce format, alors que dans le même temps le squash était sport de démonstration dans le cadre des Jeux des îles de l'océan indien, organisés à Maurice. Le spectacle a une nouvelle fois été au rendez-vous, grâce à la densité des tableaux masculin et féminin – comprenant la quasi-totalité des équipes de France. Les joueurs étant en pleine préparation estivale, le format 'best of 3' a été adopté en accord avec eux. « Il donne plus de rythme et ça permet de tenir le public en haleine, surtout ceux qui ne connaissent pas le squash, » ajoute Lionel Kupper. Associé et ami de Rémy Mabillon, ce dernier a tenu le rôle de maître de cérémonie, réalisant la prouesse de faire danser les joueurs avant les matches au son du tube Turn it Up d'Armin van Buuren. Une manière de faire participer le public, alors que le développement de la discipline sur l'île est l'un des principaux objectifs des organisateurs et qu'un tournoi jeunes a eu lieu le jour des finales. « Tous les ans, Vanessa Florens (NDLR : responsable de la formation à Maurice) me dit que le tournoi a un réel impact sur le nombre d'enfants qui se mettent au squash, » confie Mabillon. « Avoir la chance de voir évoluer les meilleurs joueurs du monde, ça donne envie ... »
DEUX BLEUS EN FINALE
Les tableaux du Necker Pro Squash Open 2019 avaient une très forte coloration bleu-blanc-rouge, avec une vingtaine de joueurs Tricolores dont la moitié appartenant aux équipes de France senior. Dans le tableau féminin, le public a eu droit à la finale attendue : si Raneem El Welily était arrivée à ce stade sans être inquiétée, Camille Serme était passée à deux points de l'élimination en quart de finale face à Donna Lobban. « C'est peut-être le plus beau match du tournoi, » souligne Lionel Kupper. L'affrontement final entre les numéros 1 et 3 mondiales a comme d'habitude été serré, et l'Égyptienne est sortie vainqueur. « Mais le résultat est anecdotique, » confie une Camille Serme plutôt satisfaite de ses sensations à un peu plus d'un mois de la reprise de la compétition (voir ci-dessous 3 QUESTIONS À ...). Troisième derrière ces deux géantes de la discipline, Mélissa Alves est également repartie de Maurice avec des enseignements positifs dans ses bagages : logiquement battue par El Welily en demi, elle s'est offerte deux belles victoires face à Coline Aumard et Nele Gilis, des joueuses qui feront partie de ses principales rivales pour le titre de championne d'Europe début septembre à Bucarest … La numéro 2 française terminera 7ème, juste devant la quatrième joueuse des Bleues, Énora Villard.
La demi-finale franco-française entre Grégoire Marche et Mathieu Castagnet a donné lieu à une belle empoignade (Crédit photo : Pascal Lincou)
Côté masculin, et même si les résultats à ce stade de la saison doivent être relativisés, Grégoire Marche a confirmé dans l'océan indien les bonnes dispositions affichées depuis le début de l'année 2019. Confronté à un tableau difficile, le numéro 1 français a d'abord écarté son compatriote Lucas Serme avant de s'offrir la perf de la semaine face à Tarek Momen (numéro 3 mondial) en quart de finale. « Je suis également satisfait d'avoir confirmé face à un Mathieu Castagnet en forme, et en finale ce n'est pas passé loin contre Simon Rösner, » ajoute le numéro 1 français. Mais l'Allemand a conservé le titre acquis l'an dernier, alors qu'il avait également dû batailler pour venir à bout de Paul Coll (vainqueur de Castagnet dans le match pour la 3ème place) en demi-finale. Benjamin Aubert s'était offert une très belle victoire en quart de finale face à Nicolas Müller, avant de chuter logiquement face à Coll. Enfin, Lucas Serme et Baptiste Masotti (éliminés en 1/8è de finale par Marche et Greg Lobban), terminent respectivement 9ème et 10ème. En dehors des matches, les joueurs et joueuses de l'équipe de France ont pu visiter l'île, mais aussi profiter des installations mises à leur disposition pour continuer leur préparation estivale. Comme évoqué plus haut, la saison 2019-2020 démarrera en Roumanie avec le championnat d'Europe pour certains, alors que Camille Serme fera sa rentrée à Nantes. Ce sera au château des ducs de Bretagne à partir du 10 septembre et le spectacle s'annonce superbe.
PSA, HORIZON 2020
Après trois éditions au format exhibition pendant lesquelles il a pris de l'ampleur, le Necker Pro Squash Open va donc tourner une page et intégrer le circuit international en 2020. « Il y a toujours des choses à améliorer, mais je crois qu'on a montré qu'on était capables d'organiser un événement de cette envergure, » confie Rémy Mabillon. Le Necker Mauritius Open, tournoi masculin doté de 100 000 $ aura en effet lieu du 3 au 7 juin 2020, soit entre le British Open et les PSA World Tour Finals. Les matches auront lieu dans un club flambant neuf, dont les travaux ont commencé il y a quelques jours. « Il y aura trois courts dont un vitré, » précise le promoteur de l'évènement. Vous l'avez compris, l'histoire commune entre le squash et l'île Maurice ne fait que commencer !
3 QUESTIONS À ... GRÉGOIRE MARCHE ET CAMILLE SERME
L'une est aux commandes du squash féminin Tricolore depuis bientôt 10 ans, alors que l'autre est devenu numéro 1 français en mai. On a posé 3 questions à Camille Serme et Grégoire Marche, qui ont tous les deux atteint la finale à l'île Maurice. |
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Camille Serme (30 ans, n°3 mondiale) Sur son parcours au Necker Pro Squash Open « Je suis contente de cette semaine, j'ai eu de bons matches. Contre Donna Lobban, ça a été chaud, je suis passée à deux points de la défaite. Mais on sait qu'elle vaut largement mieux que son classement (NDLR : ancienne n°13 mondiale, l'Australienne est retombée à la 65ème place suite à une blessure). Je suis vraiment contente de la voir rejouer à ce niveau car elle n'a pas vraiment pas eu de chance avec les blessures ces dernières années. La demi-finale contre Nele Gilis a été moins compliquée que lors de nos derniers affrontements, mais elle est maintenant une joueuse du top 20 mondial et ne peut être prise à la légère. Enfin, la finale était un peu la cerise sur le gâteau. Certes, j'ai encore perdu contre Raneem, mais le résultat n'était pas très important et je suis plutôt contente de mon match. » Camille Serme a eu de bons matches pour jauger son niveau en cours de préparation d'avant-saison (Crédits photo : Pascal Lincou)
Sur sa préparation estivale et le début de saison à venir « J'ai repris le 1er juillet, ce tournoi intervenait donc au beau milieu de ma préparation. Mais même si on a fait beaucoup de physique, on a également fait des séances sur le court avec Mélissa et Énora. On travaille de nouvelles choses, nous avons notamment changé de préparateur physique. Ce tournoi m'a donc permis de voir où j'en étais, et je suis très satisfaite. Philippe (NDLR : Signoret, son entraîneur) a regardé la finale et me disait qu'il y avait des choses qui seraient intéressantes à analyser à la vidéo (rires) … Est-ce que j'ai prévu d'arriver à un pic de forme pour un moment spécifique de la saison ? J'ai envie de dire que comme tous les ans, mon objectif majeur est le championnat du monde. L'an dernier il était programmé fin février, alors que là c'est fin octobre donc c'est un gros changement. Mais je ne peux évidemment pas négliger l'open de France à Nantes, qui est un grand rendez-vous. J'ai eu très rarement l'occasion de jouer des tournois internationaux en France durant ma carrière, la dernière fois c'était aux Pyramides au début des années 2010. Il y a beaucoup de monde qui va faire le déplacement pour m'encourager, et je vais essayer de ne pas les décevoir. » Sur son expérience à l'île Maurice « On a passé de super moments pendant ce séjour. Il y a notamment eu le tour d'hélicoptère offert par Rémy Mabillon pour fêter notre titre de championnes d'Europe, c'était impressionnant. Ainsi que la dégustation de produits locaux à Port-Louis et le tour en catamaran avec tous les participants. Les organisateurs ont bien fait les choses, leur accueil a été formidable. J'espère que le tournoi PSA sera également féminin à l'avenir, mais ce n'est que le début de l'histoire. Il faut en tous les cas remercier Rémy pour ce qu'il fait pour notre sport. C'est une personne sincèrement généreuse, qui aime vraiment le squash et œuvre pour qu'il se développe et bénéficie de plus de visibilité. » Camille Serme a eu le temps de découvrir l'île Maurice, notamment lors d'un tour en hélicoptère en compagnie de ses copines de l'équipe de France (Crédit photo : Camille Serme)
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Grégoire Marche (29 ans, n°16 mondial) Sur son parcours au Necker Pro Squash Open et la suite de sa préparation « Je n'avais pas rejoué au squash depuis les play-offs, jusqu'à maintenant je n'ai fait que du physique (vélo, muscu, etc.). Je n'étais pas du tout prêt, mais je dois avouer que j'ai été surpris de mon niveau, notamment au niveau des sensations avec la raquette. J'avais un tableau très dense et j'ai engrangé quelques bonnes victoires. Même si c'est un tournoi exhibition, battre le numéro 3 mondial (Tarek Momen) est intéressant en termes de confiance, d'autant que j'ai confirmé derrière en gagnant contre Mathieu (Castagnet) qui était en forme, et qu'en finale contre Simon Rösner ça n'est pas passé loin. Je reste donc sur la dynamique de la fin de saison 2018-2019, même si le but n'est pas d'être prêt maintenant mais pour mon premier tournoi à Nantes début septembre. J'ai encore deux semaines de préparation physique puis je commencerai le travail spécifique sur le court, avec si possible des matches d'entraînement pour prendre du rythme. »
Grégoire Marche s'est offert le n°3 mondial Tarek Momen (Crédit photo : Pascal Lincou)
Sur l'évolution du tournoi, dont il n'a raté aucune édition des 3 éditions « J'ai été en quelque sorte au départ du projet avec Rémy (voir ci-dessus LE NECKER PRO SQUASH OPEN, DE PLUS EN PLUS GRAND), et c'est intéressant de voir l'évolution depuis. Ça a été une super semaine, on était comme une petite famille. Concernant les matches, les joueurs étaient très impliqués : même si on est en pleine préparation et qu'on fait attention à ne pas se blesser, on a envie de gagner et de montrer du squash de haut niveau au public. Le lieu était plus confiné et il y a eu moins de passage que l'année dernière, mais l'affluence a été bonne. Le tournoi PSA, ce sera très différent pour plein de raisons, notamment car il se déroulera dans le nouveau club. Je serai évidemment présent ! Pour Rémy, mais aussi pour essayer de finir de finir la saison sur une bonne note … Sauf si je suis qualifié pour les finales du World Tour ! » Grégoire Marche - troisième en partant de la droite - fait partie de l'aventure Mauricienne depuis le début (Crédit photo : Necker Pro Squash Open)
Sur les matches au meilleur des 3 jeux « Dans tout changement, il y a du positif et du négatif, mais pour être tout à fait honnête je ne suis pas un grand fan de ce format. Pour être plus précis, ce qui me dérange c'est le manque de clarté car ça fait quelque temps que la PSA fait des essais et qu'on ne sait pas trop où on va. Par exemple, je pense que ce n'est pas une bonne chose de commencer avec des matches en 2 jeux gagnants, et de changer en cours de tournoi. Les matches au meilleur des 5 jeux sont l'essence du squash, mais peut-être que 3 c'est mieux pour la télévision et un public qui n'est pas trop connaisseur. Qu'on soit pour ou contre, l'approche des matches est complètement différente et on change quasiment de filière en termes d'effort physique. C'est plus intense, plus rapide, et il y a davantage de tension, y compris pour les arbitres d'ailleurs … Pour finir sur une note positive, je dois dire que je craignais que les matches soient très courts avec ce format, mais on s'aperçoit que ce n'est pas trop le cas (NDLR : en demi-finale face à Mathieu Castagnet et en finale face à Simon Rösner, les matches de Grégoire Marche ont duré presque une heure). »
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