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RÉTRO 2018 - L'ANNÉE DU SQUASH FRANÇAIS, PREMIÈRE PARTIE
Événements 28/12/2018La période des fêtes est traditionnellement l'occasion de revenir sur les douze mois écoulés.
Même si pour une fois Camille Serme et Grégory Gaultier n'ont pas remporté de titre majeur sur le circuit PSA, l'année a été très riche pour le squash français. Quelques jeunes ont mis le nez à la fenêtre, et surtout les équipes de France ont eu des résultats exceptionnels dans les compétitions internationales. Nous vous proposons une rétro de 2018 à travers deux temps forts par mois, et c'est parti pour le premier semestre ...
Article de Jérôme Elhaïk
JANVIER
Crouin finit en beauté
Battu par Marwan Tarek en finale du British Junior Open, Victor Crouin (en rouge) retenait le positif (Crédit photo : #BJOsquash)
Victor Crouin aura peut-être un brin de nostalgie dans quelques jours : pour la première fois depuis 2010, le Toulonnais ne participera pas au British Junior Open, car il a dépassé la limite d'âge. « Ce tournoi a toujours été très spécial à mes yeux, » nous racontait-il dans un article fleuve que nous lui avions consacré il y a quelque mois. « L'ambiance y est particulière : il n'y a pas que des européens, mais aussi et surtout une armée de joueurs Égyptiens, prêts à tout pour sortir vainqueur de leur match (rires). C'est d'ailleurs souvent l'un d'entre eux qui m'a barré la route ... Mais j'étais systématiquement dans les gradins le dimanche matin pour regarder toutes les finales, en rêvant d'y participer un jour ! » Un rêve qui se réalise pour sa dernière participation en 2018. Même s'il s'incline contre Marwan Tarek (qui est désormais son équipier à l'université d'Harvard), Crouin devient le cinquième français à atteindre ce stade de la compétition, après Grégory Gaultier, Camille Serme, Isabelle Stoehr et Grégoire Marche (les deux premiers cités ayant été sacrés). « J'étais focalisé sur le fait d'avoir ma revanche contre Marwan et de remporter ce tournoi, peut-être trop (NDLR : l'Égyptien l'avait battu quelques mois auparavant en finale du championnat du monde.) » Tarek réalise un match exceptionnel, notamment en défense et s'impose en 3 jeux (11-6, 13-11, 11-7 en 45 minutes). « Mais après avoir joué pour la 5ème ou la 9ème place lors des sept éditions précédentes, je ne peux être que fier de ce résultat, » conclut Crouin. D'autant que le reste de l'année 2018 ne va pas être avare en succès pour lui … Pour la deuxième fois de son histoire, la France repart du BJO avec deux médailles, grâce au bronze de Lauren Baltayan en -11 ans.
Première pour Villard
À 24 ans, Énora Villard remporte son premier titre sur le circuit international (Crédit photo : Énora Villard)
Énora Villard remporte le premier titre de sa carrière en Malaisie, et devient la neuvième Française à inscrire son nom au palmarès d'un tournoi du circuit international. Cette victoire fait suite à deux finales perdues en 2017, et matérialise la progression de la joueuse de l'US Créteil. « La semaine a très chargée en émotions, » confie-t-elle après sa victoire en finale face l'Indienne Sunayna Kuruvilla. « 17 jeux disputés en 4 matches, plus de 3h30 passées sur le court, des balles de jeux perdues, des balles de matchs sauvées et des litres de sueur : me voilà avec mon premier titre en poche ! Le chemin n'a pas été facile mais il prouve les progrès que j'ai faits, dans mon jeu mais aussi physiquement et mentalement. C'est une très belle récompense de mon travail et mon investissement au quotidien, mais on n'arrive nulle part tout seul et ce titre est le résultat d'un réel travail d'équipe. » Même si elle n'en a pas remporté d'autres depuis en PSA, son palmarès s'est tout de même bien enrichi au cours des mois suivants.
mais aussi ...
Même si leur parcours s'est arrêté prématurément, Camille Serme et Coline Aumard n'oublieront pas leur participation au Saudi PSA Masters, première compétition sportive professionnelle féminine organisée en Arabie Saoudite. C'est la numéro 1 mondiale Nour El Sherbini qui remporte ce tournoi historique. --- Camille Serme (tenante du titre) et Grégory Gaultier atteignent les demi-finales du prestigieux Tournament of Champions à New York, mais sont battus par Nour El Tayeb et Simon Rösner. Le "French General" sera absent des courts quelques semaines en raison d'une blessure aux adducteurs.
FÉVRIER
Crouin en patron
Après sa finale en Angleterre, Victor Crouin continue sur sa lancée à l'open de France junior (Crédit photo : Christian Lortat)
La 25ème édition de l'Open de France Junior est un beau succès à Lille. Aussi bien en termes de participation (près de 275 jeunes) que de résultats pour le pays hôte, avec quatre médailles dont une en or. Pour sa dernière apparition dans un tournoi qui ne lui réussissait pas beaucoup jusqu'ici (un seul titre en sept participations), Victor Crouin s'est imposé en -19 ans avec la manière, remportant tous ses matches 3-0. Le Suisse Yannick Wilhelmi s'est bien battu en finale, mais pas au point de faire douter le Toulonnais. « J'ai pris beaucoup de plaisir cette semaine, » déclare-t-il. « Je n'étais pas le meilleur dans les catégories inférieures, mais j'ai toujours cherché à m'améliorer et je suis fier de ce que j'ai accompli ces dernières années. Avec ce dernier titre en tournoi européen, c'est une partie de ma vie qui s'achève, mais j'ai hâte de savoir ce que me réserve la prochaine page. » Après un cru 2017 mitigé (une médaille de bronze), la délégation Tricolore s'est très bien comportée : Melvil Scianimanico (-13 ans) atteint la finale après trois victoires en cinq jeux mais est battu par l'Égyptien Yassin Emara, tout comme Yuna Loaec (-17 ans) contre la Danoise Klara Møller. La quatrième médaille pour la France - un total qui lui permet de terminer deuxième au classement général derrière l'Angleterre - est venue de la troisième place de Ninon Lemarchand en -15 ans. Quatrièmes de leur tableau, Toufik Mekhalfi (-17 ans) et Lauren Baltayan (-13 ans) prennent également rendez-vous pour l'avenir ...
Les travaux d'Hercule de Baptiste Masotti
Baptiste Masotti fait chuter le 34ème joueur mondial au Canada (Crédit photo : PSA World Tour)
Huit matches en neuf jours, et 37 jeux disputés, c'est le tour de force réalisé par Baptiste Masotti au Canada. Le Niortais démarre sa campagne à Montréal par une superbe revanche contre Daniel Mekbib, qui l'a battu en finale à Toronto deux jours plus tôt. Sa victoire contre Andrew Schnell lui ouvre ensuite les portes du tableau principal, où il est opposé à Abdulla Al Tamimi : en battant le Qatari (34ème mondial), 3 jeux à 2, Masotti s'offre tout simplement la plus belle victoire de sa carrière. Pour son premier quart de finale dans un 25 000 $, il joue les yeux dans les yeux avec Raphael Kandra, mais l'Allemand a été « plus expérimenté et plus fort dans les moments cruciaux. Je suis déçu mais je retire des enseignements positifs de ce tournoi, et ça me donne envie de reproduire ce genre de performances. » Ses vœux vont être exaucés au cours de l'année 2018 !.
mais aussi …
Arrivée en quart de finale sans encombre au Windy City Open à Chicago, Camille Serme passe à côté de son match face à Sarah-Jane Perry. « Je ne me suis jamais senti à l'aise sur le court, aussi bien physiquement que techniquement, » commentera la n°1 française.
MARS
Castagnet renaît à Londres
La célébration de Mathieu Castagnet après son succès à Wimbledon en dit long sur la joie ressentie (Crédit photo : Wimbledon Club Squash Squared Open)
L'air de Londres réussit bien à Mathieu Castagnet : il renoue avec le succès à Wimbledon (35 000 $), en battant Tom Richards. Le joueur de l'équipe de France met ainsi fin à une longue période de galère. Il abordait la finale - sa première depuis deux ans et son titre au Canary Wharf - en confiance, auréolé d'une « victoire référence en demi contre James Willstrop, » dixit son entraîneur Renan Lavigne. Après une entame de match équilibrée, Castagnet remporte le premier jeu (11-6). Richards est devant au deuxième, mais son adversaire revient et prend le large. À 0-2, l'Anglais n'abdique pas et démarre le troisième jeu tambour battant (5-0). Mais il va payer cash cet effort, Castagnet remportant 11 des 12 échanges suivants, et le match. ll peut s'agenouiller sur le parquet et savourer ce succès. « Je n'ai pas de mots pour exprimer ce que je ressens, » dit-il après le match. « Décidément, la capitale Anglaise me réussit bien, peut-être que j'aurais dû naître ici (rires). Même si je n'oublie pas mes entraîneurs – Renan Lavigne et Yann Perrin – ainsi que mon préparateur physique Arnaud Hays, la personne que j'aimerais remercier avant tout, c'est ma femme (Laura Pomportes-Castagnet, ancienne joueuse de l'équipe de France, retraitée depuis quelques mois). Tous les jours, elle est celle qui tente de me convaincre que je peux retrouver mon meilleur niveau. » Début 2016, le Français avait connu la meilleure période de sa carrière, avec une première demi-finale en World Series et ce fameux succès au Canary Wharf, qui lui avait permis d'atteindre la 6ème place mondiale. C'est alors que les ennuis avaient commencé, avec une accumulation de pépins physiques pendant dix-huit mois. Il a d'ailleurs été rattrapé par ses problèmes au mollet en fin d'année 2018, mais à 32 ans, le numéro 2 français continue à travailler d'arrache-pied pour revenir.
Des Bleus d'or et d'argent
La joie des joueurs Français et de leur staff après la médaille d'argent dans la compétition par équipe (Crédit photo : Victor Crouin)
L'équipe de France est repartie du championnat d'Europe junior en Pologne avec des valises un peu plus lourdes qu'à son arrivée : si Victor Crouin confirme son titre de l'an dernier en individuels, les Tricolores déjouent la hiérarchie pour décrocher une magnifique médaille d'argent dans l'épreuve par équipe. C'est tout simplement son meilleur résultat depuis une historique année 2008 (titres en individuels pour Grégoire Marche et Camille Serme, argent en équipe). Arrivé en finale du tournoi individuel sans être inquiété, Victor Crouin y retrouvait Viktor Byrtus, tombeur surprise des Anglais Nick Wall et Tom Walsh. Dominé dans les deux premiers jeux, le Tchèque tente le tout pour le tout dans le troisième, avec une certaine réussite, avant d'arracher le suivant au tie-break. Mais le Français va reprendre les commandes dans un cinquième jeu à sens unique. Grâce à cette victoire, Crouin devient le deuxième joueur de l'histoire à faire le doublé, après un certain Grégory Gaultier. « Viktor m'a poussé dans mes retranchements et j'ai dû utiliser toute mon expérience pour remporter ce match. Le statut de favori n'est jamais facile à porter et il fallait être prêt le jour J. Pari réussi, » indique le Toulonnais. À peine le temps de savourer ce succès, les Bleus (tête de série n°4) disputaient la compétition par équipe mixte. Vainqueurs de la Suisse (TS3) en quart de finale, grâce évidemment à Crouin mais aussi à un remarquable Edwin Clain, les protégés de Yann Menegaux sortent ensuite la République Tchèque (TS2) : après une véritable démonstration de leur leader face à Byrtus, cette fois balayé en 3 jeux, Maëlle Fuhrer réalise une énorme performance, remontant un handicap de deux jeux face à Michaela Cepova pour envoyer son équipe en finale. Le lendemain, les Tricolores font vaciller la forteresse anglaise mais sans parvenir à la faire tomber (32ème titre en 35 éditions pour la perfide Albion). Crouin met son équipe sur les bons rails en battant Tom Walsh 3-1, avant que Clain ne cède devant la solidité de Nick Wall. Dans le match décisif, c'est mission impossible pour Fuhrer face à Lucy Turmel, championne d'Europe individuelle. Néanmoins, cette médaille d'argent méritée efface totalement la déception de l'année précédente (7ème, plus mauvaise place depuis l'an 2000) pour une groupe qui disputait sa dernière compétition ensemble.
mais aussi ...
Même si les bleus (Aubert, Crouin, Dussourd) ont brillé, c'est Mohamed El Sherbini qui remporte le deuxième Annecy PSA Open (10 000 $). L'Égyptien vient à bout de l'Anglais Rooney, et remporte son sixième tournoi en six finales. --- Après deux succès en -15 ans, Toufik remporte le championnat de France -17 ans à Bordeaux aux dépens de son habituel rival Manuel Paquemar. Chez les filles, Cléo Jahard a causé la surprise en battant la tenante du titre Yuna Loaec (3-2). Premier sacre pour Melvil Scianimanico en -13, alors que Rose Lucas-Marcuzzo confirme sa victoire dans la catégorie inférieure deux ans auparavant.
AVRIL
Castagnet et Serme récupèrent leur bien
Camille Serme et Mathieu Castagnet montent sur la plus haute marche du podium au championnat de France (Crédit photo : Fédération Française de Squash)
Logique respectée au championnat de France Élite à Montpellier, avec la victoire des favoris Camille Serme et Mathieu Castagnet. Blessés l'an dernier, ils récupèrent leur titre. Sans Grégory Gaultier (absent lors des cinq dernières éditions), Castagnet était favori chez les hommes, surtout après son succès à Wimbledon quelques semaines plus tôt. Il a justifié ce statut dans l’Hérault, notamment lors d'une finale dominée de bout en bout face au tenant du titre Lucas Serme. « J'ai vécu un an et demi de galères, que ce soit physiques mais aussi psychologiques. » affirme le numéro 2 français après le match. « Quand tu enchaînes les blessures, la seule question que te posent les gens, c'est 'qu'est-ce que tu vas faire de ta vie maintenant ?' (rires). Mais j'ai toujours cru en mes capacités à revenir, et je remercie toutes les personnes qui m'ont aidé et soutenu. Je suis ravi de ce troisième titre, et je vais essayer de rester à ce niveau quelques années, même si la relève arrive derrière. » À l'image de Benjamin Aubert (20 ans), invité surprise sur le podium, et qui a causé la surprise en chipant la médaille de bronze à Grégoire Marche. La dernière fois qu'un joueur aussi jeune avait fini dans le top 3 national, c'était Grégory Gaultier en 2003. Pas de doublé inédit pour la famille Serme, mais Camille avait auparavant remporté son neuvième titre de championne de France, se rapprochant à deux unités du record de Corinne Castets et Isabelle Stoehr. La finale est un peu décousue, entre une Serme malade les jours précédents et une Coline Aumard victime d'un malaise après son quart de finale. Créteil asseoit sa domination sur le squash féminin français : d'après nos archives, c'est la première fois qu'un même club monopolise les trois places sur le podium, grâce à la victoire d'Énora Villard lors de la petite finale face à Chloé Mesic.
Gaultier passe tout près
Malgré sa défaite face à Ali Farag à El Gouna, Grégory Gaultier était heureux de revenir en forme après plusieurs blessures (Crédit photo : #ElGounaSquash)
À El Gouna, le tenant du titre Grégory Gaultier - seul joueur non Égyptien à avoir disputé une finale dans ce tournoi - ne passe pas loin contre Ali Farag en demi-finale mais doit s'incliner, 11-9 au 5ème jeu. « C'est dur de perdre un match aussi serré, mais je suis heureux d'être à nouveau sur les courts, » déclare le Français après le match. « Je reviens en forme doucement mais sûrement, et j'ai plus que jamais envie de regagner un tournoi majeur. » Auparavant, Camille Serme s'était nettement inclinée en quart de finale contre El Sherbini, mais la numéro 1 française voit dans ce match des signes positifs. « Elle a mieux joué que moi, notamment grâce à ses longueurs et sa défense. Mais je me suis battue et j'ai fait de bonnes choses. Je sens que je vais dans le bonne direction. Je me suis un peu perdue, en tentant de choses un peu différentes et en oubliant mon identité. Je dois repartir sur mon jeu basé sur l'attaque et la volée, car c’est comme ça que j'ai obtenu mes plus belles victoires. »
mais aussi ...
Noah Hateau et Charlotte Demange remportent le championnat de France 2ème série à Chartres. Souvent placée mais jamais gagnante, la joueuse de La Rochelle décroche son premier titre national, aux dépens de Laetitia Voisin. Dans un tableau masculin dominé par les jeunes, les demi-finales (Hateau - Bastian et Paquemar - Bouger) ont été exceptionnelles, mais la finale n'a pas duré longtemps : blessé à l'épaule, Manuel Paquemar abandonne et laisse le joueur de Valence empocher le titre, douze ans après son père Cédric, mais aussi douze mois après sa victoire en -17 ans. --- Pour la première fois depuis 2013, la France accueille le tournoi des 5 Nations (compétition par équipe mixte, réservée aux -13 et -15 ans), à la Maison du Squash (Sautron). Les jeunes Anglais confirment leur suprématie, remportant les deux catégories pour la dixième fois en dix éditions, mais les Bleus ne déméritent pas avec deux médailles d'argent.
MAI
La revanche des Bleus
En marquant le jeu qui manquait aux Bleus, Baptiste Masotti a plongé le camp français dans une douce euphorie (Crédit photo : squashPage.net)
Cinq mois après la désillusion du championnat du monde à Marseille, l'équipe de France masculine rebondit magnifiquement, en conservant son titre de champions d'Europe aux dépens de leurs grands rivaux Anglais. Portés par ses deux leaders Grégory Gaultier et Mathieu Castagnet, les Tricolores prennent un départ canon (deux victoires 3-0, dont celle du French General face à Nick Matthew, qui faisait ses adieux à l'équipe nationale). Comme il y a trois ans au Danemark, Lucas Serme n'a besoin que d'un jeu pour envoyer son équipe au paradis, mais il tombe sur un Daryl Selby « énorme, » dixit l'entraîneur Tricolore Renan Lavigne. Même mission pour Baptiste Masotti face à Declan James. Le Français perd le jeu initial, avant que le gain du deuxième (11-9) ne scelle le sort de la rencontre, devant un camp Français en délire. « Il y a 11 ans, au championnat d'Europe en 2007 à Royan, j'avais demandé un maillot à Greg, (Gaultier) aujourd'hui il est là à me conseiller et à crier comme s'il avait 18 ans, c’est incroyable, » confie Masotti. « C'est le meilleur moment de ma carrière, » ajoute le Niortais. « J'étais prêt à jouer ce match décisif, mais je peux vous dire que je me suis rendu compte du sens du mot pression en rentrant sur le court. Néanmoins, le fait de voir tout le clan Français crier, ça donne des ailes. Je ne me souviens quasiment pas du match, j'étais comme dans un état second et uniquement focalisé sur le fait de gagner un jeu. » « On ne pourra jamais effacer ce qui s'est passé au championnat du monde, » confie Lavigne en référence à l'élimination en quart de finale par Hong Kong. « Mais cette victoire montre notre capacité de réaction. Marseille avait été un traumatisme, on repart de Pologne le cœur le plus léger. » L'entraîneur national insiste également sur l'apport des jeunes. « Baptiste (Masotti) amène sa bonne humeur et sa fougue, Victor Crouin son professionnalisme et son attitude exemplaire. » Appelé en renfort suite au forfait de dernière minute de Grégoire Marche, Crouin (18 ans) représente l'avenir de l'équipe de France. Malgré son départ aux Etats-Unis, il fait totalement « partie intégrante du projet, » précise Lavigne. De leur côté, les Bleues confortent leur statut de numéros 2 européennes, mais l'Angleterre était trop forte. Camille Serme met mis les Bleues sur les bons rails en dominant Laura Massaro, 3 jeux à 0. Mais même si elles donnent leur maximum, Coline Aumard et Mélissa Alvès ne sont pas en mesure d’inquiéter Alison Waters et Victoria Lust. « Nous allons continuer à travailler dur pour tenter d'atteindre notre rêve, et écrire l'histoire comme le font les garçons, » confie Serme. « Je suis tellement contente pour eux ! Ça a été une super semaine grâce à mes coéquipières, Coline, Mélissa et Énora : comme le dit Grégory Gaultier, ce qui restera c'est l'aventure humaine ... »
Le beau printemps des équipes de France
Bon cru 2018 pour les équipes de France, qui repartent du championnat d'Europe -15/-17 avec deux médailles (Crédit photo : Franck Gonzalez)
Les campagnes européennes de 2018 resteront un excellent cru pour les équipes de France : après l'argent des juniors et des femmes, et le titre des hommes quelques jours plus tôt, les plus jeunes (-15 et -17) repartent de Suède avec deux belles médailles dans leur valises. Après un parcours totalement maîtrisé (six victoires en six rencontres, et un seul match perdu), les -17 se retrouvent face à l'épouvantail Anglais en finale, soit la neuvième fois depuis le lancement de l'épreuve en 1999. « On n'avait pas les faveurs des pronostics, mais les jeunes étaient surmotivés, » indique leur entraîneur Yann Menegaux. À l'image de Manuel Paquemar, auteur d'une superbe performance face à Samuel Todd, vainqueur du British Junior Open en -15 ans. Comme lors des finales de 2010, 2012 et 2015, la France prend l'avantage et se retrouve à un point du deuxième titre international par équipe de son histoire en jeunes (NDLR : le premier a été obtenu au championnat d'Europe U16 en 1993). Toufik Mekhalfi est ensuite mené 2-0 face à Jared Carter, avant de remporter le troisième jeu. Le quatrième est intense : Mekhalfi sauve deux balles de match, puis se procure une balle de jeu, mais l'Anglais parvient à conclure et remet les deux équipes à égalité. La mission est ensuite compliquée pour Yuna Loaec face à Katie Mallif, cinquième du championnat d'Europe -19. Celle-ci impose son physique au fil du match et donne le titre à son pays. Cette médaille d'argent est néanmoins une belle satisfaction pour cette génération qui n'avait pas encore connu de podium continental. Quelques heures plus tôt, la délégation Tricolore avait décroché une première médaille, avec la troisième place des -15 ans. C'est non seulement le premier podium depuis 2014, mais cette équipe est revenue de loin, après une « erreur de parcours face à Israël le premier jour, » explique Yann Menegaux. Laszlo Godde sauve ensuite une balle de match avant d'apporter le point décisif face à l'Allemagne, puis c'est au tour de Ninon Lemarchand en quarts contre les Pays-Bas. Après une défaite logique face à l'Angleterre en demi, les Tricolores terminent en beauté avec une très nette victoire contre la République Tchèque. « Cette médaille de bronze est une belle réussite pour ce jeune groupe, renouvelé à 80 %. »
mais aussi ...
--- Rendez-vous incontournable pour les joueurs de plus de 35 ans, les championnats de France vétérans disputés à Bordeaux ont consacré Jocelyn Martin et Noellie Boden (+35 ans). Le plus beau match du tournoi est la finale +40 hommes remportée par Mathieu Benoit face à Jérôme Sérusier. Parmi les autres joueurs et joueuses titrés, on peut citer Mylène de Muylder (+40), Claire Bryars (+60), Julien Bey (+45), Thomas Halberstadt (+55) et Patrice Drieu (+60), sans oublier les doyens Danielle Maffre (+75) et Pierre Laclaustra (+85). --- Une semaine après avoir été sacré champion d'Europe par équipe avec la France pour sa première sélection, Victor Crouin remporte dans le même club son troisième titre sur le circuit international. En finale, il ne laisse aucune chance à Benjamin Aubert. Quinze jours plus tard, le Toulonnais atteint la première finale de sa carrière sur un 10 000 $ mais s'incline face à la révélation du printemps, l’Égyptien Mostafa Asal. --- Même performance pour Auguste Dussourd : battu en finale au Paraguay (10 000 $) par le Mexicain Avila le joueur de l'US Créteil avait obtenu la plus belle victoire de sa carrière face au vétéran du circuit Olli Tuominen (50ème mondial) et atteint début juin le meilleur classement de sa carrière (66ème). --- Comme souvent en 2017-2018, Grégory Gaultier et Camille Serme échouent aux portes de la finale dans un tournoi majeur, au British Open. Le "French General" rend les armes face à Mohamed El Shorbagy après cinq jeux de très haut niveau, alors que Serme passe tout près de mener 2-1 face à Raneem El Welily avant de s'incliner.
JUIN
Serme aux portes de la finale
La polémique liée à l'arbitrage n'a pas fait oublier la qualité de jeu incroyable produite par Camille Serme et Nour El Sherbini à Dubaï (Crédits photo : SquashSite)
Alors que Grégory Gaultier, visiblement pas à 100 % physiquement, est éliminé dès les phase de poule aux finales des World Series à Dubaï, Camille Serme se retrouve bien involontairement au cœur de la polémique de la semaine. Après s'être brillamment extirpée d'une poule très difficile, la numéro 5 mondiale livre une superbe bataille à Nour El Sherbini en demi-finale. Jusqu'à cette situation très controversée dans le troisième et dernier jeu : à 6-8 contre elle, elle demande une explication à l'arbitre qui vient de lui accorder un let. Mais le Gallois Roy Gingell lui inflige un point de pénalité ... pour avoir ouvert la porte du court ! Chose qui est interdite par le règlement depuis février, mais son application à géométrie variable est la raison de l'incrédulité des deux joueuses, du public ainsi que des aficionados du squash sur les réseaux sociaux. La parole à son entraîneur Philippe Signoret. « Le problème n’est pas de contester cette règle, mais de constater qu’elle est appliquée selon les envies des arbitres, voire la pression que leur met la PSA en fonction de la présence des télévisions. Mais quelle bêtise de l’appliquer au vu du match que les deux joueuses ont prodigué ! Puissent les sifflets du public rester longtemps dans les oreilles de l’arbitre, que je considère pourtant comme l'un des meilleurs au monde. » La Française, unanimement reconnue comme l'une des joueuses les plus fair-play du circuit, aurait-elle servi d'exemple ? Pas forcément, car cette sanction avait déjà été appliquée - par le même arbitre - lors de la finale masculine du Windy City Open. Mais l'essentiel est de toute façon ailleurs pour Serme : même si elle s'est à nouveau inclinée en demi-finale d'un tournoi - la sixième fois en 2017-2018, à chaque fois contre une Égyptienne - elle est « être rassurée sur son niveau de jeu en cette fin de saison, » dixit Signoret. Sa protégée affirme qu'elle va garder ces points positifs en tête pour « travailler encore plus dur cet été, » et bien attaquer 2018-2019. Une saison qui commencera fort, avec le championnat du monde par équipe début septembre en Chine.
Aix et Créteil sacrés
Les équipes d'Aix (en haut, en noir) et Créteil (en bas, en blanc), championnes de France Interclubs 2017-2018 (Crédit photo : Christian Lortat)
Les deux équipes qui avaient fini en tête de la saison régulière confirment lors des phases finales du championnat de France Interclubs à Mulhouse. En battant leurs grandes rivales Alsaciennes en finale, les filles de Créteil (Serme, Aumard, Villard) remportent leur deuxième titre de championnes de France, après celui de 2015. « Battre Mulhouse en finale et en plus chez elles, ça lui donne une saveur particulière, » précise la capitaine Énora Villard. Sa progression est l'un des facteurs de la domination Cristolienne : la numéro 3 Française a su déjouer le piège tendu par Isabelle Stoehr en finale, mettant Camille Serme sur orbite. Vainqueur du sommet du weekend face à Sarah-Jane Perry, la numéro 5 mondiale offre la victoire à ses couleurs. « Gagner ce titre national pour notre club de cœur, c'est une grande fierté pour moi et mes coéquipières, qui sont aussi mes partenaires d’entraînement et mes amies, » ajoute Serme. Chez les garçons, la joie des Aixois était à la mesure de l'attente. En s'imposant en finale face à Valenciennes (tombeurs des quintuples tenants du titre Mulhouse en demi), ils ont remporté leur premier championnat de France, après cinq finales perdues depuis 2008. « Ce titre signifie beaucoup de choses, » raconte Fabien Verseille, membre historique de l'équipe. « Aix, c'est ma ville et mon club de cœur. » « On a eu quelques années très difficiles après l'incendie qui avait ravagé le club du Set Aix fin 2014, » ajoute le capitaine Jean-Michel Arcucci. « Mais je remercie les joueurs qui sont restés fidèles à l'équipe, notamment Grégory Gaultier. » La saison 2017-2018 aura été celle de la nouveauté, avec l'ouverture du M Squash, plus grand club de France avec 12 courts, et la signature d'un partenariat avec Kiavosh Eslamdoust et sa société La Maison Nordique, qui a permis le recrutement de Paul Coll et Simon Rösner. Arcucci ne s'y est pas trompé, en remerciant l'homme d'affaires Parisien lors de la remise des prix. « Sans toi, remporter ce titre n'aurait pas été possible, et j'espère que notre collaboration va continuer. » Même si son vœu n'a pas été exaucé, et que la quasi-totalité de l'équipe a émigré vers Annecy, le nom du club est inscrit pour toujours au palmarés.
mais aussi …
Sébastien Bonmalais fait son entrée dans le top 100 mondial, ce qui signifie que huit joueurs français y figurent, une première. --- Une semaine avant l'élite, les phases finales des Interclubs N2/N3 se sont déroulées à Antibes. L'accession de Montpellier en N1 hommes était attendue, celle de la Rochelle – avec une équipe composée à 100 % de joueurs formés au club - un peu moins. Pas de suspense chez les femmes, avec les montées de Cuers et Valence. En Nationale 3, l'équipe du TopFit Antibes a décroché le titre à domicile et est accompagné en N2 par Annecy, le Stade Nantais et Jarville. --- Première victoire en tournoi européen pour deux jeunes français : Laszlo Godde (en -15 ans au Liechtenstein) et Antonin Romieu (-13 ans en Italie). --- Quelques semaines avant son départ à Harvard, Victor Crouin atteint une nouvelle finale en 10 000 $ (en Nouvelle-Zélande), mais s'incline face à l'Anglais Angus Gillams.
Ne ratez pas la deuxième et dernière partie de cette rétro 2018, qui sera publiée le 31 décembre. Au menu, le squash à l'opéra, la campagne olympique, les succès des Français sur le circuit, et bien évidemment la médaille mondiale de Camille Serme et des Bleues !