Il  y aura deux favoris logiques à Bordeaux Nord. Chez les hommes, Grégoire Marche est en quête d'un quatrième sacre, alors que dans le tableau féminin Mélissa Alves tentera de profiter de l'absence de Camille Serme pour inscrire son nom au palmarès pour la première fois. Présentation.

Article de Jérôme Elhaïk

UNE DOTATION EN HAUSSE. Vice-président de la FFSquash, Dominique Fontanon est impliqué dans l'organisation du championnat de France Élite depuis de nombreuses années. « Notre volonté est de valoriser davantage cette compétition, qui est une vitrine, » indique celui qui est également responsable du secteur performance. « Ça concerne en premier lieu les athlètes, et c'est pourquoi nous avons fortement augmenté la dotation cette année, qui est passée de 6 000 euros à 14 000 euros répartis de manière égale chez les hommes chez les femmes. Certains avaient envisagé de disputer un tournoi circuit international, mais ils ont fait le calcul et c'est finalement plus intéressant pour eux de venir à Bordeaux. En contrepartie, la Fédération ne prend plus en charge l'hébergement et la restauration pour les participants, et on s'aperçoit que ce sont leurs clubs, dont ils portent les couleurs, qui couvrent ces frais. Par conséquent, cette formule semble représenter un meilleur équilibre pour tout le monde. On est contents car même s'il y a quelques absents, les tableaux seront relevés avec un mélange de joueurs et joueuses d'expérience et de jeunes qui veulent faire leurs preuves. »

Dominique Fontanon (à droite, en compagnie de Grégory Gaultier lors de l'annonce de la retraite de l'ancien numéro 1 mondial) participe à l'organisation du championnat de France Élite depuis de nombreuses années (Crédit photo : RM Club Mauritius)

TOURNÉS VERS L'AVENIR. Après trois éditions à Vendargues de 2017 à 2019, le championnat de France Élite achèvera un mandat de trois au SquashBad33 de Bordeaux Nord. « Nous en sommes très satisfaits, c'est un club qui a un certain savoir-faire en matière d'organisation d'évènements. À l'avenir, l'objectif est de continuer à monter en puissance, avec notamment la possibilité d'installer un court vitré en dehors des quatre murs d'un club de squash. Il y a également la perspective de l'ouverture du Centre Fédéral à Joinville, mais ce sera sans doute un peu juste pour 2023. Si des clubs souhaitent organiser cette compétition, nous les invitons bien évidemment à se manifester. »

UNE SEMAINE CHARGÉE. Cette semaine Bordelaise sera un grand rendez-vous pour le monde du squash hexagonal, à plus d'un titre : en marge du championnat de France Élite se dérouleront le championnat de France Interligues -15 ans (voir ci-dessous), ainsi qu'une réunion du conseil fédéral. Ce dernier est composé des 16 membres du ComEx (comité exécutif), du représentant des clubs affiliés et des représentants des ligues. « C'est une belle opportunité de se rassembler, » indique Dominique Fontanon, qui a lui même été longtemps président de la Ligue Occitanie. « Parmi les sujets que nous aborderons, il y a entre autres le Projet de Performance Fédéral (PPF) auquel de nombreuses personnes ont contribué, par exemple le DTN adjoint Jean-Marc Pocholle et Serge Parbaud pour le côté statistique. »

UN DERNIER CARRÉ ALLÉCHANT. Tenant du titre et en quête d'un quatrième sacre national (après 2014, 2019 et 2021), le numéro 1 Français aborde la compétition avec quelques certitudes. « Greg a connu quelques déconvenues dans cette épreuve dans le passé, mais il n'est plus le même joueur aujourd'hui, » estime Renan Lavigne. « Compte tenu de sa solidité et de sa régularité, il est au-dessus sur le papier et est le favori logique. Sa priorité actuelle est certes d'atteindre le top 10 mondial, cependant rien dans sa préparation récente n'indique qu'il va prendre le championnat de France Élite à la lègère. » Les principaux challengers du chef du file du squash Tricolore sont trois joueurs classés entre la 30ème et la 40ème place mondiale (NDLR : au nouveau classement qui sera publié demain): Auguste Dussourd (n°5 français), auteur d'une très beau deuxième semestre 2021, Lucas Serme (n°4), lauréat en 2017 et 2020 (« il est toujours au rendez-vous dans cette compétition, » témoigne l'entraîneur national), et Sébastien Bonmalais (n°6), qui vient de confirmer ses belles dispositions actuelles en battant Patrick Rooney à Détroit.

Grégoire Marche (à droite, ici lors de sa finale victorieuse face à Mathieu Castagnet l'an dernier) sera le grand favori à Bordeaux (Crédit photo : Pierre-André Loaëc) 

Têtes de série 5/8, Edwin Clain (n°9), Toufik Mekhalfi (n°10) et Manuel Paquemar (n°11) seront protégés au premier tour. Lorsqu'on lui demande s'il les voit inquiéter les favoris en quart de finale, Renan Lavigne est explicite. « Non seulement ils peuvent, mais il doivent ! Au cours des dernières semaines, nous avons eu des entretiens individuels avec tous les joueurs, en compagnie du directeur technique national, pour faire le point sur la situation de chacun. On attend un peu plus d'eux, et j'espère qu'ils attendent aussi un peu plus d'eux-mêmes. Se fixer des objectifs est une chose, néanmoins il faut se donner véritablement les moyens de les atteindre. » On constate depuis quelques années un rajeunissement des participants au championnat de France Élite, et sept joueurs parmi les huit têtes de série 9/16 auront 19 ans et moins à Bordeaux. « Ils ont les dents longues, mais pour eux la possiblité de se qualifier pour les quarts de finale dépend évidemment du tirage, » indique Renan Lavigne. « S'ils tombaient sur un Greg Marche par exemple, ce serait évidemment mission impossible. »

QUELQUES ABSENTS. Même si le tableau masculin sera relevé à Bordeaux, on note quelques absences notables. Médaillé de bronze l'an passé, Baptiste Masotti (n°2 français) se remet d'une blessure au mollet. « Il est en phase de réathlétisation, il travaille bien et dans les temps de passage, » indique Renan Lavigne, qui l'entraîne au pôle France à Aix-en-Provence. « Même s'il ne sera sans doute pas encore à 100 %, il effectuera son retour au Windy City Open à Chicago. Je ne sais pas si c'est un mal pour un bien étant donné qu'il avait beaucoup joué depuis le début de la saison, mais en tous les cas il a bien réagi après cette blessure. Baptiste est désormais dans le top 20 mondial, il est conscient qu'il doit être encore plus pro et ne rien laisser au hasard. » Alors que le jeune Paul Gonzalez (n°15) est également convalescent, et que Benjamin Aubert (n°8) est toujours en délicatesse avec son pied opéré au printemps 2021, Mathieu Castagnet (n°7) a choisi de ne pas surcharger son programme et de privilégier les tournois PSA, lui qui dispute sans doute sa dernière saison. Enfin, Victor Crouin effectue la dernière année de son cursus à Harvard, où la saison de squash universitaire bat son plein. À 22 ans, il aura d'autres occasions de réparer une anomalie, à savoir n'avoir jamais atteint le dernier carré du championnat de France Élite.

LES EUROPE EN LIGNES DE MIRE. Le championnat de France Élite est-il l'occasion de faire une revue d'effectif en vue de prochaine sélection ? « Le plus important, ce sont les résultats sur le circuit international, » tempère Renan Lavigne. « Néanmoins, cette épreuve est une occasion de prendre des informations, par exemple au niveau de l'attitude des joueurs. » La dernière compétition internationale par équipe remonte à décembre 2019, la faute à la crise sanitaire ainsi qu'à des problèmes politiques ayant entraîné l'annulation des mondiaux en décembre. Autant dire que Renan Lavigne et ses hommes attendent le championnat d'Europe (à Eindhoven, du 27 au 30 avril) avec impatience. « On a envie d'en découdre, d'autant qu'on avait connu une déconvenue lors de la dernière édition, » confie celui qui a longtemps porté le maillot des Bleus avant d'en devenir l'entraîneur. « Avec trois joueurs dans le top 20 mondial, nous aurons évidemment des ambitions. Mais on ne sait pas ce qui peut se passer d'ici là, par exemple des blessures, d'autant que le calendrier est très chargé d'ici là. » C'est un euphémisme puisque le Tournament of Champions débutera le dimanche 1er mai, soit le lendemain de l'épilogue du championnat d'Europe ! « Ça pose un vrai problème, et ça montre un manque de communication entre nos instances, » regrette l'ancien numéro 17 mondial. « Il n'y a qu'un européen dans le top 10 aujourd'hui, à l'époque où Grégory Gaultier ou Nick Matthew étaient encore sur le circuit la donne aurait sans doute été différente. On peut néanmoins imaginer que les joueurs vont privilégier leur équipe nationale, d'autant que le ToC est un Gold cette année, et qu'il y a beaucoup d'autres tournois de cette catégorie dans les prochaines semaines. » Renan Lavigne est dans une position plus confortable que la plupart de ses collègues : avec 8 éléments dans le top 60 mondial, sans oublier le jeune retraité Grégory Gaultier, l'entraîneur national a l'embarras du choix ...

Liste des participants : Grégoire Marche (Annecy Squash, tête de série 1), Lucas Serme (Annecy Squash, TS2), Auguste Dussourd (US Créteil Squash, TS3/4), Sébastien Bonmalais (Mulhouse Squash Club, TS3/4), Edwin Clain (US Créteil Squash, TS5/8), Toufik Mekhalfi (Tennis Squash Badminton de Valenciennes, TS5/8), Manuel Paquemar (US Créteil Squash, TS5/8), Johan Bouquet (Paris Université Club, TS5/8), Fabrice Mattei (Mezzavia Squash Club, TS9/16), Macéo Lévy (AS Squash Royannais, TS9/16), Baptiste Bouin (Association Squash Rochelais, TS9/16), Brice Nicolas (Mulhouse Squash Club, TS9/16, qualifié), Joshua Jacques Phinera (Paris Université Club, TS9/16, qualifié), Melvil Scianimanico (Squash des Volcans, TS9/16, qualifié), Laouenan Loaëc (Squash Club de Brest, TS9/16, qualifié), Antonin Romieu (Squash Loisirs Balagne, TS9/16, qualifié)

UNE NOUVELLE CHAMPIONNE DE FRANCE. Avec les absences conjuguées de Camille Serme et Coline Aumard (voir ci-dessous), on sait déjà qu'une nouvelle championne de France sera sacrée dimanche après-midi à Bordeaux. Après trois médailles d'argent consécutives, Mélissa Alves (n°2 française) est la favorite logique de cette édition 2021-2022. Elle a connu un superbe début de saison qui l'a emmené dans le top 20 mondial, avant de se blesser au pied à la mi-novembre. « Elle a effectué sa rééducation à Clermont-Ferrand, auprès du kiné du centre de formation du club de Clermont Foot, et aujourd'hui elle ne ressent plus de douleur, » explique l'entraîneur national Philippe Signoret (NDLR : la Guyanaise partage son temps entre le massif Central, où elle s'entraîne aux côtés de Christophe Carrouget, et le pôle France de Créteil). « Elle sera la favorite logique, même si Énora Villard rejoue à un bon niveau en ce moment après avoir elle-même connu quelques blessures, et que Marie Stéphan a prouvé récemment qu'elle avait un niveau top 50 mondial. » Respectivement n°4 et 5 françaises, ces deux joueuses se croiseront peut-être en Gironde, en fonction du tirage au sort. « C'est plutôt Marie qui l'attend avec une certaine impatience, car en tant que tête de série n°2 Énora est assurée de ne pas jouer Mélissa avant la finale, » témoigne celui qui les entraîne au quotidien au pôle France. « Pour l'intérêt de la compétition, ce serait évidemment idéal qu'elles s'affrontent en demi-finale, et que la gagnante retrouve Mélissa samedi. »

L'absence de Camille Serme fait de Mélissa Alves (à gauche) la favorite incontestable du tableau féminin (Crédit photo : Mikphotos)

Après une belle cinquième place l'an dernier, Léa Barbeau a confirmé sa progression et atteint le septième rang français. Son statut de tête de série n°4 lui permettra d'être relativement protégée à Bordeaux et d'ambitionner une première présence dans le dernier carré, à condition de tenir son rang en quart de finale face à Élise Romba (n°8), Ninon Lemarchand (n°10), Kara Lincou (n°12) ou Ana Munos (n°13). Quant au premier tour, il est généralement sans surprise dans le tableau féminin (lors des deux dernières éditions, les huit matches s'étaient tous joués en trois jeux en faveur de la joueuse la mieux classée). On aura néanmoins un œil attentif sur les prestations des jeunes Rose Lucas-Marcuzzo et Inès Guyot, âgées de moins de 17 ans.

DES ABSENTES DE MARQUE. Absente depuis le mois de septembre en raison d'une blessure au tendon d'Achille, Camille Serme a malheureusement rechuté il y a quelques jours alors qu'elle était sur le point de retrouver la compétition. « Elle va subir une opération, le point positif étant qu'elle n'est pas compliquée et offre la perspective d'un rétablissement garanti, » indique son entraîneur Philippe Signoret à propos de celle qui a remporté douze fois le championnat de France Élite, un record. « Elle s'était posée pas mal de questions après sa première blessure, néanmoins le fait de retrouver un bon niveau et du plaisir à l'entraînement l'avait reboostée. Elle n'a pas l'air trop abattue, et je pense qu'elle ne veut pas arrêter sa carrière comme ça. Mais la priorité est sa santé, et on ne se projette pas trop dans l'avenir pour l'instant. » D'autres joueuses ne seront pas de la partie au SquashBad33 : la Franco-Suisse Ambre Allinckx (n°6) et Coline Aumard (n°3). Sacrée en 2017 en l'absence de Camille Serme, elle est actuellement blessée au genou et son retour en compétition n'est pas prévu avant le début du mois d'avril. De quoi faire cogiter Philippe Signoret avant les championnats d'Europe par équipe, programmés du 27 au 30 avril à Eindhoven ...

LES EUROPE EN LIGNE DE MIRE (BIS). Si Coline Aumard n'était pas en mesure de tenir sa place, l'entraîneur Tricolore devrait en effet faire appel à une novice, derrière Mélissa Alves, Énora Villard et Marie Stéphan. « Avec les blessures, on se rend d'autant plus compte de l'insuffisance de la relève mais on savait que ça allait arriver tôt ou tard, » confie Philippe Signoret. « Une sélection peut néanmoins servir de déclic. En 2008, Coline Aumard avait remplacée Isabelle Stoehr blessée, alors qu'elle était encore un peu juste à ce niveau, cependant par la suite elle est devenue un élément incontournable de l'équipe. Les championnats de France Élite ne seront pas forcément décisifs dans ma réflexion, car je me déplace beaucoup sur les tournois nationaux et je connais les joueuses. Sur ce que j'ai vu récemment au national de Nîmes, Léa Barbeau et Ella Galova (NDLR : la jeune Slovaque n'est pas autorisée à participer au championnat de France Élite, mais est désormais sélectionnable en équipe de France) ont une longueur d'avance sur les autres. Même si Coline ne pouvait pas être présente, le trio Mélissa/Énora/Marie tient la route, et je pense que nous sommes supérieures à la majeure partie des nations Européennes sur le poste de n°3. Pour battre des équipes comme le Pays de Galles ou la Belgique, nous aurons cependant besoin qu'au moins l'une des deux autres réalise une grosse performance. C'était une chance d'avoir une joueuse comme Camille Serme en n°1 depuis toutes ces années, et Mélissa Alves va se rendre compte de l'ampleur de la tâche (rires) ... »

Liste des participantes : Mélissa Alves (US Créteil Squash, tête de série 1), Énora Villard (US Créteil Squash, TS2), Marie Stéphan (US Créteil Squash, TS3/4), Léa Barbeau (Mulhouse Squash Club, TS3/4), Élise Romba (US Créteil Squash, TS5/8), Ninon Lemarchand (Annecy Squash, TS5/8), Kara Lincou (Association Squash Paradis, TS5/8), Ana Munos (Tennis et Squash Club de Kourou, TS5/8), Océane Michelot (AS Squash 95, TS9/16), Rose Lucas-Marcuzzo (Niort Squash Club, TS9/16), Ombeline Parbaud (AS du Squash Club de Valence, TS9/16), Inès Guyot (AS Squash 95, TS9/16, qualifiée), Amandine Goblet (Squash des Volcans, TS9/16, qualifiée), Mélissa Mebarek (Squash Loisirs Balagne, TS9/16, qualifiée), Hénora Lanieu (TSB Jarville, TS9/16, qualifiée), Claire Garden (Association Squash des Cèdres, TS9/16, qualifiée)

Cette nouvelle formule aurait déjà dû être mise en place en 2021, mais la crise sanitaire était passée par là : le championnat de France Interligues -15 ans se déroulera de vendredi à dimanche à Bordeaux Nord, parallèlement au championnat de France Élite. « Notre volonté est que les jeunes côtoient les meilleurs joueurs et joueuses Français, » explique Dominique Fontanon. « Ils pourront les regarder jouer, néanmoins c'est encore mieux de pouvoir parler avec eux et c'est pourquoi nous allons organiser des temps dédiés aux partages d'expérience. »

Lauréats des trois éditions du championnat de France Interligues jeunes depuis la mise en place de la nouvelle formule, dont la dernière en 2020 à Chartres, l'Île-de-France tentera de récidiver à Bordeaux (Crédit photo : Association Squash Badminton de Chartres)

Dix équipes, représentant 7 ligues, seront présentes en Gironde, une belle satisfaction dans le contexte actuel. Depuis que la formule des Interligues a changé en 2018 (une équipe est composée d'un garçon -15 ans, un garçon -13, un garçon -11, une fille -15 et une fille -13), l'Île-de-France a s'est imposée deux fois sur trois. Ils seront encore favoris cette année, forts de la présence de trois champions de France dans leurs rangs (Éthan Lecordier, Sarah Guyot et Maël Daujon). Leurs principaux challengers seront les formations de la Réunion et d'Auvergne Rhône-Alpes, alors que la deuxième équipe d'Île-de-France aura un rôle à jouer.

Le championnat de France Interligues -15 ans se déroule de vendredi à dimanche, suivez les résultats sur squashnet