Après son gros combat en demi-finale face à Énora Villard, Marie Stéphan n'avait pas les armes pour lutter avec la tête de série n°1 et s'est inclinée 3 jeux à 0.

Article de Jérôme Elhaïk

Pendant trois jours, le club du Art'Sport Café a accueilli son premier tournoi international, intitulé Le Havre PSA Challenger 2021 (6 000 $, réservé aux joueuses résidant en France en raison de la situation sanitaire). Le tableau n'avait accouché d'aucune surprise jusqu'aux demi-finales, où Marie Stéphan (n°80 mondiale) a réalisé une belle performance : menée 2 jeux à 0 par Énora Villard (n°48), elle a renversé le match pour s'imposer 11-9 dans un cinquième jeu très tendu. Moins de 24 heures plus tard, elle était opposée à la grande favorite de la compétition, Mélissa Alves (n°31), dans une finale 100 % Guyanaise.

Le début de la finale est à sens unique : certainement consciente de la différence de fraîcheur, Mélissa met beaucoup d'intention dans toutes ses frappes et prend constamment de vitesse son adversaire. Et comme ses choix en attaque sont tous couronnés de succès, cela donne un cinglant 11-0. Pas la meilleure manière de démarrer une finale lorsqu'on est outsider, néanmoins Marie Stéphan se fait violence en début de deuxième jeu. Un peu aidée par des fautes directes de Mélissa, elle prend un petit avantage (5-2). Mais la tête de série n°1 a senti le danger : elle serre de nouveau le jeu, et remporte 8 des 9 points suivants pour se procurer quatre balles de 2-0. La troisième sera la bonne (11-8), et la mission semble désormais impossible pour Marie Stéphan. Les points défilent dans le troisième jeu, et Mélissa Alves s'envole vers le titre (11-3).

Hormis en début de deuxième jeu, Mélissa Alves a constamment pris les devants dans cette finale face à Marie Stéphan (Crédit photo : Nicolas Barbeau) 

Le Havre PSA Challenger 2021 (6 000 $), finale :

[1] Mélissa Alves (FRA) bat [4] Marie Stéphan (FRA) : 3 jeux à 0 (11-0, 11-8, 11-3) en 20 minutes

Match à revoir sur la page Facebook du Art'Sport Café

C'est son septième sur le circuit international, et son troisième en France (après Créteil en 2018, et le Squash 95 au début de l'année). Dommage pour le spectacle que Marie Stéphan ait laissé trop de gomme en demi-finale pour pouvoir lui poser davantage de problèmes, mais n'oublions pas que Mélissa avait eu le mérite de conclure en 3 jeux face à Anna Serme, alors qu'elle était menée 10-7 dans la dernière manche. Prochain rendez-vous pour toutes ces joueuses, l'open de Bretzels 2021 (6 000 $, Challenger 10) le weekend prochain à Mulhouse. Mélissa Alves sera la favorite de ce tournoi ouvert aux pays limitrophes (présentation à lire mardi sur notre site), et un nouveau succès pourrait lui permettre d'intégrer le top 30 pour la première fois de sa carrière. Avant le retour du circuit principal : la PSA a annoncé il y a quelques jours qu'un tournoi Platinum aurait lieu au Black Ball Sporting Club à la mi-mars. 

De gauche à droite : Carine Savary (propriétaire du Art'Sport Café), Mélissa Alves (lauréate du Le Havre PSA Challenger 2021), Marie Stéphan (finaliste) et Christophe Billion (président de l'association Art Sport Evenement) (Crédit photo : Émeline Leudet)

Privé de déplacements sur le circuit international en raison des restrictions sanitaires, l'entraîneur national Philippe Signoret se console avec les tournois Challenger en France. Impressions.

« C'est vrai que la finale a été expéditive mais c'était compliqué pour Marie : sa demi-finale a été dure physiquement ainsi que sur le plan émotionnel et elle n'avait pas totalement récupéré. Mélissa était déjà favorite de ce match sur le papier, elle avait davantage de fraîcheur et le court assez froid lui convenait bien, avec ses balles descendantes et sa capacité à générer de la puissance. Elle avait donc toutes les cartes en main, et je suis satisfait de ce qu'elle a montré. Elle a appliqué les choses sur lesquelles on met l'accent depuis quelques mois à l'entraînement, principalement la précision. C'est une bonne chose car c'est le genre de match qui valide tout le travail que l'on fait : Mélissa est une fille très impatiente et peut avoir tendance à douter si ça ne fonctionne pas tout de suite. Concernant le prochain tournoi à Mulhouse, ça va changer d'avoir quelques joueuses étrangères et le tableau est intéressant. Pour le circuit principal, la tenue du Black Ball a en effet été officialisée il y a quelques jours, cependant les entraîneurs n'ont toujours pas le droit de se déplacer. Ça commence à faire long pour moi, mais aussi pour ma femme de m'avoir tout le temps sur le dos (rires) ... 

Philippe Signoret était satisfait de la prestation de Mélissa Alves en finale dimanche au Havre (Crédit photo : Malcolm Tullis)

Sur l'ensemble de la compétition, Ella Galova et Kara Lincou ont confirmé ce qu'elles avaient montré ces derniers temps, et qu'elles étaient en avance sur les autres jeunes (NDLR : elles se sont affrontées en finale du plateau des perdantes du premier tour du PSA, la première citée s'imposant en cinq jeux). Après le tournoi au Squash 95, j'avais dit qu'on observait chez elles une progression à chaque frappe de balle, et je le pense toujours. On sent qu'elles ont une véritable identité de jeu et c'est justement ce qui manque aux autres jeunes, qui se cherchent encore. »

Comme au Squash 95 début janvier, Mélissa Alves s'est imposée sans perdre un jeu.

« Je suis contente de ma finale, pas seulement du résultat mais aussi de la manière. J'ai appliqué ce qu'on travaille à l'entraînement avec Philippe (la précision, et avoir des bases plus solides dans mon jeu) et c'est bien que mes progrès se traduisent en match. Il faut aussi dire que tous les paramètres étaient de mon côté : j'étais plus fraiche que Marie qui avait eu une demi-finale très dure, et le court correspondait bien à mon jeu. J'ai fait quelques fautes en début de deuxième manche en voulant jouer trop vite devant, mais j'ai réussi à me reconcentrer tout de suite. Place maintenant au PSA de Mulhouse, il y a un tableau intéressant avec quelques joueuses que je n'ai jamais affrontées. En ce qui concerne le Black Ball Open et le retour des tournois majeurs, je n'ai qu'un mot à dire : enfin ! »