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QUATRE BLEUES EN BRONZE

Équipe de france 25/09/2018

Il y a dix jours, l'équipe de France féminine décrochait la médaille de bronze au championnat du monde en Chine. Un résultat identique à celui de Paris en 2016, mais acquis face à une concurrence encore plus forte.

Alors que les Bleues - Camille Serme, Coline Aumard, Énora Villard et Mélissa Alves - ont depuis repris leur quotidien sur le circuit, elles ont pris le temps de revenir sur cet exploit.

Article de Jérôme Elhaïk

SÉQUENCE ÉMOTION ...

Quelle image de cette semaine passée à Dalian restera gravée dans leur mémoire ? Sans se concerter, les quatre joueuses de l'équipe de France ont la même réponse. « Le moment où Coline a remporté son match face à la jeune Malaisienne en quart de finale (NDLR : Sivasangari Subramaniam), » confie Camille Serme. « Cela voulait dire que nous étions assurées d'obtenir une médaille, c'était très fort en émotions. » « Après le premier jeu, où je n'avais pas assez imposé mon jeu, je me suis dit, si tu veux gagner ce match, tu vas devoir serrer les dents et ne rien lâcher, » ajoute l'intéressée. En train de s'échauffer, Mélissa Alves attend de savoir « si elle va jouer le match décisif. Mais quand Coline a égalisé à 1-1, je savais qu’elle allait gagner. Elle était vraiment en confiance. » L'entraîneur des Bleues Philippe Signoret estime que sa joueuse a réalisé le meilleur match de sa carrière. « Merci à lui dire de dire ça, » sourit Aumard. « Étant donné les résultats récents de mon adversaire et l'enjeu, je suis d'accord. J'ai puisé ma force dans mon expérience car j'avais déjà vécu cette situation. Je savais pourquoi j'étais là, j'ai accepté ce défi sans retenue et je pense que c’est pour ça que j'ai bien joué. » 

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Pour les joueuses de l'équipe de France, la victoire de Coline Aumard face à la Malaisie est l'image forte de ce championnat du monde (Crédits photo : SquashTV)

Dominatrice, Aumard se procure deux balles de match à 10-8 dans le quatrième jeu. « Je me souviens avoir regardé cette balle, qui n'a jamais atteint le mur frontal. Je me suis accroupie et j'ai fermé les yeux, afin de bien me rendre compte que je venais d’apporter le point qui nous envoyait en demi-finale. » À peine quelques secondes plus tard, elle est rejointe sur le court par un staff et des joueuses en pleine euphorie, dont Énora Villard. « Coline à genoux, et toute l'équipe qui rentre sur le court en chantant, on n'est pas prêt de l'oublier celle-là ! » 

 

PLUS QU'UNE ÉQUIPE

Cinq finales consécutives à l'échelle continentale, et désormais deux médailles de bronze de suite du championnat du monde : grâce à cette génération, le squash féminin tricolore est tout en haut de la pyramide du squash international. « Nous prenons petit à petit conscience de ce que nous avons réalisé, c'est énorme ! » indique Camille Serme. « Je suis fière de faire partie de cette équipe. » Et pourtant ce n'était pas gagné d'avance, notamment en raison d'une concurrence en hausse qui avait placé les Bleues en position de têtes de série n°6. « On savait que le podium était à notre portée, mais qu’on allait devoir se battre pour aller l'obtenir, » ajoute Coline Aumard.

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La solidarité est l'un des atouts des Bleues (Crédit photo : Les Bleues du Squash Destination Chine)

« Cette médaille, c'est avec le cœur qu'on est allées la chercher, » affirme Énora Villard. « On a un avantage par rapport à certaines autres équipes : on se connaît très bien, on travaille ensemble depuis longtemps, et on est accompagnées par un entraîneur qui nous suit depuis de nombreuses années. Il sait comment nous parler dans les bons comme dans les mauvais moments. » Même si elle n'a pas disputé les rencontres de la phase éliminatoire, Villard était évidemment « à 200 % derrière mes coéquipières ! Même quand on ne rentre pas sur le court, il y a plein de choses que l'on peut essayer de faire pour apporter du positif. »

 

LE MÉTIER QUI RENTRE

Même si l'équipe avait été renouvelée à 50 % par rapport à 2016, elle a pu s'appuyer sur la grande expérience de Coline Aumard et Camille Serme, qui disputaient respectivement leurs sixième et septième championnat du monde. « J'ai vraiment pu apprendre d'elles pendant la compétition, » confie Alves. « Elles se sont comportées en championnes. » Dans les rencontres les plus importantes, la Guyanaise a tenu le rôle délicat de n°3, avec des matches qui peuvent être sans enjeu ou décisifs. « Pour une première participation, c'est déjà bien d’être sur la feuille de match, » précise-t-elle. « Il faut être parée à toute éventualité, et j'ai donné le meilleur de moi-même à chaque fois. J’aurai aimé apporté la victoire à l'équipe en demi-finale, mais la marche est encore trop haute. C'était la première fois que j'affrontais une joueuse du top 10 mondial (NDLR : l'Anglaise Alison Waters), et l’expérience acquise comptera pour les prochains championnats. Ça permet de se rendre compte des choses à travailler pour atteindre ce niveau. » De son côté, Énora Villard a « essayé de profiter de chaque moment, sur le court et en dehors : découvrir un nouveau pays, se retrouver au milieu des meilleures joueuses au monde, défendre les couleurs de la France, repartir de plus belle après une défaite, partager tous ces moments avec des coéquipières – qui sont aussi des amies dans la vie – et notre staff, et enfin repartir avec une médaille : je n'aurais pas pu rêver mieux, même si on n'était pas si loin des Anglaises en demi-finale (rires) … » Même si elle n'a plus été alignée après les poules, la diplômée de Sciences Po a appris « pas mal de choses, que ce soit sur mon jeu ou mon état d'esprit. J'aurais adoré disputer les rencontres décisives, mais j'étais moins déçue par la décision que par mon niveau de jeu en poule. Mes matches contre la Chine et l'Inde n'étaient pourtant pas très difficiles, mais je n'ai pas réussi à me libérer : jouer pour l'équipe de France au championnat du monde, c'est une toute autre pression que lorsqu'on évolue sur le circuit individuel ! Mais j'ai pris du recul, et je vais tout faire pour montrer que je serai capable d'assumer cette responsabilité dans le futur. » 

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C'était leur première expérience dans cette compétition, et Mélissa Alves et Énora Villard estiment avoir beaucoup appris (Crédit photo : Les Bleues du Squash Destination Chine)

 

RETOUR À LA RÉALITÉ

Pas le temps de savourer : quelques heures après leur exploit, les Bleues se sont séparées et ont repris leur quotidien sur le circuit individuel. Après une tournée Asiatique « très réussie, » dixit Philippe Signoret, Camille Serme et son entraîneur sont rentrées en France pour préparer les tournois Américains, notamment le NetSuite Open qui débute jeudi à San Francisco. « Je ne suis pas encore au top de ma forme, mais ce début de saison est très positif, » confie la numéro 5 mondiale. « Le choix d’aller disputer un tournoi exhibition à Seattle plutôt que le championnat d’Europe m’a permis de prendre du rythme contre des filles du top 5. » Afin de continuer à avancer et d'atteindre ses objectifs ultimes – la place de n°1 mondiale et le titre de championne du monde - Serme cherche constamment des solutions en compagnie de son coach. « C'est important de se remettre en question et d’évoluer avec son sport. J’adore le fait d’avoir plusieurs outils et de devoir adapter sa tactique à chaque joueuse, on ne s’ennuie jamais ! Mais l'expérience vécue la saison passée nous a aussi appris qu’il est essentiel de conserver ses points forts et son identité sur le court. » Pendant ce temps, deux de ses coéquipières s'envolaient pour Hong Kong, afin de disputer le HKFC International la semaine dernière. Coline Aumard n'en gardera pas un souvenir impérissable : victime d'une violente collision avec la Malaisienne Rachel Arnold en quart de finale, elle a dû abandonner et même être transportée à l'hôpital. Après une nuit en observation, les examens se sont avérés rassurants, et la Française sera donc bien présente à San Francisco. L'occasion de mettre ce contretemps derrière elle, et de confirmer son excellent de début de saison. « Je savoure ces deux médailles internationales (NDLR : elle avait remporté l'argent au championnat d'Europe individuel début septembre). J'ai eu une saison 2017-2018 compliquée, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel, mais je n’ai rien lâché et j'ai su me relever. » Depuis septembre 2017, Aumard a rejoint son compagnon (le joueur professionnel Adam Auckland) à Nottingham, où elle a mis « de nouvelles choses en place. J'avais besoin de me remettre en question, et les personnes bienveillantes et exigeantes qui m’entourent dans mon quotidien depuis un an me permettent d'avancer. »

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Pour leur retour sur le circuit, Alves, Aumard et Villard ont connu des fortunes diverses la semaine dernière (Crédits photo : SquashSite, NASH Cup)

De son côté, Énora Villard avoue avoir connu un « petit coup de blues. Quand ce genre de compétition s'achève, c'est dur de se remobiliser : la pression qui retombe, la fatigue engendrée par toutes ces émotions fortes, la séparation de l'équipe etc. Mais je n'ai pas eu le temps de me laisser aller, car je suis partie de Dalian le lundi et mon premier tour à Hong-Kong était le mardi. » Opposée à la talentueuse Égyptienne Zeina Mickawy (37ème mondiale, soit 26 places devant elle), la Française estime avoir un fait bon match malgré la défaite. « J'ai eu plusieurs occasions de remporter le troisième jeu, que je n'ai pas réussi à concrétiser. C'est encore un match plein d'enseignements, qui m'a redonné confiance sur mon niveau de jeu après le championnat du monde. » Pour Mélissa Alves, l'après championnat du monde a pris une tournure inattendue. Alors qu'elle s'apprêtait à rentrer en France, la Guyanaise a été contactée à la dernière minute pour participer à la Nash Cup (18 000 $) au Canada. « Une aubaine pour elle, » précise Signoret, « car avec le nouveau règlement de la PSA c'est compliqué pour les joueuses qui se lancent sur le circuit d'intégrer les tableaux. » Malgré les 30 heures de voyage, Alves (202ème mondiale) n'a pas laissée passer cette opportunité, en atteignant les quarts de finale grâce à deux victoires sur des joueuses mieux classées (dont la Canadienne Nikki Todd, 52ème). « C'est une excellente opération en vue du classement, Mélissa devrait gagner plus de 60 places, » indique son entraîneur au pôle France à Créteil. « Mais ce n'est qu'une étape ... » La prochaine pour elle, ce sera au Pakistan à la mi-octobre. « Faire tous ces kilomètres, d'autres joueuses l’ont fait avant moi et il faut en passer par là. Mais j'espère monter au classement assez rapidement et avoir l'opportunité de disputer les plus beaux tournois au monde. » 

 

UNE HISTOIRE D'AMOUR

Quelque chose s'était passé à Issy-les-Moulineaux en 2016, et depuis on a continué à le constater : oui, le squash Français aime son équipe féminine. « On reçoit énormément de messages de soutien et d’encouragement, c’est très touchant, » confie Camille Serme. Pour Coline Aumard, c'est « une source de motivation irremplaçable. J'essaie de prendre le temps d'y répondre et de partager le maximum de choses avec les gens. J'estime que c'est une chance de bénéficier de ce soutien, dans la victoire comme dans la défaite. » Quand on lui parle de la bonne image des Bleues, Énora Villard indique que ce n'est pas « quelque chose de construit ou de faux, sinon ça ne marcherait pas. On est des filles sérieuses, humbles, engagées dans ce que nous faisons et reconnaissantes envers les personnes qui nous permettent d'être là où on est aujourd'hui. Je pense aussi que notre cohésion et notre bonne humeur renvoient quelque chose de positif. » « Sur le court, on est concentrées sur nous-mêmes, mais une fois le match terminé on pense aux coéquipières, au staff, et aux supporters. Cette médaille c’est aussi la leur, la vôtre ! » Le mot de la fin pour Coline Aumard : « On espère que l’équipe de France vous a fait vibrer, et vous pouvez compter sur nous pour aller encore plus loin ... »

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Un lien s'est forgé avec le public il y a deux ans à Paris, et il n'a fait que se renforcer depuis (Crédit photo : Zoom92130)

 

Retrouvez notre entretien avec l'entraîneur de l'équipe de France Philippe Signoret, paru la semaine dernière : PHILIPPE SIGNORET : « AMENER LE SQUASH FÉMININ FRANÇAIS À CE NIVEAU ÉTAIT UN VRAI DÉFI »

Camille Serme et Coline Aumard disputent le NetSuite Open (88 000 $) cette semaine à San Francisco. Coïncidence : Aumard affronte Olivia Blatchford en 1/16è de finale (dans la nuit de jeudi à vendredi, 4h du matin en France), alors que Serme devrait normalement retrouver Amanda Sobhy en 1/8è (samedi à 2 heures). Les deux joueuses Américaines les avaient battues en Chine lors de la rencontre de poule ... SquashTV diffuse les matches à partir des quarts de finale, mais il y aura peut-être un streaming sur les courts annexes comme c'est souvent le cas.

 

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