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LE SQUASH AUTREMENT (N°1) : NUTRITION ET PERFORMANCE SPORTIVE

Événements 14/03/2019

Nous vous proposons aujourd'hui le premier épisode d'une nouvelle rubrique, « LE SQUASH AUTREMENT. »

Tous les mois, nous sortons des sentiers battus et vous présentons une initiative, un club ou des protagonistes qui mettent en avant leur discipline autrement que par la performance sportive. Mardi prochain, l'Office Mulhousien des Sports et le Mulhouse Squash Club organisent une conférence intitulée « Nutrition et performance sportive. » Parmi les intervenants, on trouve le numéro 3 français Mathieu Castagnet, son épouse Laura Pomportes-Castagnet, qui a parfaitement réussi sa reconversion après une brillante carrière de joueuse professionnelle, et Bernard Jurth, kiné des équipes du MSC.

Article de Jérôme Elhaïk

UNE RECONVERSION RÉUSSIE

Lorsqu'on lui demande qui est à l'origine de cette conférence, Laura Pomportes-Castagnet éclate de rire. « C'est Thierry, évidemment ! Toutes les idées viennent de lui ... » Président et manager des équipes du Mulhouse Squash Club, Thierry Jung ne manque jamais une occasion de mettre en avant ses athlètes. « Mathieu Castagnet fait partie de la Team Grand Est, composée de 20 sportifs de haut niveau sélectionnés parmi plus de 600 dans la région, » explique-t-il. « Il est d'ailleurs le seul à pratiquer un sport non olympique ! En tant que tel, il doit mener deux actions par saison. J'ai donc pensé à cette conférence sur le thème de la nutrition, car c'était également le sujet de la thèse de son épouse (Laura Pomportes-Castagnet). L'un des objectifs est de montrer une autre image du squash, et Laura est un parfait exemple de reconversion réussie. » L'ancienne joueuse de l'équipe de France était déjà très impliquée dans ses études pendant sa carrière professionnelle, mais sa retraite anticipée en raison d'une blessure à la hanche n'a fait qu'amplifier les choses. Laura a commencé à s'intéresser à la nutrition dans le cadre de sa thèse, intitulée « Influence de stratégies nutritionnelles sur le fonctionnent cognitif au cours d’une sollicitation physiologique. » Ses travaux, réalisés sur des athlètes pratiquant le pentathlon moderne, visaient à étudier l’effet de l’administration de trois suppléments classiques (hydrates de carbone, caféine et guarana). S'il a été démontré que leur ingestion isolée améliore la vitesse du traitement de l’information, elle a également mis en évidence leur efficacité en rinçage de bouche. « Cette découverte est importante pour des sportifs qui ne peuvent pas digérer certaines substances, » indique Mathieu Castagnet, qui précise avoir suivi le protocole de recherche. « Même si ces résultats concernent principalement les sports avec une demande énergétique à court terme, ils peuvent aussi s'appliquer au squash, une discipline où le traitement de l'information est un critère primordial. »

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Après avoir jonglé entre ses études et le squash pendant plusieurs années, Laura Pomportes-Castagnet consacre désormais tout son temps à sa carrière scientifique (Crédits photo : INSEP TV & CREPS PACA)

Après avoir soutenu sa thèse en juillet 2018, Laura Pomportes-Castagnet est désormais ingénieure de recherche à l'université d'Aix-Marseille. Elle y continue ses travaux auprès d'athlètes pratiquant le VTT. Elle a également la responsabilité de créer un diplôme universitaire destiné aux sportifs de haut niveau, afin de les aider dans tout ce qu'on pourrait appeler le « hors terrain, » (diététique, mais aussi relations avec les organismes publics et privés, fiscalité, etc.). « Il existe une forte demande en la matière, et je dois donc concevoir des contenus de formation, » indique l'ancienne n°51 mondiale. « Mon temps est réparti de manière égale entre ces deux activités, et ça me plaît car je ne suis pas confinée dans un domaine. Concernant la conférence, il n'y aura pas que des athlètes de haut niveau dans le public : je ne vais donc pas forcément rentrer dans le détail de mes recherches mais plutôt parler de la relation entre nutrition et performance de manière générale. » Peut-être en raison de son emploi du temps chargé, Laura n'aura pas connu le blues de l'après-carrière. « Je ne peux pas dire que le squash me manque, » confie-t-elle. « Je ne joue quasiment plus, mis à part quelques séances avec Geoffrey Demont, entre retraités (rires) (NDLR : l'ancien joueur de l'équipe a lui aussi mis un terme à sa carrière, pour se consacrer à ses études de kiné). Je suis de loin, mais je suis quand même au courant des principaux résultats, par exemple le beau parcours de Camille Serme récemment au championnat du monde. Et je regarde évidemment les matches de Mathieu ! »

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Laura Pomportes-Castagnet et Mathieu Castagnet (deuxième et troisième en partant de la droite) ont remporté de nombreux titres de champions de France Interclubs avec Mulhouse, ici en 2017 à Montpellier (Crédit photo : Fédération Française de Squash)

LA VIE SUR LE CIRCUIT

De son côté, Mathieu Castagnet partagera son vécu de sportif professionnel, dont les contraintes liées aux déplacements d'un continent à l'autre ne sont pas toujours compatibles avec une alimentation équilibrée. « En ce qui me concerne, je ne suis pas un scientifique, » précise le capitaine du Mulhouse Squash Club. « Mon approche va donc être pratique. Je vais montrer aux personnes présentes quelques statistiques, par exemple en termes du nombre d'heures de vol et de décalage horaire, afin de leur donner un aperçu du mode de vie d'un joueur de squash professionnel. » La nutrition sera également abordée, notamment les précautions d'usage selon le pays dans lequel un tournoi a lieu. « Par exemple, les fruits et les légumes sont à éviter en Égypte car ils sont lavés à l'eau du robinet. Personnellement, ça m'est déjà arrivé de me faire avoir (sic) et de tomber malade pendant un tournoi là-bas, mais je précise que certains joueurs n'ont aucun problème. Pour les remplacer, on peut amener ses propres produits (céréales, fruits secs etc.) s'ils passent la douane (rires). »

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Pas facile de bien s'alimenter lorsqu'on est constamment en déplacement, comme ici Mathieu Castagnet et l'équipe de France au championnat d'Europe 2016 en Pologne (Crédit photo : Mathieu Castagnet)

Un autre challenge pour les joueurs est de savoir quand s'alimenter avant les matches, aux horaires souvent incertains. « Mon approche a changé au fur et à mesure de ma carrière, » confie Castagnet. « Avant, je mangeais 2h30 avant, maintenant c'est plutôt 4 ou 5 heures. J'ai besoin d'avoir l'estomac presque vide pour me sentir réactif sur le court. Et si les matches précédents durent plus longtemps, je peux utiliser des apports comme les gels etc. » Même s'il se voit encore jouer quelques années - « malgré les pépins physiques que j'ai eu ces derniers temps, je prends toujours autant de plaisir à disputer des tournois, » - Mathieu Castagnet pense à l'avenir. « L'une des pistes possibles est de monter ma propre société, j'étudie les tendances afin de déterminer quels sont les secteurs qui marchent à l'heure actuelle, » ajoute celui qui est titulaire d'une licence STAPS en management du sport. « Ma préférence serait de rester dans le squash et pourquoi pas d'intégrer l'équipe des entraîneurs nationaux. Mais entre la non-sélection de notre discipline pour Paris 2024 et la baisse des budgets alloués au sport, je me pose forcément des questions. » 

L'OSTÉOPATHIE, QU'EST-CE QUE C'EST ? 

Si vous avez déjà assisté à des rencontres des équipes du Mulhouse Squash Club, vous connaissez peut-être Bernard Jurth. Âgé de 59 ans, ce kinésithérapeute-ostéopathe a été de toutes les campagnes, « notamment les victoires en Coupe d'Europe, qui sont de grands souvenirs, » raconte celui qui est également enseignant à l’institut Franco-Britannique d’Ostéopathie de Béziers. « En ce qui me concerne, je joue au squash depuis plus de 30 ans à Mulhouse. J'ai donc été témoin de la montée en puissance des équipes du club, qui repose en grande partie sur Thierry Jung. C'est un fou à lier (rires). Ce qui est amusant, c'est que quand on lui pose la question "Comment fais-tu pour organiser tous ces évènements et attirer tous ces joueurs ?" il répond simplement qu'il leur demande … » Lors de son intervention, Bernard Jurth développera les effets potentiels de l’ostéopathie sur la nutrition du sportif. Quel rapport entre ces deux domaines à priori bien distincts ? « L'ostéopathie ne se résume pas à faire craquer les os, » explique-t-il. « Elle agit sur tout le corps humain : le crâne, la colonne vertébrale, mais aussi le système neurovégétatif, qui contrôle notamment la digestion. C'est en quelque sorte le centre de commande des organes. Pour résumer les choses de manière schématique, le médecin soigne, le kiné prépare, et l'ostéopathe règle … Ensuite le nutritionniste fait des préconisations, et l'athlète choisit de les suivre ou pas (rires) … »

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Ici en train de manipuler Laura Pomportes-Castagnet lors de la Coupe d'Europe des Clubs Champions 2015 en Pologne, Bernard Jurth est kiné des équipes de Mulhouse depuis de nombreuses années (Crédit photo : Mulhouse Squash Club)

Pour avoir côtoyé de nombreux joueurs de squash français et étrangers au cours de son expérience avec Mulhouse, Bernard Jurth a pu mesurer leurs difficultés à maintenir une alimentation équilibrée. « Déjà, en-dessous d'un certain niveau leurs revenus sont limités. Ensuite, ce sont des gens qui voyagent énormément, et dont les horaires de match peuvent varier du tout au tout. Enfin, ils peuvent jouer dans des pays où ce n'est pas facile de manger correctement. Tout ça mis bout à bout fait que c'est compliqué pour eux. En termes d'hydratation, ils sont très au point, mais pour l'alimentation il y a encore des choses à améliorer. Mais ça évolue tout de même dans le bon sens, à l'image de la société. Je crois qu'on est à une époque où les gens n'ont plus envie de manger n'importe quoi ... »

 

Plus d'infos

Conférence « Nutrition et Performance Sportive » - Mardi 19 mars, entre 19h et 21h au Centre Sportif Régional Alsace à Mulhouse – entrée gratuite / Organisée par le Mulhouse Squash Club et l'Office Mulhousien des Sports.

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Intervenants

- Laura Pomportes-Castagnet : docteur en physiologie de l’exercice, ancienne joueuse de squash professionnelle.

- Mathieu Castagnet : joueur de squash professionnel (n°3 français, 26ème mondial). Membre du Team Grand Est et du Team Olympique Mulhouse Alsace.

- Bernard Jurth, kiné/ostéopathe du Mulhouse Squash Club enseignant à l’institut franco-britannique d’ostéopathie.

Coordination et présentation

- Docteur Stéphane Lefebvre : spécialiste en médecine physique et de réadaptation, médecine et biologie du sport, ostéopathe et médecin du MSC.

- Émilie Jafrate : journaliste DNA / L'Alsace / RTL2. 

- Jean-Michel Feger : chef étoilé du restaurant Il Cortile.

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